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Actualités - OPINION

Plus question d’un gouvernement préfabriqué

L’attente mine et sape. Le vrai-faux suspense qui a entouré les tractations à l’Onu autour de la 1559 (et suivante) a mordu sur le climat local d’une manière délétère. Et l’on voit ainsi se dissoudre, dans cet acide, l’équation initiale d’un gouvernement qui serait composé avant même que l’actuel ne rende son tablier. Il faut dire que Nabih Berry a largement contribué à cette démolition, en dénonçant les indispensables tractations préalables (auxquelles il avait lui-même participé !) comme étant une hérésie constitutionnelle. Le troisième homme a de la sorte court-circuité les palabres entre les deux premiers, par crainte sans doute qu’ils ne s’entendent, en lui laissant la plus petite part du gâteau. Des témoins confirment à ce propos qu’on n’a pas considéré avec assez de bienveillance les demandes concernant la participation au cabinet de représentants du mouvement Amal. Ni en ce qui concerne les noms avancés. Ni, surtout, en ce qui a trait aux portefeuilles exigés. Car Berry reprend son ancienne obsession : contrôler les Finances. Soit directement. Soit en pratique. C’est-à-dire que le département serait officiellement attribué à la personne même de Hariri. Mais que cette fois le ministre délégué (titre de Siniora dans un précédent cabinet) appartienne à la mouvance berryiste. Ce qui aurait été une compensation pour l’éventuelle disparition du fameux Conseil du Sud, cette pompe à fric. De plus, contrant les espérances de Berry, Hariri a fait savoir que cette fois, il n’accepte plus que les départements dits des services soient confiés à des ministres appartenant à des partis. Autrement dit, plus d’Électricité pour Amal. Le courant ne passe donc plus entre les deux hommes. Hariri a dû convenir avec Berry que la préfabrication du cabinet doit être abandonnée. Mais c’est pour mieux camper sur des constantes ponctuelles, comme l’exigence que l’ossature de son éventuelle prochaine équipe soit technocratique, surtout pour les départements dits des services. Et que, pour le côté politique, on réserve une représentation indirecte, par le biais de personnalités considérées comme proches, à l’opposition. Notamment à Joumblatt, auquel il tient beaucoup, et à la Rencontre de Kornet Chehwane. Pour émousser justement le mordant d’une contestation qui, pour sa part, refuse toujours absolument de cautionner, par sa présence directe au gouvernement, un pouvoir illégitime à ses yeux. Surtout depuis le fait accompli de la prorogation. Les opposants affirment ainsi qu’ils ne participeront même pas aux consultations parlementaires d’usage. Les loyalistes leur répondent que leur attitude est négativiste, qu’elle va causer du tort au pays. Parce que leur hostilité va pratiquement obliger les autorités à reconduire une formule de gouvernement peu crédible, à l’intérieur comme au-dehors. Manifestement incapable de faire face à la situation régionale ou internationale. Et d’opérer le redressement économique et financier dont le Liban a besoin. Cependant, prenant acte de l’obstination du camp d’en face, ces loyalistes ne cessent (depuis des jours) de clamer qu’il faut former le nouveau gouvernement immédiatement. Même s’il doit rester monochrome, contrairement aux vœux initiaux du régime prorogé. Parce qu’à les en croire, plus on s’enfonce dans le marasme et plus il sera difficile de sortir la tête de l’eau. De laisser au régime toutes ses chances de réaliser ses objectifs de réforme durant la rallonge de trois années qui lui est accordée. Les visiteurs de Baabda confirment, à ce sujet, que le chef de l’État estime qu’un mois et demi après la prorogation, il est désormais grand temps de passer à l’action ministérielle. Il pense que les forces politiques ont eu toute latitude pour définir leurs positions. Et qu’elles ont mal ou peu répondu à ses ouvertures de dialogue, de rassemblement, d’ouverture à tous sans exception, qu’il maintient cependant. En continuant à favoriser, disent ces témoins, la mise sur pied d’un cabinet élargi au sein duquel les principaux courants seraient représentés. Mais les divergences sur la nature, le rôle comme sur la composition du gouvernement persistent. Certains réclament une équipe de confrontation, sans préciser si c’est face aux pressions internationales ou à l’opposition interne. Peut-être les deux, d’ailleurs. D’autres veulent un gouvernement souple. D’autres encore un cabinet de pure transition, puisqu’il devra rendre son tablier au printemps, à l’issue des législatives. À leur avis, les technocrates dont parle Hariri feraient parfaitement l’affaire. Surtout si, avec des représentants de partis triés sur le volet, ils devaient former une équipe de travail bien soudée. Cohérente et au sein de laquelle les portefeuilles auraient été répartis loin de tout esprit de copartage politicien. Quoi qu’il en soit pour l’heure, et malgré d’évidentes difficultés, les observateurs s’accordent pour pronostiquer un retour de Hariri au Sérail. Et pour indiquer que selon toute probabilité, il devrait présenter la démission du gouvernement actuel dans les 48 heures. Philippe ABI-AKL
L’attente mine et sape. Le vrai-faux suspense qui a entouré les tractations à l’Onu autour de la 1559 (et suivante) a mordu sur le climat local d’une manière délétère. Et l’on voit ainsi se dissoudre, dans cet acide, l’équation initiale d’un gouvernement qui serait composé avant même que l’actuel ne rende son tablier. Il faut dire que Nabih Berry a largement...