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Actualités - OPINION

Rudes affrontements en perspective sur divers fronts

Les appels à la concorde lancés par les autorités ne semblent pas devoir être entendus. Sur la carte (électorale), plusieurs épingles à tête rouge signalent que les municipalités vont donner lieu à de rudes affrontements, çà ou là. Au sein de tous les camps en présence, chez les loyalistes comme chez les opposants, dans nombre de partis et même au sein de plusieurs familles, la divisionnite frappe. D’autant plus fort que la Syrie, qui peut peser sur la balance dans les sphères qu’elle contrôle, ne se prononce pas. Ou pas encore. On ne sait pas si elle va soutenir des listes déterminées contre d’autres, des positions différentes selon les villes ou les régions. On ignore si elle va intervenir dans le sens préconisé jusque-là par les pouvoirs, à savoir une série perlée de consensus. Pour tout dire, l’on se demande si la Syrie ne compte pas rester sur la touche exprès. Afin de montrer que désormais, elle est résolue à ne plus se mêler d’élections libanaises. Qu’elles portent sur les édiles, sur la présidentielle ou sur les législatives. Comme l’y invitent les Occidentaux. Et pour rester fidèle à son propre verbe présidentiel, estimant que le choix doit revenir aux seuls Libanais. Il en va de même, du reste, pour les autorités locales. Le point étant de savoir si elles comptent effectivement tenir leur engagement de rester neutres. Non seulement par principe républicain. Mais aussi parce qu’à leur avis, les municipales constituent moins un baromètre politique reflétant les rapports de force sur le terrain, qu’une compétition gestionnaire d’ordre clanique ou familial. À Beyrouth, cependant, le tableau apparaît, jusqu’à présent, fortement politisé. De considérables efforts sont déployés afin de rassembler des pôles, des leaders, des notabilités pour contrer la mainmise haririenne sur la cité. À travers la formation d’une liste qui représenterait l’éventail des forces hostiles au chef du gouvernement. Un objectif qui peut achopper sur l’écueil de la mésentente entre divers intéressés. Auquel cas, il pourrait y avoir en lice trois groupes : le haririen d’un côté ; ses adversaires, divisés en deux, de l’autre. Dont un équipage qui, contrairement à certains pôles allergiques aux radicaux de l’Est, ne verrait pas d’inconvénient à coopérer avec les aounistes ou les FL. Il faut cependant souligner que les formations de l’Est représentées au sein du conseil municipal actuel (par le Dr Jerbaka pour les Kataëb, par Joe Sarkis pour les FL) n’ont elles-mêmes pas encore pris position. Le Hezbollah non plus, dont le délégué est Amine Chari. Pour le moment, tout le monde est en pleine discussion, l’accent étant mis par beaucoup sur les impératifs de consensus au titre de la préservation d’une bonne coexistence. Un thème qui plaît, évidemment, aux haririens. Sauf qu’ils voient les choses sous un angle nuancé qui peut ne pas leur valoir, en définitive, le ralliement qu’ils espèrent. En fait, chacun a sa propre conception de l’entente, entendant voir les concessions faites par les autres plutôt que par lui-même. En pratique, il s’agit de savoir si l’on va reprendre les mêmes ingrédients et recommencer, au besoin avec d’autres noms. C’est-à-dire que certains pensent que la formule mise en place en 1998 est la bonne. Du moment que les différentes familles spirituelles ou politiques y sont représentées d’une manière égale. Mais d’autres estiment qu’elle est largement dépassée, ne répond plus aux données de fait et ne constitue plus du tout une synthèse réelle. L’autre problème est inhérent aux déchirements de l’Exécutif. En effet, comme Hariri est en lice directement, il pourrait y avoir une tentation d’intervention, plus ou moins masquée, de certains organismes du pouvoir. Sans doute contre le président du Conseil (municipal ?). Auquel cas, la trêve interprésidentielle, déjà précaire, volerait en éclats. Et ce serait la crise. En province, la situation est variée. Au Sud, sous la contrainte des circonstances, la coalition déterminante Amal-Hezbollah va être reconduite, et il n’y pas de secousses à craindre, en principe, dans les villages. Mais au Nord, ce n’est pas du tout pareil. Dans plusieurs localités, les défis sont déjà lancés. Pour des batailles à caractère clanique, familial, partisan ou politique. Cependant, c’est le Mont-Liban qui s’annonce comme le plus retentissant. En effet, dans cette région centrale du pays, l’opposition s’efforce de défier le pouvoir en duel dans plusieurs sites-clés. Le camp loyaliste, pour sa part, veut esquiver un tel challenge. En mettant en avant le fait que les municipales sont d’ordre infrastructurel plutôt que politique. Et en misant sur les divergences, visibles, des courants opposants. On sait en effet que, jusqu’à présent, les aounistes, alliés au Bloc national à Jbeil, rejettent en pratique (par des conditions déterminées) les propositions de bataille unie avancées par Kornet Chehwane. Sans compter qu’à Jounieh, par exemple, il y a d’autres joueurs, dont le député Georges Frem (en sus des députés el-Bone et Souhaid qui appartiennent à la Rencontre) qui se voient mal pactiser avec le courant aouniste. Le président Amine Gemayel lui-même déploie dans diverses localités du Metn des contacts électoraux excluant, en principe, une entente avec les aounistes. Autre pôle d’influence, le député éminemment loyaliste Michel Murr mise, dans nombre d’agglomérations, sur les présidents de conseils municipaux déjà en place, auxquels on adjoindrait de nouvelles figures d’édiles jeunes. Sur base, là où c’est possible, d’une représentation de la plupart des courants politiques, familiaux ou partisans. Dans le droit fil de la recommandation d’entente avancée par le régime. Tandis que Bkerké souhaite qu’on laisse les familles régler la question des municipales. Mais l’entrée en jeu de la politique est déjà un fait acquis. Et cela rend difficile un consensus général. Émile KHOURY

Les appels à la concorde lancés par les autorités ne semblent pas devoir être entendus. Sur la carte (électorale), plusieurs épingles à tête rouge signalent que les municipalités vont donner lieu à de rudes affrontements, çà ou là. Au sein de tous les camps en présence, chez les loyalistes comme chez les opposants, dans nombre de partis et même au sein de plusieurs...