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environnement - La lutte se poursuit alors que le ministère se montre rassurant Des criquets pèlerins aperçus dans le Metn et à Beyrouth (photos)

La lutte contre l’invasion de criquets pèlerins, observée depuis dimanche dans la région de Jbeil, s’est poursuivie hier avec succès, comme l’ont affirmé Élie Skaff, ministre de l’Agriculture, et Gino Kallab, président du conseil municipal de la ville. La pulvérisation de pesticides avait commencé à proximité de la citadelle médiévale à partir de lundi, et une campagne de lutte globale a eu lieu hier à l’aube, avec un financement de la municipalité. Mais l’insecte aurait eu le temps de se répandre dans d’autres régions, où la réaction n’a pas été aussi immédiate. Des spécimens ont été vus, en effet, dans le Metn, où ils ont même été signalés dans une école. D’autres ont été observés par des témoins dans des quartiers de Beyrouth, où les habitants, comme à Achrafieh, ont dû fermer fenêtres et portes pour les empêcher de pénétrer dans leurs maisons. Une lutte non généralisée et non organisée, c’est ce que craint Doumit Kamel, président de l’Association des experts internationaux en environnement et en santé, chargé par la municipalité de Jbeil de superviser les travaux de pulvérisation pour l’éradication des criquets. Il prend la menace au sérieux et met en garde contre l’apparition de nouvelles vagues d’insectes au printemps prochain, dont les larves auraient survécu l’hiver, enterrées dans le sol. Autre question qu’on ne peut que se poser : les quantités d’insecticides adéquats sont-elles disponibles au Liban au cas où ce phénomène se prolonge ? Cependant, Louis Lahoud, directeur général du ministère de l’Agriculture, et les responsables de la FAO ont contredit ces prédictions et ont voulu être rassurants : le nombre d’insectes arrivés au Liban n’est pas assez important pour constituer une menace sérieuse, et le climat et la nature du sol ne permettent pas leur reproduction, même s’ils échappent à la campagne de pulvérisation, ont-ils dit. Le ministre Skaff s’est donc montré optimiste hier, déclarant que la situation qui a résulté de l’invasion des criquets est largement maîtrisée. Il a révélé dans un entretien à l’agence al-Markazia que « la lutte a été menée selon les normes définies par la FAO, alors que nous avons élaboré un plan d’intervention urgente avec cette organisation ». M. Lahoud, lors d’une réunion tenue dans la journée en son bureau en présence du représentant de la FAO au Liban, Abdessalam Ould Ahmed, a adopté le même ton rassurant, qualifiant le phénomène de « limité » et appelant les Libanais à ne pas céder à la panique, tout en veillant à contacter le bureau du ministère le plus proche au cas où ils observent la présence du criquet dans leur région. « Ni le climat du Liban ni la nature de son sol ne permettent la reproduction de cet insecte, a-t-il rappelé. Le ministère se prépare à effectuer une tournée sur tout le territoire pour s’assurer que le criquet ne s’y est pas répandu. Quant aux rumeurs qui ont couru au sujet de sa présence dans d’autres régions que Jbeil, nous n’avons pas pu les confirmer par nos tournées sur le terrain. » M. Lahoud a ajouté que même si ses informations ne permettaient pas de déclarer que l’insecte s’est répandu sur le territoire, cela ne signifiait pas qu’on ne pouvait pas l’observer dans certaines régions à l’avenir. « Nous avons un plan d’intervention urgente mis au point avec la FAO et tous les partenaires concernés en cas de besoin, a-t-il insisté. Le ministère est prêt à intervenir à tout moment. » Le directeur général a appelé les habitants à s’assurer que l’insecte observé est bien le criquet pèlerin (de couleur rouge) et à contacter le ministère dans ces cas. Il a ajouté que le bureau régional de lutte contre ce criquet a assuré que cet insecte est inoffensif pour l’être humain, et que le nombre qui est arrivé au Liban est relativement limité. Pour sa part, M. Ould Ahmed a minimisé le sérieux de la menace représentée par les criquets, « venus en groupes dispersés et non en essaims qui couvrent des régions très vastes », selon lui. Il a réaffirmé que les conditions climatiques au Liban n’étaient pas propices à un long séjour de l’insecte ni à sa reproduction. « Dans tous les cas, les moyens de lutte sont disponibles et la coordination est continue entre la FAO et le ministère », a-t-il ajouté. Un autre son de cloche Interrogé par L’Orient-Le Jour sur le déroulement de la lutte contre l’insecte, M. Kamel, qui travaille sur le terrain à Jbeil, relève que « le personnel qui devait être envoyé par le ministère de