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Communautés - Cérémonie recueillie en présence de Lahoud, Sfeir, Farès et... Battle Jean-Paul II canonise Nehmetallah Hardini au milieu de la liesse de milliers de Libanais (photo)

CITÉ DU VATICAN - de notre envoyé spécial Fady NOUN La sainteté et le Liban étaient à l’honneur, hier, place Saint-Pierre. Identifié de longues années durant avec un processus de désintégration nationale, dit « libanisation », le Liban, celui de la sainteté, reprenait ses droits. Il était de nouveau associé à ce qu’il a de meilleur, et qui est loin d’être le plus facile. Le pape, d’ailleurs, ne s’y est pas trompé. À l’issue d’une longue cérémonie au cours de laquelle il a canonisé également trois autres prêtres, une religieuse et une mère de famille, Jean-Paul II, adressant quelques mots à chaque groupe de pèlerins, a formulé le vœu que le Liban, par l’intercession de Nehmetallah Hardini, « progresse sur le chemin de la paix et de la fraternité ». Dans la bouche du pape, ces mots ne sont pas des lieux communs. Ils sont mûrement pesés. La veille, au cours de l’audience accordée au président Lahoud, Jean-Paul II avait insisté sur « le respect mutuel » que les communautés libanaises doivent se porter les unes aux autres, et sur le modèle « d’amour fraternel » donné par le saint de Kfifane. Il avait chaleureusement crié à deux reprises : « Vive le Liban ! Vvie le Liban ! », soulignant à sa façon que la canonisation de Hardini était un événement national aussi bien qu’ecclésial. C’est pourquoi la représentation libanaise à un événement de cette importance déçoit un peu. Le Liban officiel, certes tout à fait dignement représenté, pouvait mieux faire. L’événement méritait une délégation plus grande et plus représentative de toutes les communautés, aussi bien musulmanes que chrétiennes. Le patriarche Sfeir était un peu seul sans la présence des six frères dont il a l’habitude de s’entourer pour des occasions pourtant moins solennelles. Bien sûr, la joie était quand même au rendez-vous. Entre les colonnades du Bernin, les casquettes à l’effigie de Nehmetallah Hardini étaient partout, et défiant la fatigue et les longueurs, des drapeaux libanais, parmi lesquels celui des Forces libanaises n’était pas le plus petit, s’agitaient chaque fois que le nom du Liban ou de Hardini étaient prononcés, durant une liturgie latine émaillée de réponses en arabe, en espagnol et en italien. Un début de chahut et de « hou-hou » fut entendu quand le pape remercia nommément le président Lahoud pour sa présence à Rome... Mais les commentaires réprobateurs pour cette réaction déplacée allaient bon train, l’après-midi, parmi les dizaines de Libanais et, surtout, de Libanaises cassant leur croûte, dans les passages de la place Saint-Pierre, en attendant le concert que devait donner, à 18 heures, dans l’immense salle Paul-VI, jouxtant la basilique Saint-Pierre, la chorale de la faculté de musique de l’Université Saint-Esprit de Kaslik. Pour sa part, le chef de l’État, son épouse, Andrée, son fils Ralph et la délégation qui l’accompagne, notamment le vice-président du Conseil des ministres, Issam Farès, étaient les hôtes à déjeuner du RP Athanassios Jalkh, supérieur général de l’Ordre libanais maronite. Le repas royal a été servi dans deux magnifiques salons du palais Brancaccio, situé dans un splendide parc naturel, près du Colisée. À leurs échanges par moments animés, le chef de l’État et le patriarche Sfeir semblaient avoir beaucoup à se dire, alors que sur les autres tables, où l’on reconnaissait des ministres – actuels et anciens –, des députés, nombre d’évêques et de moines et, surprise, l’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle, la conversation allait bon train entre deux gorgées de Chianti ou de Blanc Suave, le veau garni et les artichauts braisés farcis à l’œil. En présence du pape, comme dans ses conversations privées, le général Lahoud a insisté, depuis son arrivée à Rome, vendredi, sur le fait que la proclamation de la sainteté de Nehmetallah Hardini est un sujet de fierté nationale, et non seulement communautaire. Pour le chef de l’État, l’unité du Liban, dans sa diversité communautaire, est une sorte de miracle quotidien, et la cérémonie de canonisation, une preuve supplémentaire que « le Liban est plus qu’un pays, un message d’élévation de l’homme vers Dieu. » Pour sa part, allant dans le sens de Jean-Paul II qui parle des « racines religieuses » de l’identité libanaise, le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, a classé le saint de Kfifane parmi les « pères fondateurs » du Liban. Tout en insistant sur la nécessité pour les Libanais de « compter sur eux-mêmes », Michel Eddé a également souligné qu’il leur faut compter sur la Providence. « Attention, a-t-il averti, il ne s’agit pas là de propos diplomatiques ! » De fait, ce sont là les pensées d’un homme de foi, et on ne voit pas ce qui pouvait mieux faire honneur, hier, à l’homme de foi dont on proclamait la sainteté. La cérémonie de canonisation sera suivie, aujourd’hui, par une messe patriarcale d’action de grâces sur l’autel papal, dans la basilique Saint-Pierre, à laquelle la délégation officielle libanaise et les milliers de Libanais se trouvant à Rome assisteront.
CITÉ DU VATICAN - de notre envoyé spécial Fady NOUN
La sainteté et le Liban étaient à l’honneur, hier, place Saint-Pierre. Identifié de longues années durant avec un processus de désintégration nationale, dit « libanisation », le Liban, celui de la sainteté, reprenait ses droits. Il était de nouveau associé à ce qu’il a de meilleur, et qui est loin d’être le...