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Un photojournaliste franco-libanais à l’honneur à Perpignan « L’Extrême Moyen-Orient », de Patrick Baz (photos)

25 ans qu’il traîne ses boîtiers à travers le Moyen-Orient... Avec une attirance évidente pour les zones de conflits, de Beyrouth en guerre à Falloujah aux mains des insurgés, en passant par Jérusalem, Mogadiscio... Pour marquer le coup, pour rendre hommage à une carrière digne de ce nom, le Festival Visa pour l’image de Perpignan a décidé de consacrer une exposition spéciale, intitulée « Extrême Moyen-Orient », à Patrick Baz (photo à droite), photojournaliste franco-libanais, directeur régional de la photo à l’AFP. Lauréat du prix « Picture of the Year » en 1993, Patrick Baz, 42 ans, fait aujourd’hui entrer pour la première fois le Liban dans ce festival dédié aux professionnels de la photo de presse. Légitimement heureux de cette « reconnaissance de son travail », il nous emmène faire un tour de la profession. 50 % journaliste, 50 % photographe Ni uniquement photographe ni uniquement journaliste, le photojournaliste est un être hybride. « 50 % photographe, 50 % journaliste », explique Patrick Baz. « Nos photos doivent contenir de l’information et ne pas se contenter d’être esthétiques. Nous sommes là pour rapporter une histoire. Nous devons savoir en outre faire des photos dans des zones de danger. Un contexte dans lequel il faut pouvoir penser d’abord à la photo, à notre métier, et ensuite à nous-mêmes », explique cet habitué des théâtres violents. Après avoir fait ses premières armes chez lui, le Liban en guerre, il a mis en place le bureau photo de l’AFP à Jérusalem. Un séjour entrecoupé d’« escapades » d’un genre particulier : Sarajevo assiégée, l’Irak bombardé avec les insurgés de Falloujah ou dans un Humvee américain, la Somalie version Mad Max… De quoi recharger les batteries de ce photographe qui fonctionne à l’adrénaline. « Une photo vaut 600 mots » Qu’apporte une photo par rapport à un texte ? « L’être humain est plus enclin à mémoriser une image. Combien de personnes se souviennent d’un texte sur Falloujah et combien se souviennent d’une image prise là-bas. » Il n’en demeure pas moins que le texte apporte un complément d’informations. « Certes, mais certaines photos se suffisent à elles-mêmes. Les photos du débarquement en Normandie, lors de la Seconde Guerre mondiale, ont-elles encore besoin d’un texte ? Ne dit-on pas, dans certains cas, qu’une photo vaut 600 mots. » Une illustration ou un bouche-trou La photo est-elle assez mise en valeur par la presse libanaise ? « Au Liban, la photographie est soit un moyen d’illustrer un article, soit un moyen de combler un blanc dans une maquette. On entend souvent que les photographes locaux ne sont pas à niveau. Le problème est qu’on ne leur donne pas la chance de l’être. Les médias libanais ne disposent pas d’un vrai service photo, d’un éditeur photo. Le Liban manque d’école, de culture photojournaliste. » De l’esthétique dans la mort Pour un photojournaliste de guerre, existe-t-il encore une place pour l’esthétique ? « Mon objectif est de rendre une photo visuellement attirante. Si je fais un gros plan sur un cadavre à Falloujah, personne ne va publier une telle photo. Esthétique signifie alors faire comprendre ce qui se passe, attirer le regard du lecteur, le marquer, mais sans le dégoûter. Le dégoût lui ferait simplement tourner la page. » Push Here Dummy Avec l’avènement du téléphone portable preneur d’images, la place du photojournaliste a évolué. Les photos des attentats dans le métro londonien, le 7 juillet dernier, sont le fait de passants munis de téléphones portables. Des photos qui ont fait des doubles pages dans des magazines comme Paris Match. « Il faut différencier les photos du document. L’image prise avec un téléphone portable, celles des prisonniers irakiens d’Abou Ghraib – un grand moment du photojournalisme d’ailleurs – sont un document. Après lequel nous courrons. Dans certaines situations, comme l’Irak, il n’est également plus possible, étant donné les risques encourus, pour les photojournalistes d’aller sur le terrain. Alors, nous dotons des employés irakiens d’appareils numériques pour qu’ils nous rapportent des documents. L’utilisation de ces appareils étant particulièrement simple, nous les avons baptisés, par dérision, les PHD, les Push Here Dummy. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons montrer, pour faire la différence, ce qu’est un photojournaliste. À savoir, notre capacité à transmettre dans nos images une information de qualité et à travailler sur des histoires suivies… » Du papier glacé à l’écran LCD Si les médias occidentaux accordent de plus en plus d’importance à la photo, les sites Internet ont fait entrer le photojournalisme dans une nouvelle ère. « Ma génération a encore l’habitude de voir les photos dans les journaux, sur papier glacé. Mais la nouvelle génération commence à s’habituer à regarder les photos sur un écran d’ordinateur. Avec ce nouveau médium, un nouveau monde s’ouvre à nous. » E. S. *** Mabvuku, Zimbabwe, janvier 2001 Quoi de plus symbolique d’un continent qui se meure que la photo de cette vieille femme regardant son petit-fils se laisser emporter par le sida. En raison des ravages de ce virus, il n’est pas rare de voir un grand-père, ou une grand-mère être chargés de l’éducatoin de leurs petits-enfants. Avec cet enfant, c’est l’avenir de l’Afrique qui disparaît. Kristen Ashburn est la lauréate du prix Canon décerné par l’Association des femmes journalistes en 2004 ** Petite erreur de camouflage pour ce soldat américain du premier bataillon du 24e régiment d’infanterie en position derrière le mur peint d’une école à Mossoul, à 370 kilomètres au nord de Bagdad. Âgé de seulement 29 ans, Mauricio Lima couvre, depuis novembre 2003, la guerre d’Irak pour l’AFP. ** Téhéran, novembre 2004 Des Iraniennes, on ne voit généralement, dans les régions conservatrices, qu’une paire d’yeux. À Téhéran, elles nous surprennent un peu plus chaque année, en relevant l’ourlet de leurs manteaux, en rejetant un peu plus loin sur leur chignon leur voile, en maquillant leurs yeux, eu rougissant leurs lèvres. Rarement, a-t-on néanmoins l’occasion de les voir l’arme au poing, comme ces policières s’entraînant à l’académie de police de Téhéran. Alexandra Boulat, auteure de cette photo, et Caroline Mangez, journaliste à Paris Match, ont travaillé sur les femmes de l’axe du mal, à savoir les Iraniennes, les Afghanes et les Irakiennes.

25 ans qu’il traîne ses boîtiers à travers le Moyen-Orient... Avec une attirance évidente pour les zones de conflits, de Beyrouth en guerre à Falloujah aux mains des insurgés, en passant par Jérusalem, Mogadiscio... Pour marquer le coup, pour rendre hommage à une carrière digne de ce nom, le Festival Visa pour l’image de Perpignan a décidé de consacrer une exposition spéciale,...