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Actualités - CHRONOLOGIE

Cérémonie à Rome, hier, en l’honneur de l’ancien directeur général de la FAO Édouard Saouma : L’humanité a besoin d’un immense effort de justice et de solidarité

En reconnaissance des services qu’il a rendus à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pendant près de cinquante ans, dont dix-huit ans en tant que directeur général, et en hommage à son engagement personnel dans la lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde, Édouard Saouma a reçu hier une médaille de l’actuel directeur général de la FAO, Jacques Diouf. La médaille a été remise à M. Saouma, au siège de la FAO, à Rome, à l’occasion des cérémonies de la Journée mondiale de l’alimentation. La FAO lui a décerné cette médaille en témoignage de son estime et de son respect pour sa détermination, ses idéaux, et sa vision d’un monde libéré de la faim et du sous-développement. Nous publions ci-dessous de larges extraits du discours prononcé, à cette occasion, par M. Saouma devant les délégués des États membres de l’organisation, des responsables d’autres organisations internationales et des représentants d’organisations non gouvernementales, en sus du personnel de la FAO : « L’avenir se construit à partir du présent, mais tout part du cœur. Il faut bien constater que, devant une humanité douloureuse, alors que la compassion et la solidarité seraient plus que jamais nécessaires, ce cœur s’est trop souvent endurci. La force dominante, dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’égoïsme », a indiqué M. Saouma, ajoutant que « les dernières années ont été marquées par des drames cruels. Certains d’entre eux sont provoqués par des catastrophes naturelles, mais il arrive trop souvent que les pires tragédies aient pour cause unique ou aggravante l’action de l’homme ». Soulignant que « c’est un lieu commun de dire que tous les problèmes ont pris une dimension internationale » et qu’il « faut bien voir qu’ils prennent aussi une dimension éthique », M. Saouma a relevé : « C’est ce qui fait à la fois la faiblesse et la force des organisations internationales. Elles sont des associations de gouvernements, et leur action ne peut donc être que le reflet des politiques de leurs membres les plus influents – c’est-à-dire, en pratique, de leurs principaux bailleurs de fonds. En même temps, les organisations ont donné la parole à tous les pays, sans en excepter les plus pauvres. Même si leurs gouvernements ne sont pas toujours parfaitement représentatifs, ils expriment les souffrances et les aspirations de leurs peuples », a-t-il expliqué. M. Saouma a noté que « si la structure des institutions internationales fait que les décisions concrètes et contraignantes vont le plus souvent dans le sens souhaité par les puissants, la voix du plus grand nombre se fait surtout entendre à travers des engagements de caractère moral. L’exemple le plus ancien et sans doute le plus illustre nous est offert par la Déclaration universelle des droits de l’homme ». « Je suis fier de pouvoir dire que la FAO compte à son actif quelques réalisations de première importance dans ce domaine. Ses efforts pour codifier l’action des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des sociétés et même des simples particuliers ont souvent pris la forme d’un engagement moral. C’est le cas du Pacte mondial de sécurité alimentaire, qui affirme le droit de chacun à obtenir partout et en tout temps la nourriture dont il a besoin », a indiqué M. Saouma. « Avant de proposer des orientations précises aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales et aux individus, ce texte pose plusieurs principes fondamentaux où l’on peut lire notamment : “La sécurité alimentaire mondiale est la responsabilité commune de l’humanité ; l’exercice du droit fondamental de chacun d’être libéré de la faim dépend en dernier ressort de l’abolition de la pauvreté ; et les aliments ne devraient pas être utilisés comme un moyen de pression politique” », a dit M. Saouma. Il a aussi cité « le code de conduite international pour l’utilisation et la distribution des pesticides et le Traité international sur les ressources génétiques des plantes pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que les déclarations des deux sommets mondiaux de l’alimentation, organisés par la FAO en 1996 et en 2001, qui constituent un véritable engagement moral de la part des pays membres en faveur de la sécurité alimentaire ». « D’ici à une génération, la population du globe aura augmenté de plus de 3 milliards d’habitants, qu’il faudra nourrir, loger, soigner, éduquer et employer. Les États ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour traduire les bons sentiments en volonté politique. L’humanité n’y parviendra pas sans un immense effort de justice et de solidarité », a conclu M. Saouma.
En reconnaissance des services qu’il a rendus à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pendant près de cinquante ans, dont dix-huit ans en tant que directeur général, et en hommage à son engagement personnel dans la lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde, Édouard Saouma a reçu hier une médaille de l’actuel directeur...