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Actualités - OPINION

L’entente au sein du pouvoir va-t-elle surmonter l’épreuve des élections ? Un paravent traditionnel, les labels que se donnent les nouveaux gouvernements

C’est une tradition qui relève du folklore : chaque nouveau gouvernement se donne un label. Dans ce cadre, Omar Karamé décroche la palme du réalisme. Il parle en effet d’un « gouvernement du possible », précisant qu’il s’agit d’un pis-aller. Pour justifier de la sorte, d’avance, tout ce qui ne pourra pas être réalisé. Par contre, le slogan adopté par son propre père, Abdel Hamid Karamé, du temps de cheikh Béchara el-Khoury, était nettement plus ambitieux. Il affirmait en effet avoir formé « un gouvernement de décision » ferme. Les Libanais ont eu droit à une kyrielle d’appellations : « gouvernement de l’indépendance » ; « gouvernement des jeunes » ; « gouvernement de la révolution par en haut » ; « gouvernement du sauvetage et du changement », etc. Évidemment, l’opinion n’en a cure. Car ce qui compte à ses yeux, ce sont les actes et pas les titres ronflants ou les vibrantes promesses. Pour ce qui est des nouveaux Trente, dont le pouvoir se plaît à chanter l’homogénéité, les professionnels se demandent jusqu’à quand ils pourront préserver leur cohésion. Et jusqu’à quand l’entente va continuer à régner entre le président Lahoud et le président Karamé. En effet, il y a loin de la coupe aux lèvres : l’accord sur les têtes de chapitre entre responsables risque d’être rapidement démoli quand il s’agira de leur donner un sens concret. Sans compter que les six ou sept mois alloués à l’équipe de transition actuelle ne lui permettent de réaliser qu’une partie minime de sa déclaration ministérielle. Il lui faut en effet préparer les élections législatives du printemps prochain, puis les organiser, avant de rendre son tablier. Laissant la tâche au cabinet suivant. Cependant, au stade actuel, des observateurs relèvent que le président du Conseil a tout intérêt à ménager le régime. Pour espérer à la fois franchir avec succès le cap des législatives et se succéder au Sérail. Il lui faut donc garder la confiance du président Lahoud. Coopérer, en commençant par l’établissement de l’ordre du jour des Conseils de ministres. Et en finissant par le vote éventuel, au sein de l’Exécutif, sur des sujets litigieux. En somme, les sept mois à venir serviraient de test probatoire pour l’entente entre les présidents, comme entre les ministres. Pour savoir, d’abord, si oui ou non Karamé retrouverait le pouvoir après les élections. Au cas où l’entente devrait perdurer, le régime n’aurait plus d’excuses quant à la réalisation de ses engagements. On sait en effet qu’il a toujours soutenu que le blocage est dû au conflit permanent, pendant quatre ans, au sein du pouvoir exécutif. Il faut remarquer que beaucoup de pôles pensent qu’au cas où Karamé, comme Hariri, devrait se retrouver en conflit avec le régime, la responsabilité en serait imputable au chef de l’État. Dans ce sens qu’on estimerait que, finalement, personne, même pas un Karamé qui est le parangon de la souplesse, ne peut s’entendre avec lui. Dès lors, les mêmes prévoient que le régime aura à cœur de ne pas heurter le président du Conseil et de lui faciliter la tâche, pour ne pas se voir reprocher la reprise du blocage institutionnel. Et pour donner une chance sérieuse au programme commun de réforme. Cela, pour la suite. Pour le moment, un rôle vedette est tenu par Sleimane Frangié qui doit organiser les élections, tournant capital dans la politique locale. Il a les coudées d’autant plus franches que c’est Karamé lui-même, qui est pourtant un adversaire régional, qui a exigé sa présence à l’Intérieur, au détriment d’Élias Murr et du camp lahoudiste. En réalité, ce n’est pas uniquement pour des raisons de fair-play que Karamé a fait son choix. Mais pour éviter que Frangié et son bloc ne passent à l’opposition. Ou ne forment avec le groupe Hariri un axe centriste abstentionniste. Ce qui aurait entraîné pour le nouveau gouvernement un risque accru de ne pas décrocher la confiance à la Chambre. Et, par voie de conséquence une crise aiguë de pouvoir dont le pays n’a que faire. Cette perspective peu réjouissante, ajoutent les sources, a sans doute incité le régime à accepter de se dessaisir de l’Intérieur. Il reste qu’il faut attendre pour voir si l’entente des responsables, mise à l’épreuve des élections, va se maintenir. Si, par exemple, il va pouvoir y avoir des listes unifiées du pouvoir au Nord. Émile KHOURY

C’est une tradition qui relève du folklore : chaque nouveau gouvernement se donne un label. Dans ce cadre, Omar Karamé décroche la palme du réalisme. Il parle en effet d’un « gouvernement du possible », précisant qu’il s’agit d’un pis-aller. Pour justifier de la sorte, d’avance, tout ce qui ne pourra pas être réalisé. Par contre, le slogan adopté par son propre...