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Liban-Onu - Washington assure ne pas faire de « marchandage dans un souk » avec la Syrie Les tractations se poursuivront la semaine prochaine à New York sur les suites de la 1559 (photos)

Les tractations se sont poursuivies hier aux Nations unies en vue de l’adoption d’un projet de déclaration présidentielle présenté par la France au sujet de l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Ce projet a été présenté à la lumière du rapport publié la semaine dernière par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan. La lecture de ce projet par l’ambassadeur de France à l’Onu, Jean-Marc de la Sablière, à l’issue de la réunion tenue jeudi par le Conseil, avait donné à penser aux journalistes présents qu’il avait été adopté. Or, un certain nombre de pays membres – les six qui s’étaient abstenus lors du vote de la résolution 1559, le 2 septembre – continuaient à émettre des réserves sur deux points du projet français. D’abord la mention explicite de la Syrie, alors que le texte de la résolution n’évoquait que les « forces étrangères », et ensuite la disposition relative à l’institution d’un mécanisme de contrôle pour l’application de la 1559. Ce sont hier des experts, membres des délégations représentées au sein du Conseil de sécurité, qui se sont réunis pour tenter de mettre au point un consensus acceptable par tous. La réunion a duré près de deux heures sans déboucher sur un résultat, selon les informations en provenance de New York. Les diplomates profiteront du week-end pour mener des consultations avec leurs gouvernements respectifs, puis il est prévu que les experts se réunissent de nouveau lundi ou mardi prochain pour une nouvelle tentative de parvenir à une déclaration commune. À la différence des résolutions, qui nécessitent pour qu’elles soient adoptées un minimum de neuf voix sur les quinze que compte le Conseil de sécurité (et pas de veto de la part de l’un des cinq membres permanents), les déclarations présidentielles (c’est-à-dire émanant du président du Conseil de sécurité) exigent, elles, l’unanimité des quinze. Pour le moment, la France et, avec elle, les États-Unis semblent vouloir s’en tenir à une déclaration qui aurait pour fonction d’éclaircir et de compléter une résolution déjà existante, la 1559. En cas d’impossibilité de parvenir à un consensus général, rien n’empêcherait que Paris et Washington ne s’orientent vers l’adoption d’une nouvelle résolution qui, parce qu’elle serait plus facile à obtenir, pourrait être plus sévère encore que la 1559. Des sources diplomatiques citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, soulignent à cet égard la détermination des États-Unis et surtout de la France d’aller de l’avant et d’obtenir un nouveau texte plus explicite que celui de la résolution déjà votée. Si le projet de déclaration présidentielle ne passe pas, précisent ces sources, il sera procédé à la convocation du Conseil de sécurité pour le vote d’une deuxième résolution qui, cette fois-ci, exposerait dans le détail les aspects laissés délibérément vagues dans le texte précédent. Parmi les nouvelles dispositions que comporterait cette résolution, la formation d’une commission de contrôle chargée de suivre de près l’application des exigences formulées à l’adresse de la Syrie et du Liban. C’est bien entendu pour éviter d’en arriver là que la diplomatie libanaise s’active en tous sens depuis des semaines, jusqu’ici sans grand succès. L’échec le plus important enregistré par Beyrouth (et, subséquemment, par Damas) réside naturellement dans ses efforts en direction de la France. Loin d’être à la traîne des États-Unis dans cette affaire, Paris semble au contraire être la véritable locomotive dans le processus en cours, entraînant dans son sillage non seulement Washington, mais ce qui est peut-être plus grave encore pour le Liban : toute l’Europe. Beyrouth a ainsi échoué dans ses tentatives d’obtenir que le projet présenté au Conseil de sécurité ne mentionne expressément la Syrie et aussi qu’il fixe au secrétaire général le soin de présenter un rapport sur la 1559 tous les six mois, à l’instar du mécanisme en place pour le renouvellement de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban). Au lieu de cela, le texte français à l’étude prévoit un rapport dans deux mois et les suivants chaque trimestre. Pour les sources diplomatiques citées par notre correspondant, le pessimisme est donc de rigueur. Ces sources ne s’attendent évidemment pas à une intervention militaire des Nations unies au Liban, mais certainement à un redoublement des pressions politiques en direction de Beyrouth et de Damas. Washington ne veut pas « boycotter » Lahoud Tout en soulignant les difficultés rencontrées par Paris et Washington à faire passer des textes plus durs que la 1559 à New York, le vice-président du Conseil, Issam Farès, n’a pas écarté, quant à lui, que des pressions soient exercées par les deux capitales sur les autres membres du Conseil pour les amener à changer de position. « Or, du fait de leur puissance et de leur position, la France et les États-Unis sont capables de renverser la situation en leur faveur », a-t-il relevé dans une déclaration à la presse. De son côté, l’assistante du secrétaire d’État adjoint américain pour le Proche-Orient, Elizabeth Debble, a réaffirmé hier la détermination de son pays à mettre un terme à l’influence de la Syrie au Liban. Interrogée par Radio-Sawa, une station arabo-américaine, Mme Debble a rejeté en bloc les réponses du Liban et de la Syrie au rapport Annan, notant qu’elles n’étaient « pas nouvelles ». « Nous pensons avec force que le Liban doit être libre de toute influence étrangère et, en l’occurrence, de l’influence syrienne », a-t-elle dit. La responsable américaine a réaffirmé que Washington n’avait pas l’intention de « boycotter » le chef de l’État, Émile Lahoud. « Pour le moment, nous attendons de savoir comment sera le prochain gouvernement » libanais, a-t-elle ajouté. À la question de savoir si les États-Unis seraient susceptibles de réduire leurs pressions au sujet du Liban si la Syrie coopérait avec eux sur l’Irak, Mme Debble a répondu (en arabe) : « Nous ne faisons pas ici de marchandage dans un souk. » « Cette question est très importante pour nous et je vous rappelle que l’intitulé complet de la loi du “Syria Accountability Act” est : “Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act” », a-t-elle conclu. À Beyrouth, l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, et celui de Grande-Bretagne, James Watt, ont pour leur part réaffirmé hier la volonté de leurs pays de voir la résolution 1559 appliquée. Le Premier ministre, Rafic Hariri, a reçu à Koraytem MM. Feltman et Watt, avec qui il a évoqué les développements sur la scène régionale et les relations bilatérales. À l’issue de sa rencontre avec M. Hariri, M. Feltman a déclaré : « Le Premier ministre m’a demandé de venir le voir. Il m’a posé des questions sur les discussions entre les membres du Conseil de sécurité de l’Onu. Je lui ai indiqué que les consultations sont toujours en cours, que les États-Unis restent engagés à voir la résolution 1559 appliquée et que nous œuvrons avec nos partenaires au Conseil de sécurité à cet effet. » Quant à M. Watt, il a indiqué que le Premier ministre l’avait convoqué « parce que la Grande-Bretagne occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité ». « Nous sommes responsables de l’ordre du jour, des discussions et du timing de ces dernières concernant la résolution 1559. J’ai discuté avec M. Hariri des dernières étapes de ces discussions. La Grande-Bretagne continuera à œuvrer pour l’exécution de cette résolution. En tant que président du Conseil de sécurité, nous œuvrerons pour parvenir à une décision le plus tôt possible », a-t-il dit.

Les tractations se sont poursuivies hier aux Nations unies en vue de l’adoption d’un projet de déclaration présidentielle présenté par la France au sujet de l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Ce projet a été présenté à la lumière du rapport publié la semaine dernière par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan.
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