Lettre ouverte aux colons de Gaza

Demain, ceux d’entre vous qui n’auront pas quitté la bande de Gaza de leur propre gré seront évacués de force par l’armée israélienne, sous l’ordre direct de votre Premier ministre Ariel Sharon. Demain, c’est le jour J pour les Palestiniens et un jour noir pour les colons de Gaza. Vous serez 8 000 à quitter des terres qui n’ont jamais été vôtres. Vous serez éloignés de force des maisons qui vous ont abrités, des jardins que vous avez cultivés, des rêves que vos dirigeants vous ont permis d’avoir, il y a 38 ans déjà. Le même Sharon, autrefois qualifié de « champion de la colonisation », est désormais devenu, sans regret, le maître de l’évacuation. Aujourd’hui Gaza, demain Jérusalem ? Inchallah ! Il faut dire que je n’ai jamais été une partisane de votre « cause », mais j’avoue que je ressens une certaine compassion envers votre situation. Je vous comprends parce que votre révolte me rappelle celle des réfugiés palestiniens de 48 et de 67... Vous en souvenez-vous ? Plusieurs millions d’entre eux vivent aujourd’hui éparpillés dans de misérables ghettos entre la Jordanie, la Syrie et le Liban. Mais vous, vous n’aurez rien à craindre. Indemnisés, vous serez logés dans des demeures encore plus confortables dans la même terre que celle qui vous a été « promise ». Question, entre parenthèses : Garderez-vous, vous aussi, les clés des maisons desquelles on vous a chassés ? Demanderez-vous, vous aussi, un droit au retour à Goush Katif ou à Neve Dekalim ? Samedi, Gaza a connu son dernier Shabbat. Demain, elle sera de nouveau palestinienne, comme elle l’était il y a 38 ans déjà. Rania MASSOUD