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Fléchettes Emmurés, bunkérisés dans les préjugés

Cela fait belle lurette (au fait, quelqu’un la connaît cette Lurette ?) que la mode du langage freudien est passée. On ne parle guère plus, entre amis ou entre ennemis, de complexe. Le terme a émigré vers le commercial, l’immobilier ou le balnéaire. Il faut donc comprendre que les lahoudistes ont quelque mérite à réhabiliter le complexe de supériorité. Et du même coup, double exploit, l’absurde cher à Camus. Ils croient que c’est fini (ils n’ont pas tort, mais pas comme ils pensent). Que Damas, en les bénissant comme un patriarche biblique le faisait pour désigner son successeur, leur a délégué son omnipotence. Qu’ils ont désormais le pouvoir bien à eux, rien qu’à eux. Que les autres, tous les autres, n’ont qu’à s’aligner au sein d’un cabinet dit d’union. À la syrienne, (comme le Front de partis dans ce pays). Ou avec la syrienne, (comme du temps de Nasser). Déchirements larvés – On aurait cependant tort de se gausser de ces prétentions paranoïaques des loyalistes. Parce qu’ailleurs, presque partout ailleurs, c’est le complexe de persécution qui domine. On a reproché à Bachar el-Assad de rouvrir les vieilles plaies de la guerre. En réalité, tout le monde, ou presque, a dormi dessus, sans chercher à vraiment les panser. Trois preuves distinctes parmi bien d’autres : bien avant le discours d’Assad, quand Joumblatt s’est expliqué à la télé, il s’est fait sèchement interpeller par d’ex-partisans chrétiens sur les tueries de la Montagne dans les années quatre-vingt. Et quand il y a eu le meeting pour Béchir, une partie a conspué l’autre, à cause de la guerre Geagea-Aoun. Au Sud, des éléments de deux formations chiites se sont tiré dessus à coups de roquettes à cause d’une commémoration funèbre de martyrs que chacun voulait s’attribuer. Beaucoup de Libanais, beaucoup trop sans doute, n’ont pas réellement fait leur travail de deuil, comme on dit aujourd’hui, par rapport à la guerre. Le problème, sournois, se trouve aggravé par le fait que les jeunes générations se voient transmettre une histoire tronquée. Et prennent parti à l’aveuglette, pour tel héros révolu ou contre tel ennemi obsolète, avec l’ardeur de la jeunesse. Comment tourner la page ? Par une vraie réconciliation générale, répond-on généralement. Pas si simple, quand il y a des mémoires à effacer, une jeunesse à remettre les pieds sur terre. Et des loyalistes qui se croient descendus de la cuisse de Jupiter. J. I.
Cela fait belle lurette (au fait, quelqu’un la connaît cette Lurette ?) que la mode du langage freudien est passée. On ne parle guère plus, entre amis ou entre ennemis, de complexe. Le terme a émigré vers le commercial, l’immobilier ou le balnéaire.
Il faut donc comprendre que les lahoudistes ont quelque mérite à réhabiliter le complexe de supériorité. Et du même coup,...