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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Onu - Farès évoque un texte « modéré », Obeid un document « extrémiste » Les milieux officiels à Beyrouth et Damas profondément divisés sur le rapport Annan

Le texte du rapport publié vendredi dernier par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, au sujet de la résolution 1559 du Conseil de sécurité a suscité des réactions contradictoires au sein même des milieux officiels tant en Syrie qu’au Liban. Depuis samedi matin et jusqu’à hier soir, les commentaires émanant de responsables et de sources officielles à Beyrouth et à Damas se succèdent et – c’est un euphémisme – ne se ressemblent pas. Cette cacophonie traduit non seulement un manque de coordination entre les divers responsables dans chacun des deux pays et entre eux, mais aussi un réel embarras et peut-être même des désaccords au sujet des indications contenues dans le rapport. M. Annan avait notamment relevé dans son texte que les exigences formulées par la résolution 1559 n’avaient pas été satisfaites à la date du 30 septembre. Le secrétaire général n’a pas émis de recommandations particulières, se contentant d’énumérer les faits à l’intention du Conseil de sécurité. Selon certaines informations, ce dernier se réunirait jeudi prochain pour examiner le rapport et décider des suites à donner. À Beyrouth, on apprenait de source informée hier soir que le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, comptait entreprendre aujourd’hui, lundi, des contacts avec le chef de l’État, Émile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri, afin d’étudier la possibilité de l’envoi, avant jeudi, d’un mémorandum aux Nations unies détaillant la position du Liban à l’égard du rapport. Pour cela, il faudra d’abord surmonter les contradictions apparues au sein même du gouvernement et à Damas. La première réaction était parvenue samedi de la capitale syrienne, par le biais d’un responsable des Nations unies à Beyrouth. Selon Najib Freiji, directeur du centre de l’Onu au Liban, « les autorités syriennes ont informé l’envoyé spécial de l’Onu au Proche-Orient, Terjé Roed-Larsen, qu’elles considéraient le rapport de Kofi Annan comme honnête et équilibré ». M. Freiji a indiqué que ce jugement avait été notifié à M. Roed-Larsen « durant la nuit alors qu’il se trouvait à New York », et que celui-ci avait « transmis le message à M. Annan ». Dans ce message, les autorités syriennes ont « remercié (le secrétaire général de l’Onu) et se sont engagées à poursuivre la coopération avec le Conseil de sécurité et M. Roed-Larsen sur la base de la résolution 1559 ». Plus tard dans la journée, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, tenait un discours diamétralement opposé sur une chaîne de télévision arabe. « Lorsque le secrétaire général dit que la Syrie et le Liban n’ont pas mis en œuvre la résolution (1559), c’est la plus grande preuve que son rapport est erroné », a déclaré sans plus de précisions M. Mouallem lors d’un talk-show sur la chaîne al-Jazira. Il a indiqué que Damas apporterait prochainement une réponse formelle aux propos de Kofi Annan. Ne tenant visiblement pas compte des propos de M. Mouallem, le quotidien officiel syrien as-Saoura soulignait, dans son édition d’hier, que le rapport de M. Annan était « basé sur les réalités ». « Le monde entier a suivi avec intérêt le rapport du secrétaire général de l’Onu qui est basé sur des réalités. Il a rappelé les accords syro-libanais qui ont organisé et légalisé la coopération militaire entre les deux pays », écrit as-Saoura. Selon le journal, « le rapport évoque le rôle des forces syriennes (déployées au Liban) qui ont permis à ce pays de retrouver la sécurité et la stabilité ». Au Liban, les commentaires contradictoires ont opposé hier le vice-président du Conseil, Issam Farès, au chef de la diplomatie, Jean Obeid. M. Farès, rappelle-t-on, avait présidé la délégation libanaise qui avait pour tâche de défendre la position de Beyrouth face à la 1559, lors de la session de l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre, à New York. M. Obeid était l’un des membres de cette délégation. C’est le député du Akkar qui a donné le premier son de cloche en estimant que le rapport de M. Annan n’était « pas mauvais ». « Le rapport n’est pas mauvais et a présenté les choses telles qu’elles sont », a indiqué M. Farès au quotidien arabe al-Hayat. « Je n’ai pas trouvé le rapport mauvais ou extrémiste malgré les pressions qui ont été exercées sur le secrétariat général (de l’Onu) pour qu’il soit dur », a-t-il ajouté. Telle n’est certainement pas l’opinion de M. Obeid qui, quelques heures plus tard, critiquait sévèrement le document onusien qu’il a qualifié d’« extrémiste ». « Le rapport d’Annan sur le Liban et la Syrie est extrémiste et exagéré alors qu’il fait la part belle à Israël et ignore les violations » israéliennes de la souveraineté libanaise, a déclaré à la presse M. Obeid. « Nous aurions souhaité que le rapport soit plus juste, précis et profond », a-t-il ajouté. En soirée, M. Farès revenait à la charge dans deux interviews à la LBC et le Manar et enfonçait le clou en jugeant le texte de M. Annan « modéré » et « équilibré ». « D’une première lecture du rapport, il ressort qu’il s’agit d’un texte modéré et équilibré, prenant en considération la teneur des discussions conduites à New York par la délégation libanaise, et comportant un exposé des réalités », a déclaré M. Farès. « Nous aurions souhaité qu’il n’y eut pas d’ingérence dans nos affaires intérieures, mais le rapport ne comporte pas d’accusations injustes », a-t-il dit.
Le texte du rapport publié vendredi dernier par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, au sujet de la résolution 1559 du Conseil de sécurité a suscité des réactions contradictoires au sein même des milieux officiels tant en Syrie qu’au Liban.
Depuis samedi matin et jusqu’à hier soir, les commentaires émanant de responsables et de sources officielles à Beyrouth...