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Actualités - OPINION

Hommage La mort d’un juste

L’élégance même : celle du cœur, celle de l’esprit, celle du geste. Tel était Raoul Assaf, cet ami incomparable, ce collègue aimé, respecté et unanimement estimé. Il nous quitte discrètement après nous avoir donné, trois ans durant, une leçon héroïque de courage et de ténacité, face à notre désarroi. Quand je l’appelais pour avoir de ses nouvelles, il me devançait pour me demander comment moi-même j’allais. Il voulait avoir des nouvelles de tous. Et en même temps il me disait : « Tu sais, ce que j’ai, ce n’est pas une grippe. » Raoul voulait d’abord continuer à vivre pour les siens : Tina sa femme et ses deux jeunes garçons. Conscient qu’une tâche éducative n’est jamais pleinement accomplie, il voulait tout de même en accompagner le premier parcours, avec tout ce que sa générosité globale pouvait leur donner. Nous n’aurons pas besoin de l’impératif du devoir de mémoire pour conserver vivant le souvenir de Raoul. Les traces laissées par lui dans différentes institutions de l’Université Saint-Joseph constituent le tracé indélébile d’une existence : l’organisation du département d’histoire à la faculté des lettres et des sciences humaines, la mise sur pied, avec des collaborateurs, du magnifique Musée de préhistoire libanaise, plus récemment la création de l’École doctorale pour les sciences de l’homme et de la société, toujours dans la même faculté. Je sais qu’il m’en voudra d’en dire plus : toute sa vie aura été efficacité dans le silence, la discrétion et la modestie. Dès les premières heures de la fondation de l’Université pour tous, Raoul a tout de suite été l’un de ses piliers par l’enseignement de l’histoire qu’il a accepté d’assurer et par sa présence continue, ses conseils, sa vigilance relative aux progrès de cette innovation. Son auditoire, toujours nombreux, lui vouait un attachement illimité ; et sa réponse à son attente a porté Raoul à poursuivre son enseignement aux pires moments de la maladie. Je retiens de nos longues heures d’échange à l’hôpital, au cours de ces derniers mois, malgré la souffrance pernicieuse qui l’envahissait, la grande sérénité du propos, l’analyse pertinente de ce qui touchait le pays, la nation, l’université. Dans les larmes partagées s’exprimait le souci pour ceux que l’on se voit obligé de quitter pour toujours. « Je veux mourir dans la dignité. » Oui, Raoul, tu t’es éteint le jour de ton anniversaire : ta vie fut digne et exemplaire ; ta lutte contre la maladie, un modèle de courage, d’optimisme et de vertu ; et l’acceptation de l’étape finale, un événement à méditer. Nous, tous tes amis, gardons de toi ce large sourire constant qui fut accueil et support d’espoir ; et nous gardons en viatique ce que tu nous as légué comme œuvre à poursuivre et parcours à achever, parce que nous t’aimons. Mounir Chamoun Vice-recteur à la recherche de l’Université Saint-Joseph
L’élégance même : celle du cœur, celle de l’esprit, celle du geste. Tel était Raoul Assaf, cet ami incomparable, ce collègue aimé, respecté et unanimement estimé. Il nous quitte discrètement après nous avoir donné, trois ans durant, une leçon héroïque de courage et de ténacité, face à notre désarroi. Quand je l’appelais pour avoir de ses nouvelles, il me devançait pour...