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Actualités - CHRONOLOGIE

Les préparatifs du redéploiement se poursuivent au sud de Beyrouth L’armée syrienne prend son temps

L’armée syrienne a poursuivi hier, pour le deuxième jour consécutif, un retrait limité de ses troupes du sud de Beyrouth, dans le cadre de son cinquième redéploiement. Au cours de la journée d’hier, les soldats syriens s’apprêtaient à évacuer certaines positions à Doha (Aramoun). Néanmoins, jusqu’en fin d’après-midi, aucune évacuation totale des positions concernées n’avait été signalée et aucun soldat syrien n’avait traversé la frontière vers la Syrie. « Les opérations se poursuivent pour achever le redéploiement du sud et du sud-est de Beyrouth », a affirmé un haut responsable de l’armée libanaise qui a requis l’anonymat. Le retrait concerne les localités de Doha (Aramoun), Choueifate, Khaldé et Damour, a-t-il précisé, soulignant que « l’opération, qui se limite à ces régions, prendra quelques jours ». En milieu de journée, une trentaine de camions et une quinzaine d’autobus syriens vides ont traversé le poste-frontière de Masnaa et se sont dirigés vers le sud de Beyrouth pour retirer les troupes et le matériel de ce secteur. Vers midi également, des camions remorques, chargés de blindés, ont été vus entre Khaldé et Doha. Certaines sources citées par l’agence al-Markaziya ont indiqué qu’une deuxième étape de ce redéploiement est prévue dans les prochaines 48 heures. Il s’agirait d’un retrait progressif du Liban-Nord, du Metn et de la Békaa. Le redéploiement porte sur quelque 3 000 soldats dont la plupart doivent regagner la Syrie, avait affirmé mardi dernier un haut responsable militaire libanais, estimant à environ 15 000 hommes le nombre de soldats syriens qui resteraient présents au Liban après ce redéploiement, le cinquième depuis 2001. Les autorités syriennes et libanaises ont présenté ce redéploiement limité comme entrant dans le cadre de l’application d’une des clauses des accords de Taëf. Pourtant, selon cet accord, un repli total syrien de Beyrouth, du Mont-Liban et du Liban-Nord, vers la Békaa, aurait dû intervenir en 1992. Les habitants de Mrouj, de Dhour Choueir et du Bois de Boulogne sceptiques Sur le terrain, au Metn, les habitants de Dhour Choueir, du Bois de Boulogne et de Mrouj ont accueilli les informations des dernières 48 heures avec beaucoup de scepticisme. Depuis juin 2001, date du premier redéploiement syrien, la population attend que ces villages soient évacués. En vain jusqu’ici. Ces régions, connues à la fin des années soixante pour être un important lieu d’estivage, ont perdu beaucoup de leur splendeur au fil des ans… Depuis 1976, les militaires syriens font partie du paysage de cette région. Certains habitants profitent de la situation ou demeurent indifférents. D’autres ont la rage au cœur. « Au lieu que leur nombre se réduise au fil des ans, les soldats syriens ne font qu’augmenter. Au cours des deux premiers redéploiements, en juin 2001 et mars 2002, plusieurs unités ayant quitté Beyrouth et d’autres régions du Metn se sont installées ici. Comme si ceux qui étaient déjà là ne suffisaient pas », raconte Émile, un sexagénaire de Mrouj. « Une bonne partie des forces spéciales syriennes stationnées à Monte Verde et Beit Mery est arrivée chez nous en 2002 », ajoute-t-il. Jean, qui ne s’est jamais résolu à quitter le village pour s’installer ailleurs, renchérit : « Il ne faut pas oublier que depuis 1990, dans cette zone du Metn, le nombre des soldats syriens n’a fait que croître. » La trentaine, le jeune homme se souvient avec amertume du 13 octobre 1990 quand « la colonne de blindés qui entrait dans les régions chrétiennes s’étendait de la place de Mrouj jusqu’à l’entrée de Dhour Choueir ». Jean, Émile et d’autres qui refusent de dévoiler leur identité citent aussi les positions syriennes de Douar et de Mar Moussa. Elles avaient été enlevées à l’armée libanaise après la capitulation du général Michel Aoun sans jamais être restituées. Ils parlent de l’artillerie, du matériel et des munitions, surtout des canons 155 et des roquettes B7, en possession de l’armée syrienne. « Sur la route principale, on ne voit rien, il faut aller dans les forêts de pin pour remarquer tout ça, Tallet Leila, à Mrouj, plusieurs zones du Bois de Boulogne, Tallet Tamraz à Douar, ou encore entre Mrouj et Khonchara dans le périmètre de l’hôtel Moukarzel », indiquent-ils. Émile, peintre en bâtiment, s’emporte. Il en a « assez de voir les Syriens bénéficier de la priorité des emplois dans la région, les membres des services de renseignements se mêler à la foule à la place du village, ou encore les groupes de soldats syriens, chaque hiver, se rassembler autour d’un sommier en métal pour se réchauffer ». Il explique : « Pour vaincre le froid, les troupes syriennes branchent des câbles aux poteaux électriques, ils relient ensuite ces câbles à l’une des extrémités du sommier à ressorts, qui fait l’effet d’une gigantesque chaufferette. » L’ancien hôtel Moukarzel entre Mrouj et Khonchara. Selon les habitants, « l’endroit est classé zone militaire et les bâtiments de l’hôtel et leur périmètre constituent la plus importante position syrienne de la région ». Abdo habite non loin d’ici. Il montre un bout de la route principale. « Le barrage de l’armée syrienne est resté là durant 22 ans. Puis un beau jour, ils ont décidé de démonter la guérite, mais ils n’ont pas quitté la région pour autant », s’insurge-t-il, évoquant les unités de soldats qui s’entraînent par centaines, régulièrement, sur la route principale. « Ils choisissent les week-ends et les jours fériés pour sortir dans la rue toutes armes dehors, comme s’ils devaient prouver qu’ils existent », dit-il. « Ils sont là depuis 28 ans. Alors que tout le Liban s’est reconstruit et que la guerre s’est achevée, les stigmates laissés par la guerre sont toujours présents chez nous », lance-t-il, en parlant des dizaines de villas et d’hôtels qui abritent toujours les troupes syriennes. Depuis 48 heures, les habitants de Mrouj, du Bois de Boulogne et de Dhour Choueir guettent le mouvement des troupes... Émile et Jean, eux, ont perdu espoir. « S’ils allaient partir, on l’aurait su. En tout cas, ils ont tellement d’armes et de munitions dans la région que leur redéploiement prendrait facilement une semaine », indique Jean. À Dhour Choueir, un habitant affirme ne pas vouloir commenter ce redéploiement. « Si je parle, ils ne partiront plus », dit-il superstitieux... Patricia KHODER
L’armée syrienne a poursuivi hier, pour le deuxième jour consécutif, un retrait limité de ses troupes du sud de Beyrouth, dans le cadre de son cinquième redéploiement. Au cours de la journée d’hier, les soldats syriens s’apprêtaient à évacuer certaines positions à Doha (Aramoun). Néanmoins, jusqu’en fin d’après-midi, aucune évacuation totale des positions...