Les éditions successives du Salon d’automne du musée Nicolas Sursock ont immanquablement suscité critiques et controverses de la part des artistes refusés et de leurs supporters au sein du public et des médias.
Ce battage ne fait que renforcer l’attrait du Salon pour les jeunes artistes qui n’ont d’autre moyen de se faire accréditer auprès du public, des amateurs et des galeristes que la sélection rigoureuse opérée par un jury lui-même souvent vilipendé et taxé de parti pris, de favoritisme, voire d’ignorance et d’incompétence.
Ces excès verbaux contribuent fortement au succès du Salon, incitant le public à aller juger sur pièces. Et les candidats à cette sélection prétendument pervertie ne font qu’augmenter de Salon en Salon. Lors de la 24e édition, ils étaient 186 artistes à soumettre 407 œuvres dont 104 de 83 artistes furent retenues. Pour cette 25e édition, la sélection est encore encore plus drastique : sur 442 œuvres de 193 candidats, seules 73 de 57 artistes ont survécu aux tours de sélection, aux votes et aux débats parfois orageux.
C’est dire si le jury a pris les choses à cœur. L’attribution inhabituelle du prix du musée Sursock à deux œuvres ex aequo montre que le jury s’est scindé en deux camps sans possibilité de compromis, d’autant plus qu’il a été amputé à la dernière minute de son neuvième membre pour raison de force majeure.
Ce jubilé d’argent du Salon marque un véritable aggiornamento. La photographie y occupe désormais une large place. Dans l’accrochage, elle préface en quelque sorte le Salon, envahissant le premier étage. L’art vidéo n’est pas en reste. Signe des temps, il est pratiqué par d’anciennes sociétaires conquises par ce moyen d’expression actuel. Nul doute que d’autres vidéastes se manifesteront lors des prochaines éditions. Comme c’est désormais le cas depuis quelques années, les installations avec ou sans projections d’images sont également présentes au rendez-vous pour confirmer l’ouverture de l’éventail des envois.
Pour un Salon qui, à toutes ses étapes, n’a cessé de soutenir les créations authentiquement contemporaines, c’est une garantie de pertinence et donc de jeunesse renouvelées. Malgré la méfiance de certains créateurs avancés qui refusent de subir le test d’entrée, le Salon poursuivra sur sa lancée dans cette direction, faisant la part belle aux démarches novatrices.
Bien entendu, la peinture continue de primer, confirmant la montée en première ligne, hors des sentiers battus, d’artistes inventifs qui élaborent chacun son univers propre. Seule la sculpture semble en relative stagnation, voire en recul, malgré la véritable explosion quantitative constatée dans les nombreux symposiums organisés ces dernières années à qui mieux mieux par différentes localités, phénomène initié par le symposium international de Rachana.
Aucun jury ne peut prétendre à l’objectivité parfaite ni l’infaillibilité du choix. Le jury du Salon, formé de personnes aux formations et aux goûts personnels fort différents, s’efforce le plus consciencieusement possible de choisir les meilleures pièces sans acception de personnes, sans préjugés, interdits ou préférences. Tous les systèmes de choix sont biaisés, injustes, pervers ou mauvais. Le système du vote majoritaire reste, à l’instar de la démocratie, le meilleur des mauvais systèmes de choix.
Joseph TARRAB
* (préface du catalogue de l’exposition).
Les éditions successives du Salon d’automne du musée Nicolas Sursock ont immanquablement suscité critiques et controverses de la part des artistes refusés et de leurs supporters au sein du public et des médias.
Ce battage ne fait que renforcer l’attrait du Salon pour les jeunes artistes qui n’ont d’autre moyen de se faire accréditer auprès du public, des amateurs et des...
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