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Actualités - OPINION

ECLAIRAGE L’amendement constitutionnel a donné le coup de grâce à la Chambre, estime Honein Le Parlement des années 2000 : au service de l’Exécutif et du tuteur syrien

La deuxième session ordinaire pour l’année 2004 de la Chambre des députés, qui commence le premier mardi suivant le 15 octobre et qui est censée se consacrer, avant tous les autres travaux, à la discussion et au vote du budget, s’ouvrira bien demain, le 19 octobre. Et il est évident que la première séance parlementaire ne sera consacrée, d’aucune manière que ce soit, à la loi de finances 2005. Surtout qu’il se murmure depuis quelques jours, dans les coulisses d’un pouvoir désormais tétraplégique, que dix députés pourraient avoir la lumineuse idée de faire une proposition de loi visant à retirer la confiance au fantomatique gouvernement Hariri, qui n’en finit plus de ne pas pouvoir (ou vouloir) démissionner, en raison de toutes les divergences du monde entre le chef de l’État et le Premier ministre. D’autant plus que des rumeurs ont circulé longtemps, le week-end écoulé, sur une visite éclair à Damas du président de la Chambre, mais que ce dernier, interrogé par notre confrère an-Nahar, a diplomatiquement niée. Il n’en reste pas moins que sur la nature du gouvernement à venir, son volume, la répartition des portefeuilles, les deux hommes ne sont d’accord sur rien, et seul un mot d’ordre ou un fax comportant la composition du nouveau cabinet en provenance de Damas ou de Anjar serait à même de régler le duel. Sauf que la Syrie (en plein dans l’œil d’un cyclone international dénonçant, résolution onusienne et rapport circonstancié à l’appui, sa tutelle sur le Liban) est en train d’essayer de se faire, du moins officiellement, la plus discrète possible dans le maelström de l’Exécutif en pleine guéguerre. Et voudrait éviter autant que faire se peut de donner en mains propres le martinet pour se faire fouetter. Alors sur qui, sur quoi se rabattre pour masquer, même si personne ne sera dupe, les diktats de la tutelle ? Pour jeter aux yeux du monde la poudre, même éphémère, d’une libanisation qui n’a de libanaise que l’apparence ? Instrument idéal : le Parlement. De la même façon que cette institution, une des bases fondamentales du système politique libanais, a été utilisée, abusée, pour voter (du bout des doigts et des lèvres pour la majorité des députés qui ont dit oui) le désastreux amendement de l’article 49 de la Constitution et rallonger de trois ans le mandat d’Émile Lahoud. De la même façon que ses membres, piliers de l’opposition, sont harcelés depuis le 3 septembre pour faire partie du premier gouvernement Lahoud II et légitimer ainsi une prorogation que refusait et que refuse une immense partie des Libanais. Le Parlement, surtout depuis l’an 2000, s’est ainsi mis, bon gré mal gré, au service du tuteur syrien, mais aussi à celui de son bras politique au Liban : l’Exécutif. Personne n’oublie l’insensé épisode du code de procédure pénale, dont l’amendement a été dûment voté, mais qui s’est vu renvoyé place de l’Étoile par la présidence de la République, pour un désamendement qui a dynamité le peu de crédibilitié dont pouvait bénéficier un hémicycle totalement incapable, de surcroît, de questionner, d’interpeller un gouvernement et, pire que tout, de lui demander des comptes. Le voilà donc aujourd’hui sur le point d’être probablement sollicité pour servir de nouveau de cache-sexe à la déliquescence de l’appareil politique et de mettre un terme à une aberrante et ahurissante crise du pouvoir. Sauf que cette crise en question, Salah Honein, membre du bloc Joumblatt et de Kornet Chehwane, « personnellement, n’est pas contre ». Et même s’il sait pertinemment qu’une motion de censure, dans des circonstances idéales, est le moyen le plus à même de provoquer un changement de pouvoir, surtout quand elle émane d’une opposition homogène et qu’elle se base sur une véritable feuille de travail commune, le député de Baabda refuse catégoriquement de cautionner une proposition qui émanerait des reconductionnistes et des prosyriens, et qui serait destinée « à faciliter la tâche du pouvoir ». « L’élection présidentielle du 3 septembre dernier a été le coup de grâce porté au Parlement. Les députés, dans leur majorité, n’avaient eu de cesse de partager leur point de vue avec leur électorat, et ils ont voté dans un sens diamétralement opposé. La volonté de ce Parlement a été subtilisée par les Syriens ; il ne traduit même plus l’opinion de la majorité des députés, alors comment exprimerait-il celle des électeurs, conscients du manque total de crédibilité de cette institution ? Heureusement, les citoyens savent qu’il reste encore quelque 29 parlementaires qui tiennent le coup », souligne Salah Honein. À qui la faute si ce Parlement n’est plus que l’ombre de lui-même, s’il ne joue plus son rôle ? À Nabih Berry ? « Chacun de nous députés est un Nabih Berry. Nous sommes tous des élus du peuple, tous responsables. À nous de ne pas mettre la procuration populaire entre les mains des Syriens. » 29 l’ont déjà fait. Il n’en reste plus que... 99. Ziyad MAKHOUL
La deuxième session ordinaire pour l’année 2004 de la Chambre des députés, qui commence le premier mardi suivant le 15 octobre et qui est censée se consacrer, avant tous les autres travaux, à la discussion et au vote du budget, s’ouvrira bien demain, le 19 octobre. Et il est évident que la première séance parlementaire ne sera consacrée, d’aucune manière que ce soit,...