Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Près de 1 500 personnes seulement ont repondu à l’appel de la CGTL Timide mobilisation pour protester contre la hausse des carburants (Photo)

La grève générale et le sit-in organisés par la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) hier, place du Musée à Beyrouth, pour protester contre l’augmentation du prix de l’essence, n’aura pas été un grand mouvement rassembleur, même si quelque 1 500 personnes ont répondu à l’appel, en présence de plusieurs syndicats et partis politiques. Les manifestants se sont rassemblés durant près de deux heures pour scander des slogans hostiles au gouvernement et revendiquer la réduction des taxes indirectes et l’augmentation du salaire minimum. Quoi qu’il en soit, les syndicats sur place ont menacé de procéder à des mesures d’escalade au cas où les décisions du Conseil des ministres, qui se tenait à quelques mètres de là, ne s’avéraient pas satisfaisantes à leurs yeux. Le gallon d’essence à plus de 25 000 LL, le gouvernement qui discute de l’adoption d’un plafond du prix des carburants, la CGTL qui revendique la réduction de ce même prix à 15 000 LL par l’abaissement des taxes prélevées par l’État : telle était la situation hier. Nombre de syndicats avaient mobilisé leurs membres pour se rendre dès 10h place du Musée, afin d’exprimer leur mécontentement quant à la cherté de vie et à la flambée de l’ensemble des prix après l’augmentation de celui de l’essence. Dans la foule flottaient les drapeaux du mouvement Amal, du Parti syrien national social (PSNS) et du Parti socialiste progressiste (PSP). Des responsables politiques de divers courants et des députés indépendants se sont joints au rassemblement. La présence des forces de l’ordre était particulièrement importante. Une altercation a même eu lieu entre Ghassan Ghosn, président de la CGTL, et les forces de l’ordre. Si la CGTL avait appelé à la grève générale, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’atmosphère de la ville n’en reflétait rien. En dehors de l’étroit périmètre du rassemblement des syndicalistes, la vie semblait suivre son cours normalement, et les automobilistes continuaient allègrement de consommer de l’essence sur les routes embouteillées. Même les employés des institutions en grève ne se sont pas, dans leur majorité, dérangés pour participer au mouvement. Pourquoi une revendication aussi générale n’a-t-elle pas davantage mobilisé ? Ce n’est pas l’avis de Ghassan Ghosn, qui a considéré que « l’affluence est importante et englobe toutes les catégories de la population ». Il a promis que les manifestants resteraient sur place jusqu’à la fin du Conseil des ministres, mais ceux-ci se sont dispersés un peu avant midi. Par ailleurs, M. Ghosn, qui a estimé que « la revendication du gallon à 15 000 LL est très réaliste », a menacé de procéder à des mesures d’escalade, le cas échéant. Antoine Béchara, ancien président de la CGTL, a pour sa part considéré que « la participation n’est pas mauvaise vu que le sit-in n’a été annoncé qu’il y a deux jours ». Il a cependant recommandé que « le mouvement ne s’arrête pas là, et qu’une action soit entreprise par la centrale syndicale pour mobiliser les citoyens dans les régions ». Dans la foule, les avis étaient partagés, mais la plupart considéraient que la mobilisation n’était pas suffisante. À titre d’exemple, Fathi al-Zaylah, président du syndicat des ouvriers d’une usine au Akkar, qui avait fait le déplacement avec des dizaines de ses compagnons, s’est déclaré « déçu d’une participation aussi faible, alors que les revendications sont aussi importantes ». Une augmentation du salaire minimum La foule était par ailleurs assez hétéroclite, regroupant des syndicalistes, une délégation des actionnaires des coopératives, un représentant de l’archevêché grec-catholique de Beyrouth, le père Ayoub Saïd, qui a recommandé à ses paroissiens de se joindre à la manifestation (avec plus ou moins de succès), des mouvements féministes, des syndicats d’ouvriers dans les usines... Une délégation assez importante de la Régie du tabac était présidée par Fadlallah Charif, revendiquant, outre la baisse des taxes sur l’essence, la hausse du salaire minimum à 600 000 LL. La participation des chauffeurs de taxi, pourtant les plus concernés par le problème, était particulièrement décevante. Abdel Amir Najdé, président de l’un des syndicats des chauffeurs du transport public, a expliqué que « l’appel à soutenir le mouvement de la CGTL n’est pas l’équivalent d’une grève générale », ajoutant qu’« une réunion sera tenue lundi, et une grève ouverte décrétée à partir de mercredi, avec fermeture des routes, au cas où les décisions du Conseil des ministres seraient en deçà des espérances ». Certes, des problèmes avaient été enregistrés dans les régions, certains chauffeurs ayant été agressés pour n’avoir pas interrompu leur activité. Fouad Matar, un chauffeur qui se trouvait au sit-in, précise que « ce sont des incidents individuels », mais que « nous avons à plusieurs reprises tenté de convaincre les taxis de renoncer à travailler aujourd’hui ». Toutefois, les chauffeurs présents paraissaient particulièrement désenchantés. Ils racontent qu’ils ne gagnent pratiquement pas plus de 5 000 LL par jour, ce qui n’est pas suffisant pour nourrir leurs familles. « Mais nous sommes prêts à répondre à l’appel de grève ouverte au cas où une telle décision est prise par le syndicat », nous ont-ils déclaré. Généralement, ils trouvent que la CGTL pourrait travailler de façon plus organisée, et n’ont pas de mots assez durs envers les forces de l’ordre et le gouvernement. Les premières « ne sont là que pour nous contrer alors qu’on ne les voit jamais aux frontières du Sud ». Quant au gouvernement, « il ne se souvient de nous que quand il se mêle de nous pénaliser ». Ces chauffeurs, qui roulent à l’essence à Beyrouth, mettent en relief plusieurs lacunes qu’ils observent quotidiennement. « J’habite moi-même la banlieue-sud, explique l’un d’eux, mais je travaille dans la capitale. Toutes les voitures dans la banlieue fonctionnent au mazout. Ne causent-elles pas de pollution ? Et les bus non plus ? Si l’État veut appliquer la loi, qu’il le fasse partout. » Et ce n’est pas tout, les chauffeurs assurent que les taxis fonctionnant au mazout payent une contravention de 250 000 LL quand ils sont arrêtés par les forces de l’ordre à Beyrouth, et que leurs voitures leur sont ensuite rendues sans qu’on leur impose une quelconque modification... Dans le cadre du rassemblement se trouvaient également les professeurs du cycle secondaire public, qui exprimaient leurs craintes que leurs honoraires, qui leur sont payés une fois l’an en été, ne leur soient pas versés cette année pour cause de manque de crédits dans le budget. La date de leur sit-in avait été fixée avant la décision de la CGTL. À partir de 11h30, la petite foule a commencé à se disperser. Sur les marches du Musée national tout proche, des élèves, dont le hasard avait fait coïncider la visite le jour même du sit-in, se tenaient là. Et l’on se prend à se demander : que feront-ils dans quelques années, quand ces problèmes de vie les toucheront plus directement qu’aujourd’hui? Suzanne BAAKLINI
La grève générale et le sit-in organisés par la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) hier, place du Musée à Beyrouth, pour protester contre l’augmentation du prix de l’essence, n’aura pas été un grand mouvement rassembleur, même si quelque 1 500 personnes ont répondu à l’appel, en présence de plusieurs syndicats et partis politiques. Les...