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Actualités - CHRONOLOGIE

« Faut-il également évoquer l’assassinat de Béchir et le bombardement d’Achrafieh ? » répond A. Gemayel à Assad

L’ancien président de la République, Amine Gemayel, s’est dit « étonné » par l’absence de toute allusion du président syrien Bachar el-Assad, dans son discours, à sa position concernant le rééquilibrage des relations libano-syriennes. Il a également déploré la réouverture du dossier de la guerre du Liban, évoquant à son tour l’assassinat du président martyr Béchir Gemayel et le bombardement syrien d’Achrafieh. M. Gemayel, qui s’est rendu successivement chez l’ancien Premier ministre Sélim Hoss à Aïcha Bakkar, puis chez le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, a répondu à une multitude de questions sur le discours prononcé samedi, à Damas, par le président Assad. « Nous ne concevons pas ce discours sous l’angle d’un message adressé ou non à l’opposition. L’essentiel, c’est le principe qu’il formule. Il y a quelque temps, les propos du président Assad portaient sur le manque de perfection dans les relations libano-syriennes. Il disait qu’il y avait un grand nombre de questions qui nécessitaient une rectification et qu’il s’y consacrerait. Nous avons également entendu des propos de proches du président Assad assurant à leur tour que les relations bilatérales nécessitaient un correctif. Malheureusement, les derniers propos du président n’évoquent pas du tout ce problème, et c’est ce qui nous dérange, beaucoup plus que les détails du discours », a indiqué M. Gemayel. « Si nous entrons dans les détails, nous pouvons remarquer qu’il existe une contradiction avec le discours de feu le président Hafez el-Assad en 1976 sur la crise libanaise. Je ne me souviens pas que quiconque ait proposé aux chrétiens des bateaux pour les faire partir, et les chrétiens ne sont absolument pas prêts à quitter le pays », a indiqué l’ancien chef de l’État. « (...) L’ensemble du peuple libanais désire établir les meilleures relations avec la Syrie, à condition que ces rapports soient bâtis sur le respect mutuel des spécificités de chaque État, de chaque régime, et de la dignité de chacun des deux peuples (...) », a-t-il poursuivi. Interrogé sur la nouvelle « typologie » adoptée par le président Assad, qui fait la différence entre les partisans de la prorogation et de Damas d’un côté et ceux de la 1559 et de l’ingérence étrangère de l’autre, M. Gemayel a répondu : « Celui qui analyse la situation sous cet angle ne connaît pas le Liban ; il pave la voie à une grande explosion dans ce pays. Nous sommes contre cette logique, et estimons que le dialogue doit se poursuivre sur les questions qui doivent être assainies. Il nous faut également nous retrouver autour de constantes libanaises claires. » Et de poursuivre, au sujet de l’éventuelle formation d’un gouvernement de confrontation : « Nous avons dépassé la guerre. La guerre de qui contre qui ? Une guerre contre le peuple libanais ? Le peuple libanais, dans sa grande majorité, a pris position contre la prorogation. Nous savons quelle est la position des références spirituelles, ainsi que celle du Premier ministre. S’agit-il de mener une guerre contre la totalité du peuple libanais ? Contre qui menons-nous une guerre, contre nous-mêmes ? Il est nécessaire de dépasser complètement cette réthorique et de commencer à bâtir la paix au Liban, sans revenir au discours de la guerre, qui ne sert personne. Nul n’en sortira gagnant. » L’assassin de Béchir Concernant les allusions du président Assad à Kamal Joumblatt et aux luttes interlibanaises, l’ancien président a indiqué : « Si jamais nous pouvions ne plus revenir à cette étape, parce qu’elle ouvre plusieurs dossiers... Faut-il évoquer le bombardement d’Achrafieh et de notre maison à Bickfaya, ainsi que le bombardement de plusieurs maisons et l’exil de nombreuses personnes ? Sans oublier les attentats, à commencer par celui qui a coûté la vie à mon frère Béchir ? Nous savons qui est l’assassin, et il n’est pas très loin de la Syrie, puisqu’il est membre du Parti syrien national social. Sans oublier non plus les attentats contre plusieurs leaders. » « Il n’est pas bon pour moi d’évoquer les assassinats de leaders libanais éminents qui se sont produits durant cette période. Je me suffirai de notre affaire, celle de l’assassinat de Béchir, du bombardement d’Achrafieh, et des détenus libanais dans les prisons syriennes. Le temps n’est pas propice pour reparler de cette époque et ouvrir les blessures. Le document que j’ai signé avec le député Walid Joumblatt à Moukhtara (en 2000), puis la visite du patriarche Sfeir dans la Montagne ont tourné cette page. Nous œuvrons tous pour la réconciliation, autrefois bien accueillie par la Syrie. Restons donc dans cette ligne, celle de la réconciliation et du dialogue, parce que c’est celle qui construit la paix libanaise, celle que nous voulons. Nous aurions souhaité ne pas entendre à l’heure actuelle des propos qui ne s’inscrivent pas dans ce cadre », a-t-il poursuivi. Concernant le nouveau cabinet, M. Gemayel a indiqué qu’« il recevra ses ordres de Damas, quel que soit le nombre de ministres qu’il comporte ». « Tant que la souveraineté libanaise n’est pas rétablie et que la décision libanaise est spoliée, on ne peut pas parler de gouvernement », a-t-il précisé. « Nous sommes en faveur d’un gouvernement qui aurait un rôle à jouer dans la détermination des décisions nationales. Un cabinet qui ait sa décision en main et qui incarnerait les aspirations et les intérêts du peuple libanais », a encore souligné M. Gemayel.
L’ancien président de la République, Amine Gemayel, s’est dit « étonné » par l’absence de toute allusion du président syrien Bachar el-Assad, dans son discours, à sa position concernant le rééquilibrage des relations libano-syriennes. Il a également déploré la réouverture du dossier de la guerre du Liban, évoquant à son tour l’assassinat du président martyr...