Par Alexandre Najjar *
« La liberté ou la mort ». En écrivant ces mots en ouverture d’une précédente tribune, j’ignorais que la mort finirait par emporter aussi l’un de nos plus brillants journalistes.
J’ai rencontré Samir Kassir la veille même de son assassinat. Il m’a paru à la fois détendu et déterminé à poursuivre son combat pour la liberté. À ma question : « Prépares-tu un livre en ce moment ? » il a répondu : « J’ai quatre projets en tête, je ne sais lequel choisir. » Je me souviens de cette soirée au cours de laquelle le prix Phénix lui avait été remis pour son essai remarquable Histoire de Beyrouth, cette ville dont il était passionné et qu’il connaissait si bien. Je me souviens aussi de sa participation au dernier Salon du livre de Paris où il avait fait preuve, au cours d’un débat animé par Henry Laurens, d’un sens aigu de l’analyse.
Nous n’étions pas toujours d’accord sur tout, mais il y avait, entre nous, un respect mutuel. Samir Kassir était un homme épris de liberté, qui s’est battu, avec sa plume, pour un Liban affranchi de la tutelle syrienne et du terrorisme exercé par nos services de sécurité. Courageux jusqu’à la témérité, il n’a jamais reculé, quand bien même ses adversaires le menaçaient ouvertement, allant jusqu’à lui confisquer arbitrairement son passeport. Éditorialiste de talent, essayiste de premier plan, il a payé de sa vie le prix de son attachement à la liberté d’expression.
Son nom, qui vient s’ajouter à la longue liste des martyrs de la presse libanaise, doit rester, pour nous, à jamais, le symbole de la lutte pour la liberté.
* Avocat à la cour et écrivain
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