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Actualités - OPINIONS

Les émigrés nous écrivent

Le bonheur est dans le pré La sonnerie du portable retentit dans le bric-à brac de mon sac. Je réponds in extremis à la voix courroucée : « Mais où es-tu enfin ? Il est 20 heures et tu n’es toujours pas rentrée. » Je prends ma voix la plus douce : « Je termine mes achats de Noël avant le rush des derniers jours. » – Vas-y molo, ne force pas trop sur le porte-monnaie, tu sais que ça a été une année de vaches maigres. – Encore ? Cela fait dix ans et plus que tu me serines la même chose. Si tes vaches sont maigres, emmène-les paître dans le pré du voisin. – Impossible, les vaches du voisin paissent justement dans mon pré et il n’y a pas assez d’herbe pour toute cette gent bovine. Et nous voilà, mon mari et moi, en train de conjuguer le verbe paître à tous les temps. Alors, en cette veille de Noël, remonte en moi une phrase qui appartient à la nuit des temps, d’une infinie douceur : « Paix sur la terre, aux hommes de bonne volonté.» Liliane MASRI France Émigrés et droit de vote Relativement à sa population, le Liban aurait peut-être la plus grande diaspora mondiale. Depuis toujours, nos politiciens se vantent du succès des Libanais vivant à l’étranger tout en leur refusant le droit de vote. Le 21e article de la déclaration universelle des droits de l’homme garantit à « toute personne le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays (…) ». De plus, le 7e article de la Constitution précise que « tous les Libanais sont égaux devant la loi. Ils jouissent également des droits civils et politiques et sont également assujettis aux charges et devoirs publics, sans distinction aucune ». Ainsi, résidents ou émigrés, les citoyens libanais sont égaux en droits et en devoirs. Étant égal à son compatriote résidant au Liban, tout Libanais vivant à l’étranger se trouve à 18 ans devant l’obligation et le devoir du service militaire, alors qu’à 21 ans il est incapable d’élire les dirigeants de la patrie qu’il doit servir. Pareillement, ceux qui ont déjà servi le drapeau et ont décidé de s’installer à l’étranger seront toujours des réservistes de l’armée mais ne pourront pas participer aux élections parlementaires. Un grand nombre d’émigrés rentreront un jour au Liban, surtout ceux qui ne portent que la nationalité libanaise et vivent temporairement dans leur pays d’accueil. Même si ça ne sera que pour la retraite, n’ont-ils pas le droit, dès maintenant, de prendre part aux décisions qui dessineront l’avenir du Liban ? En juillet dernier, à l’occasion du 4e congrès du Conseil international libanais d’affaires, les responsables ont affirmé que « les émigrés virent chaque année près de quatre milliards de dollars à leur mère patrie », une fortune qui « constituerait l’arme secrète du Liban contre l’effondrement économique. » [1] À un âge où la planète n’est qu’un petit village, l’argument suivant lequel des difficultés techniques empêchent les émigrés de voter n’est plus valable ; il suffit de mettre des urnes dans les ambassades et les consulats. Le vote des Libanais de l’étranger est un droit. À six mois des législatives, il est temps d’accorder ce droit. [1] Crise économique. La diaspora, une arme secrète du Liban contre l’effondrement. L’Orient-Le jour du 21 juillet 2004. Habib EL-SABBAGH Montréal Comme dans la chanson de Chouchou Expatrié en France depuis 1976, j’aime toujours autant le Liban et je souffre avec mon pays. Que dire de tous les événements qui se déroulent depuis l’automne dernier ? Cela me rappelle une chanson de Chouchou : « Pourquoi on vole, parce qu’on nous a volés Pourquoi on vend, parce qu’on nous a vendus Les grands nous ont volés, les grands nous ont vendus et nous sommes de petits voleurs, tout petits petits petits. » C’est un désastre pour la démocratie, un désastre pour le Liban que de le voir pillé et vendu. Mais j’espère que cette crise sera enfin salutaire pour notre pays, que la guerre s’achèvera bientôt et qu’une démocratie digne de ce nom reviendra. J. ZEIDAN France rofondément blessée Tout d’abord, je voudrais vous remercier de nous permettre, en tant que Libanais résidant – temporairement ou définitivement – à l’étranger, de nous exprimer sur l’actualité de notre pays. Je souhaiterai réagir concernant les manifestations survenues il y a quelques jours pour appuyer la présence syrienne au Liban. Je suis profondément blessée par l’attitude adoptée par un grand nombre de Libanais. Je réside actuellement en France, et les médias occidentaux n’ont pas manqué de faire état de cet événement auquel, selon eux, un million de Libanais ont participé. En tant que Libanaise, comment puis-je défendre mon pays, soi-disant démocratique et jouissant de son indépendance ? Comment pouvons-nous accepter d’avoir pour dirigeants des hommes aussi peu patriotes, qui se laissent dicter leur conduite, au point de descendre manifester dans les rues contre les intérêts de leur pays ? Anaïs KHATCHADOURIAN France éponse d’un citoyen bougon au citoyen grognon Je pense qu’au contraire, le service militaire remplit très bien les objectifs fixés, qui sont non pas de garder les frontières du pays (nouveau concept stratégique d’avant-garde ) mais de vider le pays de sa seule richesse : les jeunes qui quittent pour d’autres horizons. Ainsi, d’ici à quelques années, le but final sera atteint et les grévistes de l’étage supérieur (le gouvernement) pourront alors régner facilement sur une majorité d’assujettis monosynaptiques soumis. Les autres auront déjà quitté. Sébastien RACHOIN Philadelphia – USA bsente, mais pas émigrée Je suis absente du Liban depuis 15 ans mais émigrée, non, je ne le suis pas. Je suis temporairement en dehors de mon pays natal, en attendant de revoir les routes boisées et les jardins fleuris, les mères consolées, les enfants radieux, les cœurs confiants, l’aisance du passé, l’abondance de jadis, le mensonge inexistant, la misère et la souffrance bannies. Le Liban est mon lieu de pèlerinage semi-annuel et chaque visite augmente mes demandes et mes prières. Et leur réalisation s’envole, éphémère. Mon Dieu, ne prolongez pas mon attente. Marie-Louise FERZLI Émirats arabes unis
Le bonheur est dans le pré

La sonnerie du portable retentit dans le bric-à brac de mon sac. Je réponds in extremis à la voix courroucée : « Mais où es-tu enfin ? Il est 20 heures et tu n’es toujours pas rentrée. » Je prends ma voix la plus douce : « Je termine mes achats de Noël avant le rush des derniers jours. »
– Vas-y molo, ne force pas trop sur le...