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SÉMINAIRE - Le Liban salué pour ses efforts de lutte contre le blanchiment d’argent Vers la création d’un Gafi régional

Le premier séminaire régional de lutte contre le blanchiment d’argent a clôturé hier à Beyrouth ses réunions, tenues à huis clos à l’hôtel Riviera. Des représentants de pays arabes, mais également d’Arménie, de Turquie, d’Iran et du Pakistan, ont échangé pendant trois jours leurs points de vue et leur savoir-faire dans le domaine de la lutte contre l’argent sale. « L’idée est de sensibiliser les pays participants à l’importance de la question », explique Mohammed Baassiri, président de la Commission spéciale d’enquête créée en 2000 après que le Gafi eut placé le Liban sur sa liste noire. « Depuis que le Liban a été rayé de cette liste, il occupe une place privilégiée parmi les nations qui combattent le fléau du blanchiment », ajoute M. Baassiri. C’est également l’avis des participants internationaux, dont des représentants du département du Trésor américain, de la Banque mondiale, de l’Institut de stabilité financière (FSI) et d’autres. Martin Comley, de la division financière rattachée aux services de renseignements criminels de Grande-Bretagne, estime que « le Liban a fait un excellent travail ». Pour M. Baassiri, il s’agit du fruit d’un travail commun entre la Banque du Liban, la Commission d’enquête spéciale, le Comité national pour la lutte contre le blanchiment d’argent, ainsi que le parquet général et l’ensemble des agents de sécurité. Un Gafi régional Au niveau des mesures concrètes qui seront prises à l’avenir au-delà du cadre national, les participants au séminaire ont discuté du projet de création d’un organisme de lutte contre l’argent sale à l’image du Gafi, qui comprendrait tous les pays arabes et probablement les quatre autres pays participants. L’importance d’un tel organisme réside dans le fait de s’adresser aux problèmes spécifiques de chaque pays et de réunir les efforts en vue d’une lutte plus efficace contre les opérations de blanchiment. De plus, ajoute M. Baassiri, « un Gafi régional permettra aux pays arabes de former un bloc indépendant et fort, capable de prendre ses propres décisions ». Le président de la Commission d’enquête spéciale affirme que Beyrouth a un rôle prépondérant à jouer à ce niveau. « Le Liban peut offrir une aide technique aux autres pays, précise-t-il, que ce soit au niveau de la législation, de son application ou encore de la formation des cadres. » Certes, il reste encore beaucoup à faire. Les débats entre les pays participants ont révélé des lacunes au niveau des législations de certains. Si le Liban a pris des mesures aussi bien au niveau des enquêtes que des contrôles, certains pays n’ont pas encore mis au point des législations adéquates. D’autres viennent juste d’être « blanchis » à l’image de l’Égypte qui a été rayée de la liste noire, il y a environ trois mois. Davantage de coopération donc entre pays arabes, même si, selon M. Baassiri, les opérations de blanchiment d’argent ne sont pas aussi répandues dans la région comme on a tendance à le croire. Le chiffre mondial, lui, est sans équivoque : le blanchimennt représente 5 % du PIB mondial, soit un montant de 1 500 milliard de dollars. Prévention Que de telles opérations soient répandues ou pas, le mot d’ordre reste la prévention. Pour M. Comley, aucun pays ne peut dire qu’il est à l’abri des opérations de blanchiment d’argent. « Le risque est le même que dans le cas de crimes ou d’opérations de vols ou de fraudes », estime-t-il. Il ajoute que si l’on ne recherche pas les « cerveaux » de telles opérations, il est certain que l’on n’aura « rien à déclarer ». M. Comley appelle par ailleurs à mettre en pratique les théories exposées au cours des séminaires et à s’intéresser à la structure de base du secteur financier. « Il ne s’agit pas uniquement d’appliquer la loi mais de prévenir et de “détecter” le crime, souligne-t-il, d’où l’importance de la responsabilité des institutions financières. » M. Comley estime par ailleurs que le public doit être sensibilisé à la question du blanchiment. « Les clients doivent accepter les mesures préventives imposées par les banques et ne pas les considérer comme une atteinte à leur vie privée », souligne-t-il. Il ajoute qu’il est dans leur intérêt que l’argent soit investi au bon endroit et de la bonne manière. D’autre part, M. Comley considère que la lutte contre l’argent sale est un excellent moyen pour combattre la corruption au sein du pouvoir. Et d’ajouter : « Cette lutte est également vitale pour protéger le commerce, la stabilité des marchés et les investissements, d’autant plus que les activités des instances financières internationales sont de plus en plus placées sous le signe de la “stabilité et de la transparence”. » Rana MOUSSAOUI
Le premier séminaire régional de lutte contre le blanchiment d’argent a clôturé hier à Beyrouth ses réunions, tenues à huis clos à l’hôtel Riviera.
Des représentants de pays arabes, mais également d’Arménie, de Turquie, d’Iran et du Pakistan, ont échangé pendant trois jours leurs points de vue et leur savoir-faire dans le domaine de la lutte contre l’argent sale.
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