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Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE - Prochaine création d’un secrétariat général (avec KC et la Gauche démocratique), en attendant le document fondateur commun Le bloc Joumblatt pose une nouvelle pierre dans la construction de l’ « opposition libanaise »

Il est des droits sacrés : le Liban est encore – malgré les tentatives de clonage répétées comme autant de coups de boutoir contre une rachitique carapace de protection, même fragilisée à outrance – la première, la plus évidente des (rarissimes) démocraties proche-orientales et arabes. Ainsi, certains se le demandent, dans les salons ; d’autres l’écrivent, en une de leur journal : « À quoi servent les oppositions libanaises » ; « Disposent-elles d’un plan de sauvetage national » ; « Les individualités qui les composent ne permettraient pas une union sacrée capable de créer le changement » ; « Se mutlipliant par parthénogénèse, par générations spontanées, ces oppositions n’ont pas réussi à se présenter comme un leadership politique crédible, habilité à appeler au changement, sans compter leur capacité à l’installer » ; « Voilà pourquoi la rue, malgré sa tendance spontanée à se retourner vers elles en raison de l’échec du pouvoir, ne suit pas la majorité de ces oppositions ». Etc. Entendre et accepter l’opinion de l’autre est une chose. Nécessaire, incontournable. Cautionner les procès d’intention et la mauvaise foi de ceux d’en face en est une autre. Impossible, inenvisageable. Il n’en demeure pas moins que si les contempteurs de l’opposition nationale libanaise (naturellement bourrée de défauts et de complexes, à l’image de toutes les autres à travers la planète – et notamment les occidentales d’entre elles) attendaient une quelconque réponse à leurs infatigables critiques, ils ont été servis hier. Au-delà de leurs espérances. Puisqu’a été posée, à Clemenceau, au domicile d’un indispensable Walid Joumblatt, en présence des membres d’un des trois blocs parlementaires majeurs, une nouvelle pierre, essentielle pour la construction d’un édifice dont l’inauguration devrait avoir lieu dans les très prochains jours. Cet édifice n’est autre que cette plate-forme commune d’une opposition nationale supracommunautaire et supragéographique, très attendue par la grosse majorité des Libanais. Une opposition seule à même de proposer une alternative, seule à même d’assurer un pouvoir de substitution, maintenant que l’État tutellisé est totalement nu, du dedans (sur les plans politique, économique, sécuritaire, déontologique) comme du dehors (le Liban risque à tout moment d’être en marge de la légalité internationale). Concrètement, le Rassemblement démocratique de Walid Joumblatt a chargé le secrétaire général du PSP, Chérif Fayad, de prendre officiellement contact avec Kornet Chehwane (laquelle, malgré ses faiblesses, a été un véritable moteur) et les autres pôles de l’opposition ayant pris part dimanche dernier au congrès fondateur de la Gauche démocratique. Pour fixer la date à laquelle se réunira (ce devrait être au plus tôt) pour la première fois le comité mixte qui sera chargé d’élaborer un document commun, une synthèse de la déclaration de Clemenceau et des différents communiqués de KC. Un comité (ou secrétariat général) qui sera formé d’une douzaine de membres sera mis sur pied. Il comporte déjà trois membres de KC (Élias Abou-Assi, Chakib Cortbawi et l’universitaire Farid el-Khazen), trois autres du bloc Joumblatt et du PSP (Fouad el-Saad, Bassem el-Sabeh et Waël Bou Faour), ainsi que les deux députés de Baabda membres des deux formations, Salah Honein et Antoine Ghanem. On évoque ensuite Élias Atallah, ancien compagnon de Kamal Joumblatt ; Habib Sadek, le patron du Forum démocratique ; un cadre supérieur du Renouveau démocratique de Nassib Lahoud (l’un des ténors de KC), et peut-être un représentant du PCL. Sachant qu’il ne faudrait pas oublier en chemin, d’une façon ou d’une autre, ceux parmi les 29 hommes d’honneur qui ont refusé de voter l’amendement constitutionnel visant à proroger le mandat Lahoud, et qui ne font pas partie des deux formations parlementaires au cœur de cette nouvelle et salutaire donne. Il y aura, évidemment, heureusement, plusieurs points de divergence au sein de cette opposition – que l’on peut désormais qualifier, indiscutablement, de « libanaise » –, dont le rôle de la résistance ou l’envoi de l’armée au Sud. Mais ces points-là ne font définitivement pas le poids au côté de toutes les convergences – démocratie, libertés, État de droit, justice indépendante, souveraineté, indépendance... – grâce auxquelles cette opposition libanaise peut déjà envisager, une fois lancé son document fondateur, des législatives 2005 avec beaucoup plus de sérénité, quelle que soit la nature de la loi électorale que lui réserve le pouvoir. Comme elle peut envisager également, après cette échéance printanière, la création d’un Front politique élargi, avec ceux d’« en face », étiquetés sans doute un peu trop vite loyalistes éternels. Et ensemble, peut-être pourront-ils entamer une véritable et ultradémocratique campagne contre le pouvoir en place, imposé par le tuteur syrien. Tout cela, bien sûr, à une condition. Que chacun des membres de cette opposition libanaise, quels que soient sa place et son poids sur l’échiquier politique local, défende jusqu’au bout l’union sacrée, indispensable si le but est d’arriver, un jour, au pouvoir. Ce jour-là, et ce jour-là seulement, pourront-ils, s’ils le souhaitent vraiment, jouer aux Chirac-Sarkozy ou au Hollande-Fabius made in Lebanon, et laisser primer les individualités sur le collectif. En attendant, seule une cohésion hermétique pourra les faire avancer – et avec eux le Liban –, indépendamment de toutes les coercitions, les menaces ou les diktats qu’ils pourraient subir. Ziyad MAKHOUL

Il est des droits sacrés : le Liban est encore – malgré les tentatives de clonage répétées comme autant de coups de boutoir contre une rachitique carapace de protection, même fragilisée à outrance – la première, la plus évidente des (rarissimes) démocraties proche-orientales et arabes. Ainsi, certains se le demandent, dans les salons ; d’autres l’écrivent, en une...