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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Des sources diplomatiques s’attendent à un rapport ferme du secrétaire général des Nations unies Les Américains poussent en direction d’une seconde résolution « plus musclée »

C’est vrai que la salle des Nations unies ne semblait pas pleine lorsque le président de la délégation libanaise, le vice-Premier ministre, Issam Farès, a prononcé le mot du Liban, mais les chancelleries occidentales ont rapidement étudié et évalué le contenu de ce discours, le premier à s’adresser à l’ensemble de la communauté internationale après l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Selon un diplomate européen en poste à Beyrouth, ce discours est d’ailleurs important dans la mesure où il sort de la langue de bois dans laquelle les thèses libanaises se sont enfermées ces derniers temps. Après les premières protestations et les cris à l’ingérence internationale dans les affaires internes libanaises qui ont suivi l’adoption de la 1559, c’est une réaction plus subtile et plus pragmatique qu’a offerte mercredi M. Farès à la communauté internationale. Dans son discours, il a ainsi attribué les réserves libanaises à une question de « timing » et non à des divergences sur le principe même du retrait total des troupes étrangères du Liban. Le diplomate précité précise que M. Farès a aussi demandé une entrevue avec le président américain, George W. Bush, pour pouvoir lui expliquer un peu plus directement la position du Liban. D’ailleurs, la décision de demander à Issam Farès de présider la délégation libanaise à l’Onu n’était pas fortuite. En principe, le chef de l’État, Émile Lahoud, devait le faire à sa place, et le président du Conseil, Rafic Hariri, devait se rendre aussi à New York pour participer au sommet sur la pauvreté. Mais lorsque Lahoud a renoncé à se rendre à l’Onu, Hariri a annulé sa participation au sommet sur la pauvreté pour éventuellement présider la délégation libanaise à l’Assemblée générale des Nations unies. Mais finalement, le choix s’est porté sur Farès en raison de ses contacts au sein de l’Administration américaine, et avec George Bush père en particulier, qu’il avait d’ailleurs invité au Liban. Toutefois, son rendez-vous avec le président américain n’est pas encore acquis et, selon le diplomate européen, l’ambassade américaine à Beyrouth essaie décrypter les raisons qui poussent Farès à solliciter une entrevue avec le président américain. Si elle est destinée à la consommation locale et a pour objectif de diffuser la photo de la poignée de main entre les deux hommes, il y a peu de chances qu’elle ait lieu. Par contre, si M. Farès a des éléments nouveaux à apporter sur la position libanaise, et même syrienne, elle pourra avoir lieu. L’équipe de Roed-Larsen a déjà entamé ses investigations Pour l’instant, donc, les Américains seraient en train de tester les véritables intentions syriennes. Et si le redéploiement, même partiel, des troupes syriennes est considéré comme un indice positif, il reste insuffisant pour convaincre les Américains que les Syriens sont réellement déterminés à modifier leur politique au Liban et dans la région. Selon le diplomate susmentionné, l’équipe de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Roed-Larsen, a déjà entamé ses investigations à Beyrouth pour étudier le degré d’application des points prévus dans la résolution 1559. Notons dans ce cadre que des associations impliquées dans le dossier des détenus libanais en Syrie auraient tenté d’inclure ce dossier, qui reste en suspens, dans le rapport du secrétaire général des Nations unies. Mais l’équipe de M. Roed-Larsen a refusé de le faire, préférant s’en tenir strictement aux points cités dans la résolution 1559. M. Roed-Larsen serait attendu à Beyrouth la semaine prochaine. Ce serait aussi dans ce contexte qu’il faudrait placer le recours préparé par dix députés contre l’amendement de la Constitution qui a permis une rallonge de trois ans au président Lahoud. Cette démarche aurait donc été effectuée dans le but de marquer l’opposition des parlementaires à la reconduction, en prévision du rapport de M. Annan, mais il n’était pas question de le présenter devant le Conseil constitutionnel pour ne pas prendre le risque que ce dernier ne valide l’amendement, lui donnant ainsi une certaine légitimité légale. Les raisons invoquées pour la non- présentation du recours étaient certes différentes, basées sur le fait que le mandat de ce Conseil a été lui aussi prorogé et qu’il est sous influence politique. Mais selon le diplomate, le but réel était d’influer sur le rapport final des Nations unies. Maintien des pressions sur la Syrie En réalité, et toujours selon le diplomate européen, à part l’initiative du redéploiement syrien, aucun des points de la résolution n’a été exécuté, et en tout cas, il n’y a jusqu’à présent aucun signe sérieux dans ce sens. C’est pour cette raison qu’il faudrait s’attendre à un rapport négatif, voire musclé, afin de bien montrer à la Syrie que, cette fois, la communauté internationale ne se contentera pas de demi-mesures ou de poudre aux yeux. Car, toujours selon le diplomate, la grande nouveauté de cette résolution est que ce qui était des revendications américaines, et qui avait été présenté aux autorités syriennes et libanaises par le secrétaire d’État américain Colin Powell est devenu désormais des revendications internationales, avec une couverture de l’Onu. Selon le diplomate, en dépit des déclarations positives à la suite de la rencontre Powell-Chareh, les Américains continueraient à pousser dans le sens de l’adoption d’une seconde résolution qui citerait, cette fois, nommément les troupes syriennes présentes au Liban. La France serait d’accord, mais les Américains tentent de convaincre les Russes et les Chinois de ne pas utiliser leur droit de véto. Le climat général serait donc à la poursuite des pressions en les augmentant. À moins que, en un court laps de temps – puisqu’il ne reste pratiquement plus qu’une dizaine de jours avant la publication du rapport Annan –, les diplomaties libanaise et syrienne parviennent à faire des miracles et à retourner la situation... Scarlett HADDAD
C’est vrai que la salle des Nations unies ne semblait pas pleine lorsque le président de la délégation libanaise, le vice-Premier ministre, Issam Farès, a prononcé le mot du Liban, mais les chancelleries occidentales ont rapidement étudié et évalué le contenu de ce discours, le premier à s’adresser à l’ensemble de la communauté internationale après l’adoption de la...