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Des opposants pensent que la 1559 serait appliquée avant même les législatives !

Feltman, tout comme l’Administration Bush dans son ensemble, y va de plus en plus fort dans ses coups de semonce. Il exige le déploiement immédiat de l’armée au Sud, le désarmement du Hezbollah et le retrait des Syriens. Qui doivent, selon lui, établir des relations diplomatiques normales avec le Liban. Il répète que son gouvernement est extrêmement sérieux en ce qui concerne l’application de la 1559. Et, dès lors, des opposants pensent que cette résolution prendra corps rapidement. Avant même l’échéance des législatives, fixée au printemps prochain. Un scrutin qui aurait alors lieu dans des conditions sortant des mauvaises habitudes prises, immixtion syrienne comprise. Les Syriens ne pourraient plus télécommander les résultats, parachuter des listes et des candidats. Il leur resterait sans doute loisible d’exercer des pressions, par téléphone ou par des contacts directs. Mais ce ne serait pas suffisant pour fabriquer une majorité parlementaire à la botte. Ces personnalités répètent inlassablement qu’il n’est pas possible d’organiser une consultation populaire démocratique, libre, en présence de troupes étrangères contrôlant plusieurs régions. Ni, a fortiori, prétendre produire une Chambre vraiment représentative avec une loi électorale tordue, comme on en emploie depuis Taëf. Pour les opposants, si on veut limiter la casse et les marges d’immixtion du pouvoir, il faut adopter la circonscription uninominale ou le caza. Si d’aventure les choses devaient rester en l’état actuel, si aberrant, il n’est pas impossible que des contestataires radicaux lancent un mot d’ordre de boycottage comme en 92, estiment ces sources. Qui craignent, notamment, qu’on n’élargisse encore le champ des abus en décrétant le Liban tout entier comme circonscription unifiée. En effet, même avec une dose de proportionnelle, cela signifierait que la liste du pouvoir serait imbattable et ne pourrait être percée que par de rares chanceux, çà ou là. Ce ne serait plus des bus, comme on dit, mais un supercharter. L’un des artisans de Taëf rappelle que l’on y avait adopté le principe de la parité entre chrétiens et musulmans, quelle que soit la balance démographique. Mais que l’on avait opté pour le mohafazat-circonscription pour pouvoir briser les équilibres et l’égalité. En effet, on compte de la sorte quelque 25 députés chrétiens qui, étant élus par la volonté de chefs de listes mahométans, leur doivent allégeance plutôt qu’à l’électorat de leur communauté. Alors que selon un décompte effectué sous le mandat du président Frangié, le nombre de députés chrétiens élus avec des voix musulmanes égalait sensiblement celui des députés mahométans, élus grâce à des suffrages chrétiens. La différence actuelle en faveur des musulmans s’explique aussi par la réduction sensible du nombre d’électeurs chrétiens, à cause des exodes ou de l’émigration. On sait en effet que les Libanais de l’étranger ne peuvent pas voter. C’est ce qui porte, depuis longtemps, les instances religieuses à demander que des bureaux de vote soient prévus dans les ambassades ou les consulats du Liban à l’étranger. Le recours à la proportionnelle pourrait de même contribuer à atténuer les déséquilibres. Retour à la 1559. Contrairement aux opposants cités plus haut, des professionnels indépendants trouvent hautement improbable qu’elle soit appliquée avant les législatives. Car, selon eux, elle ne saurait connaître un début d’exécution qu’à l’ombre d’un redémarrage effectif du processus de paix régional. Ils ajoutent que le retrait militaire syrien ne signifierait pas que les élections seraient propres. D’une part parce que cela n’a rien à voir avec l’influence politique syrienne, qui reste déterminante avec ou sans troupes au sol. Ces cadres donnent ensuite l’exemple des Territoires où les élections palestiniennes vont avoir lieu sous l’occupation israélienne. Il en va de même en Irak, où les électeurs vont gagner les urnes en présence de l’occupant US. Ce qui a déjà été le cas en Afghanistan. Pour ces sources, l’Amérique se contredit, puisqu’elle accepte que des élections aient lieu sous présence étrangère et le refuse au Liban. Allant cependant encore plus loin, en définitive, que les opposants, ces indépendants avancent que, pour garantir de saines élections, il faudrait que la communauté internationale, qui a placé le Liban sous surveillance, ait son mot à dire sur la loi électorale elle-même, sur le découpage des circonscriptions et sur les mécanismes du scrutin. Cela à travers une commission d’observateurs de l’Onu. Dont un verdict négatif d’irrégularité signifierait que la légitimité de la prochaine Chambre libanaise ne serait pas reconnue. Avec des conséquences en cascade pour le pouvoir libanais dans son ensemble. En tout cas, le récent message du président Bush au président Lahoud, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, est clair. Faisant allusion à la 1559, il confirme que le Liban devrait être le tout premier maillon de la chaîne du changement régional. En écrivant : « Il s’offre au Liban une occasion unique d’être une source première de prospérité et de liberté dans une région soumise à tant de turbulences. Je suis certain que les Libanais sont prêts à assumer cette responsabilité. » De son côté, l’ambassadeur Feltman a annoncé que lors de l’entrevue qu’il compte avoir avec le président Lahoud, il compte lui certifier la ferme volonté de son gouvernement de voir la 1559 appliquée. Émile KHOURY
Feltman, tout comme l’Administration Bush dans son ensemble, y va de plus en plus fort dans ses coups de semonce. Il exige le déploiement immédiat de l’armée au Sud, le désarmement du Hezbollah et le retrait des Syriens. Qui doivent, selon lui, établir des relations diplomatiques normales avec le Liban. Il répète que son gouvernement est extrêmement sérieux en ce qui...