Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Gemayel dénonce la « prorogation du vide », Souhaid estime que le cabinet « n’est pas capable d’organiser des élections intègres » Sfeir : Quel intérêt avons-nous à aller contre la position de l’Onu ? (photo)

Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a plaidé hier en faveur de l’envoi d’observateurs internationaux pour superviser les prochaines législatives. « Il y aura des témoins, c’est tout (...) Quand on n’a pas peur de tricher, on salue l’envoi d’observateurs », a affirmé Mgr Sfeir, en rappelant que les États-Unis avaient accepté l’envoi d’observateurs pour leurs élections au début du mois. Commentant la 1559, le prélat maronite, qui s’exprimait dans le cadre d’un entretien à Radio-France Internationale, s’est par ailleurs demandé « quel intérêt nous avons à aller contre la position de l’Onu ». Il a en outre estimé que le Liban et la Syrie ont intérêt à « collaborer pour résoudre leurs problèmes communs ». « J’ai toujours demandé que le Liban soit indépendant, souverain et libre de ses décisions lorsqu’il s’agit de ses propres affaires. Mais quand il s’agit d’affaires communes, pourquoi ne pas collaborer avec la Syrie pour résoudre les problèmes ? » a-t-il dit. « Nous ne pouvons ignorer que la Syrie est notre voisine. Nous devons tenir compte des intérêts communs aux deux pays, et personne ne peut vivre en situation d’inimitié avec son voisin », a-t-il ajouté. Mgr Sfeir s’est enfin montré prudent quant à la proposition faite dimanche par l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, concernant la tenue d’une table ronde libano-syrienne sur une « issue honorable » au retrait syrien demandé par l’Onu. « Je ne sais pas dans quelle mesure cela pourrait se faire. Il s’agit de voir quel est l’intérêt de la Syrie à cet égard », s’est-il contenté de dire. La prorogation de la corruption Le patriarche Sfeir a reçu hier l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a commenté le début, ce 24 novembre, de la prorogation du mandat Lahoud: « Il s’agit de la prorogation de la crise et du vide qui existent, ainsi que de la corruption et de tout ce dont le citoyen souffre. Mes propos ne s’inscrivent pas dans une perspective confessionnelle, même si je m’exprime de Bkerké. Toutes les communautés et tous les leaderships politiques sont désormais convaincus que le Liban va vers le chaos s’il poursuit dans le même style. Nous avons besoin aujourd’hui d’un changement radical. Comment se réalisera-t-il est une autre question. En tant que leaders politiques d’opposition de toutes les communautés, nous sommes sur le point de mettre au point un document qui définisse les contours du problème et recherche des solutions libanaises en tenant compte de l’intérêt international pour le Liban ». Concernant la présence d’observateurs internationaux pour les prochaines législatives, le président Gemayel a indiqué : « Tout ce qui se produit actuellement s’inscrit dans le cadre de la falsification, à tous les niveaux. Comment les élections vont-elles se dérouler dans cinq mois alors qu’il n’y a pas de loi électorale ? Sur quelles bases les circonscriptions vont-elles être formées ? Il s’agit là du début de la fraude parce que l’État tient dans ses mains les rênes du pouvoir et sait ce qu’il veut. Il gardera par conséquent l’élaboration de la loi électorale pour la dernière minute et parachutera un découpage électoral pour lequel les candidats ne seront pas prêts. La falsification commence par l’effet de surprise, dans la mesure où le candidat ne peut plus correspondre avec les électeurs : ils ne se connaissent pas. » Sur le fait de savoir s’il a ou non confiance dans le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, Amine Gemayel a répondu : « (...) Ce n’est pas une question de personnes. Le ministre Frangié sera-t-il celui qui va finaliser la loi électorale ou bien, comme d’habitude, celle-ci sera élaborée et fabriquée sur inspiration de l’étranger puis parachuté au Liban ? » Estimant que « la situation dans la région a changé et qu’il n’est plus permis à un État d’exercer son hégémonie sur un autre », M. Gemayel a indiqué que « celui qui ne veut pas admettre ce changement court au suicide ». « Il nous importe que le Liban recouvre son indépendance et sa souveraineté, et rétablisse les meilleures relations avec ses voisins. Nous ne voulons d’antagonisme avec personne, mais nous revendiquons nos droits. La présence syrienne au Liban a presque trente ans d’existence. (...) Qu’ils nous disent quand est-ce que cette présence prendra fin. Que les loyalistes, le gouvernement et ses alliés nous disent quand la Syrie va se retirer parce qu’il est inadmissible que ce retrait soit reporté ad vitam aeternam. La souveraineté libanaise est suspendue depuis plus de 25 ans. N’est-il pas temps que le Liban recouvre son indépendance, ou bien le Syrien désire-t-il rester pour toujours dans notre pays ? » a-t-il poursuivi. L’ancien chef d’État a par ailleurs fait état de pressions actuellement exercées sur le Mouvement réformiste kataëb, estimant que « le retour au siège du parti n’est plus loin ». « Les choses changent. Le Liban va aller mieux, et cela va se faire par le biais du consensus, et non par un choc. Les circonstances sont favorables pour que le Liban retrouve sa libre décision et sa souveraineté. Les situations artificielles, comme la confiscation du parti Kataëb, disparaîtront toutes », a-t-il conclu. « Ce n’est pas une honte » Mgr Sfeir a ensuite accordé audience aux députés de l’opposition Farès Souhaid et Mansour el-Bone, qui ont tenu le patriarche au courant de leur voyage au Canada et aux États-Unis. Appelant le pouvoir à organiser des élections libres et intègres, Farès Souhaid a estimé que la présence d’observateurs électoraux pour surveiller le processus électoral « n’est pas une honte » et que le cabinet n’est pas à même d’assurer le bon déroulement des législatives. « Nous exigeons l’existence d’un gouvernement neutre pour garantir l’intégrité des élections. Au cas où cela est impossible, nous insistons sur la présence nécessaire d’observateurs internationaux pour surveiller le processus électoral », a indiqué M. Souhaid, rappelant que la présidentielle aux États-Unis s’était déroulée en présence de tels observateurs. « Celui qui n’a peur de rien et qui pense pouvoir assurer le déroulement d’élections intègres ne devrait pas du tout avoir peur des observateurs internationaux », a-t-il souligné. « Le cabinet compte plus de 20 candidats. Il est né avec une confiance très précaire et ne bénéficie pas de légitimité populaire, même s’il est question de manifestations de soutien. L’intégrité des élections sera garantie uniquement par la présence d’un cabinet neutre qui surveillerait les législatives », a-t-il précisé, estimant qu’il ne saurait y avoir égalité des chances entre un candidat normal et un ministre qui bénéficie du soutien des services de l’État. Il a également indiqué que « les médias sont contrôlés », que « le Conseil constitutionnel est paralysé » et que « les capitaux sont les partenaires du système ».
Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a plaidé hier en faveur de l’envoi d’observateurs internationaux pour superviser les prochaines législatives.
« Il y aura des témoins, c’est tout (...) Quand on n’a pas peur de tricher, on salue l’envoi d’observateurs », a affirmé Mgr Sfeir, en rappelant que les États-Unis avaient accepté l’envoi d’observateurs pour...