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Actualités - OPINION

Nation libérée cherche leaders avérés

Sortons enfin du concept obsolète d’un « sous-dieu » unique imposé à tous. Le leader libanais contemporain se veut multiple, puisqu’il lui appartient de coexister avec d’autres leaders. Mais quelles caractéristiques relève-t-on, qui distingueraient ces individus de la masse d’hommes politiques qui, aujourd’hui, s’agitent sur la scène politique et s’impatientent de ne pouvoir occuper une place de choix ? Explications : • Une démarche : clairvoyance et lucidité. Un homme aveuglé par ses exploits, sa victoire ou son ambition va droit à sa perte et à celle de ses partisans. Prévoir, redouter et anticiper supposent indéniablement une largeur de vue, certes, mais également un degré important de modestie, puisqu’il s’agit de voir l’autre comme à la fois puissant et menaçant. • Une certitude : c’est l’ennemi qui fait l’homme. Rivaliser avec la corruption, la trahison et la bassesse est certes gratifiant, mais c’est par ailleurs nettement moins motivant, moins héroïque et moins enrichissant qu’un face-à-face avec un adversaire respectable, dont les principes, les stratégies et les méthodes franchement admirables valorisent celui-là même qui s’y oppose. • Un maître-mot : l’autocritique qui, également, naît de cette magnifique qualité qu’est la modestie. Errare humanum est. L’autocritique, par contre, semble relever de l’ordre du divin. C’est effectivement faire preuve d’une intégrité surhumaine que d’avouer : « Moi, que vous avez cru absolument invincible, j’ai commis un acte qu’aujourd’hui je condamne : je me livre à présent à vos jugements. » Il ne s’agit pas tant d’exiger un pardon quelque peu stérile, que de s’employer à avancer, fort de ces erreurs passées et dépassées, sans lesquelles nul n’aurait rien appris. • Une nécessité : appréhender intelligemment l’histoire. Un leader se définit en effet à travers les modèles et contre-modèles qu’il adopte, à travers les figures identificatoires qu’il se choisit. Il connaît pertinemment ses sources, mais conçoit également sa finitude. Le moment venu et face à l’impitoyable marche de l’histoire, il ne s’accroche pas désespérément à ce train en marche, mais s’en écarte respectueusement, reconnaissant pour ce qu’il lui a été donné d’accomplir et espérant que d’autres atteindront ce qu’il n’a guère pu réaliser. • Une exigence enfin, sans laquelle aucun parmi les éléments cités précédemment ne peut exister : la maturité et l’ouverture culturelles. Pour conclure, ne soyons pas leurrés par les évènements de l’actualité politique : l’élite véritable se cache en deçà de ces scènes. Elle est cette solide et indéniable infrastructure sociale, celle des jeunes. Ils ont pour eux de n’avoir connu de la guerre que la guerre, celle-là même qui les a forcés à mûrir avant l’âge et qui leur a ouvert les yeux sur une évidence que tous continuaient d’ignorer jusque-là : l’absurdité de la guerre du Liban. Ne cherchons plus, car le doute n’est plus possible : cette poignée de « leaders avérés » que notre nation recherche éperdument, ce sont eux. Maya CHÉHAB Psychologue clinicienne
Sortons enfin du concept obsolète d’un « sous-dieu » unique imposé à tous. Le leader libanais contemporain se veut multiple, puisqu’il lui appartient de coexister avec d’autres leaders. Mais quelles caractéristiques relève-t-on, qui distingueraient ces individus de la masse d’hommes politiques qui, aujourd’hui, s’agitent sur la scène politique et s’impatientent de ne pouvoir...