Salzbourg Marc Minkowski impose le Mozart de 14 ans(photo)

Le chef français Marc Minkowski à la tête de son ensemble sur instruments anciens des Musiciens du Louvre et de Grenoble, fait applaudir avec enthousiasme cet été le public du Festival de Salzbourg à la partition composée par Mozart à 14 ans pour son opéra Mithridate, inspiré de la tragédie de Racine Mithridate. En dépit d’une mise en scène aux effets appuyés, des décors et des costumes à la mode du jour, davantage provocateurs que nécessaires, le succès est au rendez-vous depuis le 28 juillet pour cette production, grâce à une direction musicale qui met en évidence la richesse des sonorités et la nervosité de l’écriture instrumentale. La distribution, homogène, soucieuse de style, notamment avec le ténor américain Richard Croft (le roi du Pont Mithridate) et le contre-ténor Bejun Mehta (Farnace, un des deux fils du roi, opposés pour le pouvoir et l’amour), exprime bien la passion et le feu chez les protagonistes, traités selon les règles rigoureuses de l’opéra seria. Le compositeur dont c’était, dans le genre, le premier essai couronné par un succès, lors de son séjour en Italie de 1770, s’y est conformé avec un indescriptible élan parfaitement adapté aux débordements des vocalises du bel canto. Ce Mithridate salzbourgeois 2005 qui fait saisir en filigrame les germes des opéras de la maturité de Mozart, a été déjà joué trois fois dans la cour de la Résidence. Sont prévues encore six représentations jusqu’au 25 août ainsi qu’une reprise pour le festival d’été 2006, année du 250e anniversaire de la naissance du compositeur autrichien. Par le passé, Mithridate n’a été donné au festival qu’en 1971 et 1997. Cette réussite musicale et vocale du spectacle 2005 fait d’autant plus regretter le parti pris du metteur en scène allemand Günter Kramer, intendant du Komische Opera Berlin et de son équipe allemande Jürgen Backman (décors) et Falk Bauer (costumes). On ne saisit pas très bien la nécessité d’animer le plateau par des figurants mimant comme une danse reflétée par un vaste miroir disposé en biais. Les deux frères ennemis ressemblent à des collégiens en culottes courtes et brodequins qui se disputent comme des chiffonniers. Leur père qui les menace d’une hache, est tantôt vêtu à l’antique, mais caricaturé, tantôt en tenue militaire actuelle.