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Actualités - OPINION

Législatives - un cabinet neutre ou de coalition pourrait garantir l’intégrité du scrutin Contestation marquée de l’impartialité du gouvernement Karamé

Le président Omar Karamé jure ses grands dieux que le gouvernement va organiser des élections libres dont « la démocratie libanaise pourra être fière ». Walid Joumblatt et une bonne partie de l’opposition lui répondent en réclamant un cabinet neutre. Dans ce sens que le doute est permis quand sur 33 ministres, une bonne vingtaine sont eux-mêmes candidats à la députation. En tout cas, selon des politiciens aussi expérimentés qu’indépendants, pour qu’un scrutin soit vraiment propre et probe, il est fortement recommandé de recourir à l’une des options suivantes : – Un gouvernement neutre qui ne compterait pas de candidats dans ses rangs. Et dont les éléments seraient réputés tant pour leur compétence que pour leur honnêteté. Le ministre de l’Intérieur, maître d’œuvre des élections, doit avoir de l’expérience, du savoir-faire dans la matière, qui n’est pas facile. En faisant ainsi appel, dans le temps, pour former des cabinets neutres d’élections, à des valeurs reconnues comme Hajj Hussein el-Oueyni, Ahmed Daouk ou l’émir Khaled Chéhab. L’Intérieur était confié à des sommités arbitrales comme le grand juriste Edmond Gaspard, Henri Pharaon ou Mohammed Knio. Même composé d’archanges candidats, un gouvernement monochrome ne peut pas garantir l’impartialité. Car les services de l’État, même si les ministres postulants ne le leur demandent pas, ont naturellement tendance à en servir les intérêts électoraux, de diverses manières. De plus, comment ne pas douter quand on entend les officiels répéter du matin au soir, sur les médias, leur vive hostilité à un Walid Joumblat ou aux piliers de Kornet Chehwane, entre autres cibles. En se promettant ouvertement, ou presque, de régler leurs comptes avec ces adversaires, à l’occasion des législatives. Comment croire dans l’intégrité intellectuelle ou morale d’un pouvoir qui n’a rien de plus pressé que de bombarder ses hommes dans les postes-clés de l’Administration. Ce qui leur permettrait d’aider les candidats loyalistes, ministres en tête. – La deuxième formule admissible, selon ces sources, serait un cabinet de coalition regroupant les principaux courants politiques du pays. Chaque ministre surveillerait ainsi ses collègues et en dénoncerait, le cas échéant, tout abus. En menaçant de démissionner. Ainsi, en 1968, Henri Pharaon avait claqué la porte du gouvernement dont il faisait partie, en affirmant que les élections se déroulaient dans un climat trop malsain. Sleimane Frangié, Kamal Joumblatt, Takieddine Solh ou Raymond Eddé avaient été sollicités pour l’Intérieur, à l’occasion d’élections générales ou partielles. Afin d’avoir une garantie non seulement d’impartialité, mais de sévérité dans les sanctions, en cas de débordement des services. Car de tels leaders ne s’en laissaient pas conter et avaient un sens aigu de l’État de droit. À l’époque, il était hors de question qu’un gouvernement transitoire des élections s’arrogeât le droit de procéder à des nominations, des mutations ou des permutations dans les rangs des fonctionnaires de première catégorie. Car un tel mouvement administratif, dans de telles circonstances de compétition politique générale, reste une transgression par rapport à l’esprit des lois comme de la démocratie. Dans ce cadre, même une délocalisation des bureaux de vote traditionnels ne peut être effectuée sans effets pernicieux. Selon ces professionnels, s’il y avait un gouvernement neutre ou de coalition, personne n’aurait songé à réclamer le témoignage d’observateurs internationaux, comme cela se fait aujourd’hui, méfiance oblige. Quant à la validité de la représentation, poursuivent ces pôles, elle peut être assurée soit par la petite circonscription, caza, éventuellement même divisé en deux, pour qu’il n’y ait pas plus de cinq ou six députés au maximum par lot. Soit par l’adoption d’une dose de proportionnelle, afin que les minorités ne soient pas écrasées. En tout cas, même avec la proportionnelle, faire du Liban tout entier une seule circonscription, comme le demandent certains, est inadmissible. Car cela serait la loi du nombre confessionnel qui l’emporterait, et non plus le consensus sur lequel se fonde ce pays. Cette formule n’est envisageable donc que dans un système de partis, dont on reste assez loin au Liban. Émile KHOURY
Le président Omar Karamé jure ses grands dieux que le gouvernement va organiser des élections libres dont « la démocratie libanaise pourra être fière ». Walid Joumblatt et une bonne partie de l’opposition lui répondent en réclamant un cabinet neutre. Dans ce sens que le doute est permis quand sur 33 ministres, une bonne vingtaine sont eux-mêmes candidats à la députation....