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Actualités - CHRONOLOGIE

HISTOIRES GRAPHIQUES - «Une partie de scrabble» et «24 poèmes» parus aux éditions de La CD-Thèque Mazen Kerbaj, d’une poésie noire à un jeu en couleurs(photos)

Avec «24 poèmes» et 2,60 mètres de «Partie de scrabble» en format accordéon de poche, ouvrages publiés par les éditions de La CD-Thèque à l’occasion de Lire en français et en musique, Mazen Kerbaj jette, encore une fois, deux réjouissants pavés dans la mare de la bande dessinée libanaise. Le premier souligne l’entrée, déjà confirmée, du dessinateur dans le monde du texte, en passant à la vitesse supérieure: la poésie. Le fil rouge est à chercher du côté de sa dernière publication, Achèvement, d’après un poème de Laure Ghorayeb (2002), où le texte de la mère et les dessins du fils se retrouvent. « J’écrivais ce que j’ai découvert, un peu plus tard, être des poèmes, il y a un mois et demi à peu près, explique-t-il. Et je voulais prolonger l’expérience précédente. Quand La CD-Thèque m’a proposé de faire paraître une nouvelle BD, j’ai peaufiné l’ensemble tout en écrivant douze autres.» Avec son effronterie habituelle, Mazen Kerbaj avait exigé d’un important éditeur du neuvième art parisien, intéressé par son travail, «une couverture en cuir noir avec mon nom écrit en lettres dorées, à l’ancienne». Réponse immédiatement négative. Peu importe, il obtient gain de cause avec les éditions de La CD-Thèque. Et complique la sauce en décidant de «ne pas dessiner de double page pour prolonger l’absence de continuité entre un poème et un autre». Le résultat est du Kerbaj 100%: blanc et noir avec jets d’encre incorporés, textes ultracourts oscillant entre colère noire, désespoir grinçant et peur bleue de la mort. Quant au trait, il évolue lentement, mais sûrement, vers les trois dimensions, avec un nez, une bouche et un œil en doublon. Les cases, tantôt inexistantes, tantôt coincées sous une plus grande, tantôt hésitant entre la verticale et l’horizontale, se moquent bien de ressembler à quelque chose. Sans aucun doute, les poèmes, dédiés à un mystérieux (?) «monsieur Fernando», sont à la hauteur d’un état d’âme dominé par le broyage intensif du noir et du sarcasme qui voudrait bien pleurer ou cogner, c’est selon. Entre cauchemar et réalité Voilà pour la première tentative de poésie dessinée – ou de dessin poétique, c’est selon –, rondement menée il faut le dire. Dans Une partie de scrabble, «exécuté en quatre nuits à partir du premier dessin, quelqu’un qui se demande quoi faire», changement total, ou presque, l’ironie ayant inoculé tous les outils de travail de l’illustrateur. Celui-ci a simplement suivi le cours, en temps réel, de son imagination, qui a commencé à jouer, «à la manière d’Henri Michaux», avec une poignée de lettres. Cases, mots inachevés, entre cauchemar et réalité, Mazen Kerbaj s’offre un petit passage par un jeu dans lequel, enfant, il excellait. Quelque années plus tard, le jeu n’est plus tout à fait le même, incorporant des souvenirs mêlés à des clowneries. Ici, l’histoire, en couleurs pastel particulièrement acidulées, se lit d’une traite, en dépliant le long accordéon ou double page après double page – encore le jeu. Bref, le scrabble, avec Mazen Kerbaj, ce n’est pas vraiment compliqué: il suffit de quelques lettres et d’une grosse boîte à idées. Les mots se formeront tout seuls. Qui veut jouer? Diala GEMAYEL

Avec «24 poèmes» et 2,60 mètres de «Partie de scrabble» en format accordéon de poche, ouvrages publiés par les éditions de La CD-Thèque à l’occasion de Lire en français et en musique, Mazen Kerbaj jette, encore une fois, deux réjouissants pavés dans la mare de la bande dessinée libanaise. Le premier souligne l’entrée, déjà confirmée, du dessinateur dans le...