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Actualités - OPINION

Cherche Walid Joumblatt désespérément

Il s’agissait, disait le carton, d’un dîner-débat avec Walid Joumblatt sur le « Choc des civilisations ». Le dîner s’est très bien passé. Cuisine nouvelle, naturellement, pour faire rapide, utile, efficace. On n’est pas diplômé d’HEC pour rien. Petite fausse note, d’ailleurs vite relevée par les organisateurs eux-mêmes : le menu était... en anglais. Quand on pense qu’aux États-Unis, les maîtres de cérémonie se contorsionnent encore de nos jours pour essayer de conjuguer les sauces à tous les temps de la langue de Molière ! Passons. On avait prévu de glisser le débat entre le plat de résistance et l’entremets. En fait de débat, c’est plutôt d’une séance de grincement de dents qu’il s’est agi. Et le menu n’y était pour rien. Cuisine nouvelle, discours ancien. Très ancien. Indigeste. À croire que Walid Joumblatt a visité tous les greniers de l’arabisme radical avant de se présenter au Phoenicia. D’emblée, il sort tout l’arsenal du nassérisme des temps héroïques. Le panarabisme rageur, les guerres coloniales, « l’impérrrrrialisme ». On se serait cru au lendemain de Suez. La recette est toute simple : prenez un fusil et tirez sur tout ce qui bouge. On verra ensuite qui vaincra. Tout, d’ailleurs, paraît simple chez M. Joumblatt : Oussama Ben Laden ? Une invention américaine. Israël ? Une invention impérialiste. L’Irak ? Une question de pétrole. Les relations entre l’Orient et l’Occident ? Encore et toujours le prisme colonial. L’intéressé ne pouvait pas ne pas savoir à quelle catégorie d’assistance il aurait affaire. S’il a accepté avec complaisance de se prêter à cette confrontation, c’est qu’il y trouve matière à son goût. Après tout, et quoique il lui en coûterait de l’admettre, Walid Joumblatt est un « bon » bourgeois occidentalisé. Mais un bourgeois qui, par éducation, par goût du jeu et par nécessité politique, garde toujours à portée de main un déguisement de « Che »... et le couteau entre les dents. Nombreux étaient parmi les présents ceux qui auraient volontiers répondu à l’appel de Walid Joumblatt de prendre les armes contre un Ariel Sharon. Sauf qu’en affirmant que les attentats-suicide sont des actes héroïques, c’est à Sharon qu’on donne la victoire. Pendant ce temps, le public, lui, cherchait désespérément... Walid Joumblatt. L’autre. Sans le trouver. Élie FAYAD
Il s’agissait, disait le carton, d’un dîner-débat avec Walid Joumblatt sur le « Choc des civilisations ». Le dîner s’est très bien passé. Cuisine nouvelle, naturellement, pour faire rapide, utile, efficace. On n’est pas diplômé d’HEC pour rien.
Petite fausse note, d’ailleurs vite relevée par les organisateurs eux-mêmes : le menu était... en anglais. Quand on...