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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent - Elections Américaines

Tous les regards sont actuellement tournés vers les États-Unis où se déroulent des élections présidentielles qui pourraient changer la face du monde. Au Liban comme ailleurs, politiciens et simples citoyens suivent sur les chaînes satellitaires les moindres développements de cette échéance, mais avec, en plus, une certaine angoisse pour l’avenir, un avenir qui n’avait sans doute jamais été aussi étroitement et ouvertement lié aux décisions du locataire de la Maison-Blanche. Dans le souci de savoir s’il faut ou non attendre un changement quelconque de ces élections, nous avons demandé à l’ancien ministre de l’Information, Michel Samaha, ce qu’il en pense. Observateur lucide et sans complaisance, il sait mieux que quiconque décortiquer les situations complexes, mais il évite avec élégance de se prononcer sur la situation interne. Le linge sale, ce n’est pas son fort. Michel Samaha, ancien ministre de l’Information Q : Pensez-vous que le Liban peut attendre un changement dans la politique américaine à son égard à l’issue des élections présidentielles ? R : « Si John Kerry est élu, la situation du monde entier pourrait changer. En fait, l’approche du monde pourrait être moins doctrinaire. Car ceux qui la décident au sein de l’équipe actuelle n’appartiennent pas à la hiérarchie administrative. Ce sont des conseillers venus de l’extérieur. Et si George W. Bush n’est pas réélu, ils devront être remplacés par des personnalités issues de la hiérarchie traditionnelle et qui seront probablement plus pragmatiques, surtout dans leur vision de la situation au Proche-Orient. Cette nouvelle équipe permettrait une redéfinition des objectifs de la guerre contre le terrorisme, et ouvrirait la voie à une nouvelle approche. De même, la nouvelle équipe s’associerait avec les partenaires des États-Unis, en Europe et partout dans le monde. Ce qui signifierait la fin de l’unilatéralisme affiché actuellement. Enfin, il se pourrait aussi que la nouvelle équipe accepte mieux l’idée de discuter certains sujets sur lesquels l’Administration actuelle rejette tout débat. On pense ainsi à la théorie du choc des civilisations, à des questions de coopération... Et, malgré ce qui se dit actuellement dans le cadre de la campagne électorale, les personnalités qui entourent Kerry connaissent bien le processus de paix dans la région, depuis la conférence de Madrid (1991) à nos jours. Elles sont donc plus à même de saisir les subtilités du conflit arabo-israélien et la complexité de la situation en Irak. Je pense donc qu’avec l’élection de Kerry à la Maison-Blanche, l’Irak et ses voisins seront un peu plus à l’aise dans leur gestion de la situation. Par contre, le cas du Liban et de la Syrie est plus complexe. Il faudra que nous sachions engager un dialogue intelligent avec la nouvelle Administration américaine, plus pragmatique, et tenter de remettre les pendules à l’heure sur les dossiers du terrorisme et du processus de paix. » Q : Si Bush est réélu, serait-ce une catastrophe ? R : « Si Bush est réélu, la situation peut empirer. Les doctrinaires actuellement en place pourront alors se targuer d’une légitimité électorale, là où ils ne bénéficiaient que de celle de la Haute cour. Leur programme est connu : conforter les acquis et continuer sur la même lancée. Si Bush est réélu, je prévois une dégradation des relations avec l’Iran. » Q : Pensez-vous que le nouveau gouvernement libanais pourra gérer une situation internationale aussi critique ? R : « Je l’espère. Je ne peux que lui souhaiter bonne chance et je ne peux pas me prononcer sur sa formation et sur ses projets. » Q : Pourquoi d’ailleurs n’êtes-vous pas membre de ce gouvernement ? R : « Je préfère ne pas répondre à cette question. » Q : Si vous étiez député, auriez-vous accordé la confiance à ce gouvernement ? R : « Je ne suis pas député. Et je ne donne pas d’opinion sur des questions hypothétiques ». Roger Baraké, professeur d’économie, d’histoire et de géographie Q : Pensez-vous que les élections américaines vont changer la face du monde ? R : « Je pense que dans tous les cas de figure, il ne faut pas s’attendre à un changement drastique dans la politique étrangère américaine. Mais personnellement, je mise sur John Kerry, surtout pour relancer le processus de paix dans la région, dans la pure lignée démocrate en général et celle du président Clinton en particulier. De plus, Kerry ne bénéficiera pas de l’appui des multinationales du pétrole, comme c’est le cas de Bush. Je serais en fait très malheureux si Bush était élu, car je suis convaincu que sans la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, il ne faut pas espérer une paix dans la région. Et même si en Irak la marge de manœuvre de Kerry sera assez étroite, (c’est sans doute la raison de sa discrétion sur le sujet), il peut miser sur une percée dans le dossier israélo-palestinien qui aura des conséquences sur la situation en Irak. » Scarlett HADDAD
Tous les regards sont actuellement tournés vers les États-Unis où se déroulent des élections présidentielles qui pourraient changer la face du monde. Au Liban comme ailleurs, politiciens et simples citoyens suivent sur les chaînes satellitaires les moindres développements de cette échéance, mais avec, en plus, une certaine angoisse pour l’avenir, un avenir qui n’avait...