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Actualités - CHRONOLOGIE

Le mystère le plus complet règne autour de la visite de Hariri à Damas, Kornet Chehwane à Bkerké Le nouveau cabinet relégué au second plan en attendant le Conseil de sécurité

À première vue, toutes les éventualités restent ouvertes au niveau de la formation du nouveau gouvernement, même celle du cabinet d’unité nationale. Tel est l’état d’esprit, optimiste à outrance, qui prévalait hier dans les cercles politiques, d’autant que, depuis son retour de son bien mystérieux périple damascène de lundi, le Premier ministre, Rafic Hariri, s’est emmuré dans un silence hermétique, absolu. Ainsi, les théories concernant un nouveau round de tentatives de M. Hariri pour former un gouvernement d’union nationale avec l’opposition allaient bon train hier, au moment même où les émissaires du Rassemblement de Kornet Chehwane (les mêmes qui avaient été reçus lundi à Koraytem), MM. Samir Abdel Malak, Antoine Ghanem et Gebrane Tuéni, qualifiaient de « difficile » toute participation au nouveau cabinet et rappelaient leurs constantes à partir de Bkerké, où ils ont rencontré le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir. Les trois membres du rassemblement ont tenu Mgr Sfeir au courant des résultats de leur rencontre avec le chef du gouvernement et de leur dernière entrevue avec le chef du PSP, Walid Joumblatt. À l’issue de la rencontre, M. Tuéni a rappelé que Kornet Chehwane avait deux conditions pour participer au gouvernement : d’abord, la nécessité d’un programme clair et précis (comprenant la libération de Geagea et le retour de Aoun, a souligné hier Antoine Ghanem) pour que la nouvelle équipe ministérielle puisse démarrer forte d’un projet complet, pour sauver la situation. Ensuite, l’aspect représentatif du cabinet, qui devrait regrouper, pour Kornet Chehwane, le plus de fractions politiques, notamment opposantes. « M. Walid Joumblatt est un allié essentiel de Kornet Chehwane dans la bataille que nous avons menée contre la prorogation, qui a été imposée par la force. Lorsque nous avons senti que le député Joumblatt était réticent aux propositions du président Hariri (...), il est devenu très difficile pour le rassemblement de participer dans les conditions actuelles, où tout paraît trouble », a indiqué M. Tuéni. Concernant la position du patriarche Sfeir, le journaliste a indiqué: « Mgr Sfeir a dit à plusieurs reprises qu’il était favorable à l’unité nationale qui regroupe tout le monde pour sauver le pays. Tant qu’il n’y a pas de projet et que la participation de tous n’est pas assurée, cela veut dire qu’il n’y a pas d’unité nationale. » « C’est l’État qui boycotte l’opposition, d’autant que, en tant que rassemblement, nous avons été vers l’autre et avons tenté de parvenir à un accord. Walid bey et nous-mêmes avons un projet complet, tandis que l’État n’en a aucun. Nous avons une position claire au sujet de la 1559, la légalité internationale et Taëf. C’est pourquoi s’il y a quelqu’un qui refuse de prendre en compte un point de vue, c’est bien l’État, qui persiste dans ses agissements », a souligné Gebrane Tuéni. « Nul des membres du rassemblement ou du groupe de Walid bey n’aspire à être ministre. Les postes ne nous intéressent pas. Chez certains, tout au contraire, c’est pathologique. Nous somme attachés à nos constantes nationales et nos positions, que nous prenons au sérieux. Bkerké est également attaché à ces positions. Si elles sont appliquées, l’unité nationale sera réalisée », a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Nous ne formons pas les gouvernements. Apparemment, cela est formé “en haut”, puisqu’après notre réunion, le président Hariri s’est dirigé immédiatement à Damas. Avec ça, ils prétendent que la Syrie ne s’ingère pas dans le processus gouvernemental. » Évoquant enfin l’attentat qui a visé Marwan Hamadé, M. Tuéni a mis l’accent sur la portée symbolique de ce crime, dont le but était de porter atteinte à la réconciliation et à l’unité interlibanaise. Dans le même cadre, le Forum démocratique, réuni hier à huis clos, a décidé de prendre position aujourd’hui contre toute participation au gouvernement. Et la Gauche démocratique, l’un des partenaires principaux de Kornet Chehwane et de Walid Joumblatt au sein du front d’opposition, a publié hier un long communiqué appelant à « corriger l’erreur de la prorogation », et estimant qu’il fallait opter pour un vrai dialogue fondé sur Taëf, « loin de la logique de la force et du fait accompli, qui est aujourd’hui d’usage ». Le Conseil de sécurité et Hariri Il reste que, dans les milieux politiques de tous bords, on convenait hier que tous les regards étaient désormais tournés vers le Conseil de sécurité, où doit se discuter, à partir de jeudi, le rapport Annan sur la 1559. Par conséquent, laissent entendre certaines sources, toute la question du gouvernement serait reléguée au second plan, voire carrément gelée, au moins jusqu’à la fin de la semaine, dans l’attente des résultats de la réunion de New York. Reste à savoir quel type de gouvernement émergera de la crise politique actuelle, d’autant que le cabinet d’unité nationale est renvoyé aux calendes grecques. Des sources proches de Baabda indiquent, dans ce sens, que la tendance irait à la formation d’un gouvernement qui ne serait pas « provocateur », et qui regrouperait « des hommes dignes de confiances et respectés par toutes les parties ». Une équipe pour les neuf prochains mois (jusqu’aux législatives) dont les objectifs seraient le projet de budget et la loi électorale, cette fois représentative, pour que le pouvoir rallie à sa cause l’opposition. Et ces sources d’ajouter : « Il n’y a aucune raison que le président Hariri refuse de former ce cabinet. Sauf s’il a d’autres considérations. » Une question qui fait partie du mystère entourant actuellement M. Hariri. Surtout que, selon des sources proches du Premier ministre, « il y aurait de sérieuses chances qu’il ne dirige finalement pas le nouveau gouvernement ». Une seule chose semble quasi certaine : il faudra attendre la fin de la semaine pour savoir quel sera le choix, dans tous les cas difficile et coûteux, du seigneur de Koraytem. Michel HAJJI GEORGIOU
À première vue, toutes les éventualités restent ouvertes au niveau de la formation du nouveau gouvernement, même celle du cabinet d’unité nationale. Tel est l’état d’esprit, optimiste à outrance, qui prévalait hier dans les cercles politiques, d’autant que, depuis son retour de son bien mystérieux périple damascène de lundi, le Premier ministre, Rafic Hariri,...