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Actualités - CHRONOLOGIE

Un grand analyste US à Beyrouth Walter Mead : Les forces de changement sont à l’œuvre au Liban

Walter Russell Mead, qui fait partie du Center for International Relations, l’un des centres de recherche les plus importants des États-Unis (qui publie notamment la revue Foreign Affairs), est l’un des analystes politiques et des spécialistes des relations internationales les plus écoutés des États-Unis, même si ses opinions ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Administration Bush. Il est également auteur de plusieurs ouvrages de polique internationale et détenteur de plusieurs distinctions. Le chercheur, qui a effectué une brève visite au Liban, doit se rendre aujourd’hui en Syrie, où il rencontrera notamment des journalistes et des intellectuels syriens, puis en Israël. Durant son séjour libanais, il a rencontré des journalistes dans le cadre d’un déjeuner à l’ambassade américaine organisé par le premier conseiller à l’ambassade, Christopher Murray. L’occasion d’évoquer le dossier régional en profondeur, et la perception américaine de la situation actuelle. Walter Russell Mead confirme tout d’abord que le Moyen-Orient ne constituait pas une priorité dans la politique US durant la guerre froide, et que Washington ne s’intéressait à cette époque qu’à la manière d’endiguer la poussée communiste dans la région, d’assurer l’activité du marché du pétrole et de maintenir le statu quo. Cependant, dit-il, toute la perception US a changé à la suite des événements du 11 septembre 2001, dans la mesure où aussi bien les dirigeants que le peuple US ont développé la conviction que le véritable péril vient du Moyen-Orient. D’où un changement structurel dans la politique étrangère américaine. Même si le chercheur avoue que dans les cercles de décision, si l’on sait quels sont les objectifs à atteindre, on ne sait pas toujours trop comment y aboutir concrètement, et c’est pourquoi l’entreprise de changement risque d’être sujette à certaines turbulences. Il constate ainsi qu’en Irak, c’est une guerre civile entre sunnites et la nouvelle République – dont l’axe moteur sera chiite et dont la figure de proue sera Sistani – qui se déroule actuellement, mais que ce sont les Américains qui se battent pour les chiites. Précisant toutefois qu’un Irak chiite ne sera pas un prolongement de l’Iran et que l’avenir du pays peut être envisagé avec optimisme. M. Mead indique qu’il y a effectivement eu relégation au second plan du conflit israélo-palestinien durant le premier mandat Bush, mais que, depuis la réélection du président, il y a un regain d’intérêt important pour ce dossier, et un retour à la résolution 242. Il insiste beaucoup sur le fait que l’argument démocratique qui revient dans le discours politique US comme un leitmotiv émane d’une conviction profonde, notamment au sein de l’Administration, que la promotion de la démocratie sera à l’origine de l’annihilation du terrorisme. Dans la même optique, l’ouverture et le libéralisme de la société libanaise constituent un actif très important pour la politique US, dit-il, sans savoir comment cela pourra se traduire en pratique. Il affirme ainsi que Washington tient à la stabilité de la Syrie et de l’Irak, et à l’amélioration de la situation irakienne. Mais il note également le consensus avec Paris sur la 1559. Il y a beaucoup d’éléments prometteurs pour le Liban, constate-t-il, estimant que les forces de changement sont à l’œuvre et se disant impressionné par la capacité du Liban à se gérer. Concernant la Syrie, il se demande jusqu’à quel point la décision est centralisée sous le régime de Bachar el-Assad. Affirmant, d’une manière indirecte, que la Syrie aura certaines compensations si elle coopère avec la légalité internationale (et si elle retire ses troupes du Liban). Les « carottes », selon lui, ne manquent pas, que ce soit l’octroi d’une aide US ou la restitution du Golan. Walter Russell Mead estime enfin que la nomination de Condoleezza Rice au département d’État sera à l’origine d’une politique étrangère US beaucoup plus cohérente et homogène.
Walter Russell Mead, qui fait partie du Center for International Relations, l’un des centres de recherche les plus importants des États-Unis (qui publie notamment la revue Foreign Affairs), est l’un des analystes politiques et des spécialistes des relations internationales les plus écoutés des États-Unis, même si ses opinions ne reflètent pas nécessairement ceux de...