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Actualités - OPINION

Spot - L’attente générale émaillée de calculs serrés Un rapport qui conditionne tous les rapports

L’indépendance n’est pas ce que l’on pense. C’est-à-dire qu’elle n’est pas, comme on a tendance à le croire, sœur siamoise de la liberté. C’est-à-dire, aussi, qu’on en trouve généralement peu de traces, même dans les pensées secrètes que l’on sécrète. Un exemple d’actualité : le rapport d’Annan. Les loyalistes espèrent qu’il sera suffisamment complaisant à leur égard. Ce qui leur permettrait de garder le pouvoir pour eux tout seuls. Et de larguer ce slogan de l’union nationale dont ils se servent pour limiter les dégâts de la 1559. En face, les opposants souhaitent un texte dur. Qui leur permettrait de renoncer à leur bouderie, de participer enfin au gouvernement, sans perdre la face. Sous prétexte qu’il faudra bien un cabinet d’union pour amorcer la correction de trajectoire interne devant accompagner le retrait de la Syrie. Bref, personne dans sa tête n’est indépendant du rapport d’Annan. Ici. L’autre versant Car ailleurs, ce n’est pas un centre de faiblesse mais de force qui s’affiche. Une force qui est peut-être autosurestimée, mais qu’il ne faudrait pas sous-estimer. Le rapport d’Annan, et même la 1559, Farouk el-Chareh, tout chef de diplomatie qu’il soit, n’en a cure. Du siège même de l’Onu, à New York, il brave l’organisation et les States. D’une pierre coup double. Sa position d’attaque en résumé : – Tout d’abord, il confirme qu’il n’existe aucun lien entre le récent redéploiement et la 1559. Façon de dire : nous ne tenons aucun compte de cette résolution dite impérative. – En rappelant que ce redéploiement est le cinquième (en cinq ans !), il affirme que la Syrie s’applique à appliquer Taëf. Un Taëf fictif, puisque l’authentique ordonnait le retrait à la date limite de septembre 1992. – En débordant sur la partie libanaise, il lui enjoint de déconfessionnaliser. Faute de quoi, sous-entend-il clairement, Taëf ne serait pas parachevé. Et tant qu’il ne le serait pas, le retrait ne pourrait avoir lieu. – Cette disculpation marque sans doute un progrès par rapport à la logique éhontée, servie localement, qui associe le retrait à la réalisation d’une paix complète au Moyen-Orient. Mais la proposition du ministre syrien prend tout son relief du fait qu’elle s’adresse aux Américains. En effet, il les apostrophe tout de suite après. Pour leur signifier que leurs pressions n’impressionnent pas la Syrie. Ajoutant même qu’en fin de compte, ces exigences vont avoir un effet boomerang sur Washington ! Enchères et en os – Avec aplomb, Chareh continue son défi : au Conseil de sécurité, il lance que la Syrie n’était contre aucun président possible pour le Liban. Affirmant que ce sont le peuple et le Parlement libanais qui ont choisi ! Et s’il y a problème, c’est parce que les Américains ont poussé secrètement à la roue, à partir de rien. – Allant encore plus loin, il réaffirme que le rôle de la Syrie (au Liban) devient encore plus important. Il parle même, carrément, de « collage » ! Pour soutenir que « la Syrie s’est montrée souple, mais ce sont les autres qui s’ingèrent ». – Quant à la 1559, elle a été tout simplement fabriquée, d’après Chareh, pour servir les desseins d’Israël. Il en veut pour preuve suprême que le seul intervenant à la tribune de l’Onu qui ait évoqué cette résolution a été le délégué israélien. – Enfin, Chareh qualifie de « diaboliques » les analyses de « certains Libanais » qui trouvent que la Syrie est dans le pétrin. Il conclut sur une pirouette contradictoire : à l’en croire, il n’est pas possible qu’un pays impose à un autre un vote aussi massif que 96 voix sur 128 ! Cette position de combat est d’autant plus notable qu’elle émane d’un dirigeant syrien qui, par fonction, est censé représenter l’aile modérée, ouverte, du régime. Tout à fait à l’instar d’un Colin Powell aux States. Il faut cependant rappeler que les surenchères de diplomates, le cas échéant, signifient en général qu’ils se considèrent en situation de négociation. Il n’est donc pas déraisonnable de penser que la Syrie espère encore marchander la carte libanaise. Les Américains de leur côté ont fait savoir à maintes reprises qu’ils refusent de traiter. Mais eux aussi attendent le rapport d’Annan. Qui, en définitive, va conditionner en premier lieu les rapports syro-américains. Et, par voie de conséquence, les relations libano-syriennes. Si on peut parler de relations au sein d’un « collage ». J. I.
L’indépendance n’est pas ce que l’on pense. C’est-à-dire qu’elle n’est pas, comme on a tendance à le croire, sœur siamoise de la liberté. C’est-à-dire, aussi, qu’on en trouve généralement peu de traces, même dans les pensées secrètes que l’on sécrète.
Un exemple d’actualité : le rapport d’Annan. Les loyalistes espèrent qu’il sera suffisamment...