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Actualités - CHRONOLOGIE

Élections - L’ancien président appelle à la formation d’une liste consensuelle à Zahlé Élias Hraoui : Les municipales ne doivent pas se transformer en échéance politique (photo)

Zahlé, comme toutes les autres localités libanaises, vit aujourd’hui dans la fièvre des élections municipales. Si rien n’est encore officiel, les tractations sont menées en douce, chaque partie essayant de tester l’autre et de voir comment tisser des alliances gagnantes. L’équipe sortante est, elle aussi, au cœur de la bataille, mais cette année, contrairement à 1998, les enjeux sont bien politiques, à la veille de l’échéance présidentielle, et à un an des législatives de 2005. Zahlé qui a traditionnellement pâti de la rivalité entre les Hraoui et les Skaff doit aujourd’hui tenir compte d’un nouveau facteur, l’opposition dite chrétienne, qui souhaiterait remporter une victoire là où c’est possible et surtout dans cette cité à majorité chrétienne au cœur de la Békaa. Et, contrairement à la situation de 1998, Élias Skaff, actuel ministre de l’Industrie, ayant hérité du leadership de son père, n’est plus tout à fait dans le camp de l’opposition, puisqu’il s’est rapproché de la Syrie depuis qu’elle lui a rouvert ses portes à partir de 2001. C’est dire que les données sont bien différentes de ce qu’elles étaient il y a six ans, même si les vieilles rivalités locales et les chicaneries habituelles demeurent prépondérantes. Dans son bureau à l’atmosphère intime et chaleureuse, celui qu’il utilise pour lire tranquillement les journaux, en attendant les bulletins télévisés, l’ancien président Élias Hraoui ne perd rien de ce qui se passe dans le pays et plus particulièrement dans sa ville natale. Il y connaît chaque famille, suivant même les nouvelles générations, avec l’intérêt d’un père pour une turbulente progéniture. Lorsqu’il lit dans la presse qu’il est sur le point de former une liste électorale par alliés interposés, il hoche la tête d’un air blasé. « Je ne peux pas passer mon temps à démentir tout ce qui paraît à mon sujet, dit-il. Même quand j’étais président de la République, je n’ai jamais voulu répondre à un article de journal. Dieu sait pourtant ce qu’on a dit sur mon compte. » L’ancien président souhaiterait vivement qu’une liste de coalition voie le jour à Zahlé. « Les élections municipales, affirme-t-il, ne doivent pas être politisées. Quelle que soit la partie victorieuse, elle devra ramasser les ordures dans tous les quartiers et éclairer toutes les rues. C’est pourquoi l’entente entre les différentes parties politiques, est, à ce niveau, au service de tous les résidents. Elle est donc indispensable, car il s’agit de questions de développement et non d’affaires politiques. Personnellement, je n’appuierais qu’une liste d’entente. Mais, s’il y a bataille, que personne ne compte sur moi. » L’ancien président reconnaît que son neveu Samir Hraoui (actuel membre du conseil municipal) sera probablement candidat, mais il ajoute que s’il ne peut pas l’empêcher de se présenter, cela ne signifie nullement qu’il compte l’appuyer s’il forme une liste avec quelques alliés. Pas de petite politique après la présidence M. Élias Hraoui estime qu’après avoir été président de la République pendant neuf ans, il ne peut pas revenir en arrière et se lancer dans la petite politique. Et si le président Camille Chamoun s’est présenté aux élections législaltives et a été nommé plusieurs fois ministre après son mandat présidentiel, cela le regarde, déclare M. Hraoui. Quant à lui, il ne souhaite pas s’occuper des petites politiques internes, après avoir été aux commandes du pays, dans une période particulièrement difficile de l’histoire du pays, et alors que presque tout le monde lui avait mis des bâtons dans les roues. S’il affirme ne pas vouloir s’occuper des législatives, il veut encore moins intervenir dans les municipales. Il raconte d’ailleurs avec une certaine fierté que les moukhtars de la Békaa, en route pour la cérémonie de la journée