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Actualités - OPINION

ÉCLaIRAGE Le gouvernement doit sans tarder s’engager dans une spirale vertueuse

C’est une question de communication, de confiance. L’opinion est prête à donner sa chance au gouvernement, à condition qu’il s’accorde à lui-même cette chance, par des mesures bien étudiées qui ne soient pas de pure complaisance, faciles en apparence mais impossibles à exécuter. C’est un casse-tête insoluble qu’on a posé au ministre de l’Énergie, Maurice Sehnaoui, en promettant au peuple une baisse du mazout au prix d’une hausse de l’essence. Le Premier ministre a beau démentir ce marché de dupes, ceux qui ont pris connaissance des délibérations du premier Conseil des ministres et entendu, quelques jours plus tard, Adnane Kassar en parler, savent que c’est bien dans cette direction que le gouvernement a réfléchi. C’était donc parler à la légère. Mauvais point. On veut bien passer au gouvernement ce premier flottement, à condition qu’il lui serve de leçon. Il faut que les ministres s’accordent le temps nécessaire pour prendre connaissance de leurs dossiers, et il faut que l’opinion le leur accorde. Le gouvernement a reconnu, en toute modestie et en toute transparence, qu’il est incapable de faire des miracles. Qu’il n’essaie donc pas d’en faire ! Qu’il résiste à la tentation de s’engager dans une spirale dépensière dont il n’a pas les moyens, à seule fin de renflouer sa popularité et de prouver aux députés qu’ils ont eu tort de lui accorder une confiance si étriquée. Certes, l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement ne pouvait pas ne pas être marquée par la satisfaction de certaines revendications en souffrance, que le conflit entre le président Lahoud et Rafic Hariri bloquaient. Ainsi, l’État s’est enfin décidé à échelonner les arriérés qu’il doit à la Sécurité sociale ou à honorer ses engagements envers les contractuels de l’Éducation nationale. Il a annoncé son intention de réduire le prix du mazout et va engager les fonds nécessaires à la construction de stades sportifs à Baalbeck , Saïda et Tripoli. Certes, ce sont des dettes que l’État doit éteindre, des promesses qu’il doit tenir, ne serait-ce que pour donner de lui-même l’image d’un débiteur crédible. Mais tout en rendant justice aux catégories sociales négligées ou lésées, M. Karamé doit garder à l’esprit que ces décisions sont autant d’engagements financiers nouveaux. Le gouvernement doit éviter d’émettre de faux signaux en direction des marchés, en donnant l’impression qu’il engage des dépenses inconsidérées, sans leur prévoir les recettes correspondantes, et en aggravant le déficit du Trésor. Or c’est bien cette image que le gouvernement commence à donner aux organismes économiques. Autrement, les banques, principaux créditeurs de l’État, n’auraient pas pris la peine de le mettre en garde contre une aggravation du déficit budgétaire. Le mot « impression » est utilisé ici délibérément. La confiance repose en effet sur des facteurs subjectifs autant que sur des indicateurs techniques. Ce que le gouvernement doit réussir, par contre, c’est à créer une dynamique de solidarité qui amènerait toutes les catégories sociales à accepter de faire les sacrifices nécessaires au redressement du pays, redressement qui, de toute évidence, est à la fois politique, économique, administratif et...moral. Car qu’est-ce que la corruption, sinon l’autre nom du vol, de la ruse et du mensonge ? Cette dynamique souhaitée est seule à même de donner de l’action gouvernementale l’idée qu’elle est au service de l’intérêt public, et non des étroits intérêts de telle ou telle catégorie. Le gouvernement devrait s’accorder une journée pour permettre aux nouveaux ministres de faire connaissance, de se familiariser avec les procédures, de recevoir quelques instructions indispensables. Le signal en serait certainement positif. Par ailleurs, les ministres de l’Économie, des Finances et du Travail, principaux concernés, devraient rapidement, par une action concertée, engager le dialogue avec les diverses catégories sociales qui attendent , à commencer par la CGTL, en passant par les boulangers, les contrôleurs aériens, pour les persuader que seule une action concertée peut sauver le pays de l’effondrement. Alors, et alors seulement, on pourra demander à la population un surcroît de sacrifices, comme une hausse du prix de l’essence, et le lui faire accepter, au nom d’une solidarité nationale dont on donnerait une image concrète. Fady NOUN
C’est une question de communication, de confiance. L’opinion est prête à donner sa chance au gouvernement, à condition qu’il s’accorde à lui-même cette chance, par des mesures bien étudiées qui ne soient pas de pure complaisance, faciles en apparence mais impossibles à exécuter.
C’est un casse-tête insoluble qu’on a posé au ministre de l’Énergie, Maurice...