l’Agriculture pour nous assister dans l’opération de pulvérisation aujourd’hui (hier) à l’aube n’a pas donné signe de vie ». Il a assuré que les efforts se sont concentrés au niveau de la municipalité de Jbeil, qui a pris l’initiative de réagir rapidement au phénomène, et de l’association qu’il préside, qui s’est occupée de l’aspect technique. « Jbeil est dorénavant une ville entièrement propre, souligne M. Kamel. Mais on ne peut pas en dire autant des autres régions. Or des criquets ont été aperçus dans diverses régions du Metn, et même jusqu’à quelques quartiers du Grand-Beyrouth. » M. Kamel soutient, contrairement à l’avis d’autres experts et même du ministère, que la menace est sérieuse. « Ces criquets peuvent se réfugier dans les bois et se reproduire, dit-il. Non seulement il faut s’attendre à l’affluence de nouveaux essaims dans les prochaines semaines, mais on peut craindre de mauvaises surprises au printemps prochain, quand d’éventuelles larves sortiront du sol. » Toujours selon lui, plusieurs nouveaux essaims ont été repérés dans la région de Jbeil hier, dans la matinée et dans l’après-midi. Deux d’entre eux qui se sont posés au sol ont été décimés, a-t-il ajouté. À signaler que l’insecticide utilisé, non nuisible à l’environnement, selon M. Kamel, a une efficacité de 25 jours. Quoi qu’il en soit, à Jbeil, on reste au qui-vive, et les turbines seront prêtes à intervenir à tout moment dans les jours qui viennent, comme l’a indiqué Gino Kallab, président du conseil municipal de Jbeil. Celui-ci s’est félicité du succès de la lutte contre le criquet pèlerin dans sa ville, la principale touchée, « grâce aux campagnes menées par la municipalité et aux directives du ministère ». Il a assuré à L’Orient-Le Jour que « les exploitations agricoles dans notre région n’ont pas été touchées ». « Nous apportons une aide à tous les agriculteurs qui nous contactent, en leur assurant une quantité du pesticide adéquat », a-t-il ajouté. Par ailleurs, Wi’am Wahhab, ministre de l’Environnement, et Farid el-Khazen, ministre du Tourisme, ont participé à la réunion de la Fédération des municipalités de Jbeil qui s’est tenue à ce sujet, pour s’informer sur les efforts d’éradication du criquet pèlerin. Pour sa part, le président de la fédération, Fadi Martinos, a annoncé que 300 litres d’insecticides ont été distribués aux municipalités pour la lutte contre le criquet, notamment dans les exploitations agricoles. Suzanne BAAKLINI Les criquets en Turquie, et Israël en état d’alerte Après avoir débarqué à Chypre et au Liban, les criquets sont arrivés en Turquie mardi, mais en petit nombre et sans grands risques pour les récoltes, selon les autorités locales. « Nous avons aperçu des criquets dans quatre ou cinq villages de la province côtière d’Antalya », a indiqué à l’AFP Bedrullah Ercin, responsable du département local de l’Agriculture. « Nous pensons qu’ils sont originaires du Maroc et ont transité par Chypre » pour traverser la Méditerranée, a-t-il précisé. Les experts dépêchés sur place font état d’une population d’insectes peu nombreuse et plutôt concentrée, selon lui. « Je ne pense pas que les criquets vont être très méchants, car la température a baissé et ils ne devraient pas être en mesure ni de se reproduire ni de causer de grands dommages aux récoltes », a souligné M. Ercin. Selon ce dernier, la décision d’avoir recours à des pesticides ne sera prise qu’une fois que l’évaluation du nombre de criquets aura été réalisée. « Nous connaissons des incidents similaires presque chaque année, nous sommes habitués et ne ressentons aucune inquiétude », a ajouté l’agronome. Par ailleurs, Israël était en état d’alerte hier pour faire face à l’arrivée éventuelle d’essaims de criquets, a appris l’AFP auprès du ministère israélien de l’Agriculture. « Des mesures ont été prises pour combattre les essaims de criquets et nous sommes en liaison permanente avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome, pour suivre l’évolution de ces essaims signalés si près de chez nous », a indiqué à l’AFP un porte-parole de ce ministère. La dernière invasion de criquets en Israël remonte aux années 1950. Rappelons que l’île de Chypre a été durement touchée lundi par les essaims de criquets pèlerins, qui se sont attaqués à ses cultures.

La lutte contre l’invasion de criquets pèlerins, observée depuis dimanche dans la région de Jbeil, s’est poursuivie hier avec succès, comme l’ont affirmé Élie Skaff, ministre de l’Agriculture, et Gino Kallab, président du conseil municipal de la ville. La pulvérisation de pesticides avait commencé à proximité de la citadelle médiévale à partir de lundi, et une...