des moukhtars, jeudi dernier au Biel, sont passés le voir et il a alors remarqué qu’il ne connaissait pas la plupart d’entre eux. « C’est la meilleure preuve que je n’ai rien à voir avec tout cela », précise-t-il. L’ancien président fait toutefois remarquer que l’échéance est prévue dans moins de cinquante jours et que malheureusement, malgré la gravité de la situation régionale et internationale, les dissensions battent leur plein et chaque partie veut enregistrer des victoires dérisoires, ne pensant qu’à des intérêts étroits. Selon lui, les nuages qui s’accumulent actuellement à l’horizon régional devraient pousser les différentes parties politiques à plus de retenue et à une plus grande conscience nationale. À Zahlé, par exemple, le ministre Skaff souhaite politiser les municipales pour marquer son retour en force sur la scène békaïote, après des années de vache maigre en raison de ses conflits avec les Syriens. « Mais la ville a surtout besoin de projets de développement, d’encouragement et de vision, bien plus que de considérations politiques. » Selon lui, le danger le plus grave qui menace Zahlé et les autres localités, ce sont les moukhtars qui acceptent le transfert des états civils pour changer la composition démographique de certaines régions. Mais ceux qui pourraient soulever ces problèmes sont trop occupés à marquer des points politiques pour débattre des vraies questions. Un regret, l’affaire du mariage civil Quant à lui, il rappelle avec une certaine satisfaction qu’après avoir été dans l’incapacité d’imposer son point de vue en 1992, il a réussi à faire adopter l’ancien découpage électoral dans la Békaa, qui fait de Zahlé une circonscription indépendante. L’ancien président – qui lance avec humour qu’au sein de sa famille, il a réussi à réaliser l’entente nationale, ses enfants ayant pour la plupart épousé des musulmanes, même s’il n’a pas pu vraiment le faire au niveau du pays – est conscient des appréhensions des localités chrétiennes. Et il revient avec tristesse sur sa tentative de faire adopter le mariage civil au Liban, reprochant au président du Conseil de l’époque et d’aujourd’hui, M. Rafic Hariri, d’avoir fait avorter le projet. « C’était pourtant une bonne introduction à moins de confessionnalisme et plus de nationalisme. Mais les opposants au projet ont été plus forts que moi. » Aujourd’hui, l’homme ne souhaite plus grand-chose. S’il suit avec intérêt les nouvelles et ne rate aucun développement politique, il a le détachement de l’observateur un peu peiné devant le tableau qu’il a en face de lui et de l’homme qui a réalisé tous ses rêves, sans avoir pu obtenir ce qu’il voulait pour son pays. « Quand j’étais petit garçon, j’avais accompagné mon père chez le président de la République et j’avais rêvé d’occuper un jour cette fonction. Je l’ai fait, tout comme j’ai réussi à imposer un leadership maronite à Zahlé où les familles grecques-catholiques sont traditionnellement très puissantes. Au point que les familles maronites qui venaient s’installer dans le coin étaient reléguées au bord de la ville. Mais tout cela, ce sont des satisfactions individuelles ; j’aurais aimé que la situation générale soit meilleure. Moi, j’ai fait mon temps. C’est aux autres de prendre la relève. » Cet homme au franc-parler légendaire parle peu de l’avenir et même du présent. Il a eu son lot de critiques, de manigances et de manœuvres politiques dirigées contre lui. Il ne veut plus soulever de polémique, appelant inlassablement à l’entente et à l’harmonie. Ce grand-père heureux (il a douze petits-enfants) préfère se consacrer à sa famille. Mais il garde un œil vigilant sur le pays. Et sur Zahlé. Scarlett HADDAD

Zahlé, comme toutes les autres localités libanaises, vit aujourd’hui dans la fièvre des élections municipales. Si rien n’est encore officiel, les tractations sont menées en douce, chaque partie essayant de tester l’autre et de voir comment tisser des alliances gagnantes. L’équipe sortante est, elle aussi, au cœur de la bataille, mais cette année, contrairement à...