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Actualités - OPINION

Sur les Campus - La grogne sociale monte dans les milieux estudiantins

« Trop, c’est trop ». Cette expression résume la pensée de bien des étudiants ou de jeunes diplômés. Un ras-le-bol généralisé, que l’on perçoit dans toutes les universités, privées comme publiques, à travers l’ensemble du territoire libanais. Et pour cause : d’année en année, de plus en plus d’étudiants prennent le chemin des universités publiques, en raison des frais d’universités que les parents – et, de plus en plus, les étudiants qui travaillent pour s’assurer des études – ne peuvent plus se permettre de payer. Même dans les universités privées, le service social est progressivement en train de devenir le passage obligé d’un grand nombre d’étudiants. S’il faut ajouter à ce facteur le problème fondamental de l’essence, de la mécanique et, de manière générale de l’entretien de la voiture, mais aussi les frais excessifs du téléphone mobile (bienvenue au royaume des appels en absence faute d’unités, code obligé de la plupart des étudiants libanais), du téléphone fixe (plusieurs ménages ont déjà trouvé la solution : couper purement et simplement la ligne pour éviter de payer des factures exorbitantes), du courant électrique et de l’eau... l’on comprendra très vite le sentiment de frustration et de colère qui anime de plus en plus les jeunes, à l’image des moins jeunes. D’autant plus que ces jeunes doivent parfois cumuler de petits boulots pour survivre, et, si leurs familles n’habitent pas une région centrale, ils sont souvent obligés de se prendre en charge très tôt et de s’assurer un logis, un studio dans la région de Beyrouth pour y habiter. Dans la réalité, force est de constater que la vie estudiantine au Liban n’en est pas vraiment une – plutôt une phase de transition entre le monde scolaire et le monde professionnel – et que les étudiants n’ont pas véritablement un statut d’étudiants. Ils ne bénéficient d’ailleurs que de très peu de facilités (ce qui devrait être le cas dans les cinémas, dans les restaurants ou dans les pubs, par exemple), dans la mesure où les projets de loi sur la carte d’étudiant ne semblent pas vraiment intéresser, jusqu’à présent, les responsables politiques. Quoi qu’il en soit, la grogne monte dans les milieux estudiantins, qui préfèrent attendre pour l’instant les prochaines décisions du Conseil des ministres avant de réagir. D’ailleurs, soulignent les responsables estudiantins, la plupart des universités sont entrées en phase d’examens de fin d’année. La question de la réaction à la flambée des prix, notamment sur l’essence, devrait d’ailleurs faire l’objet d’une réunion de ces responsables, au niveau de la Fédération des amicales de l’Université Saint-Joseph (USJ). Selon le président du bureau de la faculté de droit au sein de l’amicale estudiantine de l’USJ, Amine Assouad, c’est la politique gouvernementale fiscale qu’il convient de remettre en cause : « Il s’agit d’une fiscalité de confiscation. C’est bien connu que trop d’impôts tuent l’impôt. Cela enraye la consommation, et, partant, les investissements. Ce n’est pas de cette manière qu’il sera possible de rétablir l’économie et de résorber la dette publique. En fait, la stabilité de l’économie est tributaire de la confiance que l’État parvient à inspirer aux citoyens. » Hassan Mohanna, vice-président du SFC, l’amicale estudiantine de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), précise pour sa part : « Le pays devient beaucoup trop cher. Il n’y a aucune logique sur le plan économique et beaucoup trop de corruption et d’impôts. Le citoyen n’a plus confiance dans cette politique. Il sait que tous les impôts qu’il est en train de payer finissent dans les poches des uns et des autres. Le problème est politique. Il réside au niveau de la culture de la corruption, c’est pourquoi la seule solution est de combattre le clientélisme. » Même son de cloche du côté du président de l’amicale de l’Université La Sagesse, Youssef Nohra, qui travaille pour payer ses frais d’université. Lui plaide en faveur d’une nouvelle loi électorale pour en finir avec la classe politique qui gouverne le pays. Quant à Jeannot Chélala, responsable estudiantin à l’Université libanaise, il met l’accent sur la crise politique qui détruit, selon lui, le pays : « La solution, c’est un gouvernement national et patriote, libre de ses décisions, qui relibaniserait l’économie du pays en libérant la production nationale. » M.H.G.
« Trop, c’est trop ». Cette expression résume la pensée de bien des étudiants ou de jeunes diplômés. Un ras-le-bol généralisé, que l’on perçoit dans toutes les universités, privées comme publiques, à travers l’ensemble du territoire libanais.
Et pour cause : d’année en année, de plus en plus d’étudiants prennent le chemin des universités publiques, en...