Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Spot - Les peurs rentrées conduisent à la déraison Bref inventaire de quelques erreurs d’aiguillage

Il n’est pas plus sûr allié du loup que le réalisme mal compris de l’agneau. Un sens trop aigu des rapports de force accroît la faiblesse des dominés. Et les conduit, petit à petit, à se construire une politique contraire à leurs droits. Comme au droit tout court. Un martien qui débarquerait sur nos rives serait abasourdi par l’illogisme surréaliste, irréaliste, du réalisme officiel. Quelques exemples rapides, basiques, de contradictions : – L’implantation. On la rejette obstinément. Au point, soutient le Liban, que sans extraction des réfugiés de ce pays, tout projet de paix régionale serait torpillé, coulé. Comme une vulgaire coquille de noix par un puissant destroyer. Des rodomontades de matamore pitoyables autant que risibles. Parce que le fait accompli est déjà là, bien visible. Personne en effet ne veut du retour. Ni l’Israélien, qui craint le surnombre. Ni l’Américain, pour qui l’État hébreu doit pouvoir dominer sans encombre l’environnement. Ni même Arafat, qui n’a pas de place, les Territoires accusant déjà la plus forte densité démographique du monde. Dans ces conditions, le prologue de la Constitution libanaise, qui prohibe l’implantation au même titre que la partition, prend figure de roupie de sansonnet. Pour dire vrai, il y a une dizaine d’années, le pouvoir en place, moins alourdi de chaînes, avait timidement suggéré qu’on pourrait garder une partie des Palestiniens, moyennant un substantiel dédommagement de plusieurs milliards de dollars. Le reste serait redistribué entre des pays arabes en quête de main-d’œuvre bon marché et des continents à peupler, comme le Canada ou l’Australie. On avait ensuite fait machine arrière, pour pondre, hypocritement, le décret des naturalisations. Dans lequel se sont engouffrés, avec les Palestiniens, tous les repris de justice de la planète ou presque. Façon de traiter le mal par un mal pire. D’autant que les camps étaient en même temps gratifiés d’une parfaite extraterritorialité. Qui en a fait, en même temps, un nid à serpents armés de tous horizons. Et, pour la population vraiment civile, un pitoyable ghetto d’inhumanité. Pire que les réserves d’Indiens en Amérique ou que les favellas brésiliennes. – Chebaa et la 425. L’enclave est syrienne, au regard de la loi internationale. D’ailleurs la Syrie, sans le reconnaître ouvertement, sans doute par tactique, ne le nie pas. Puisqu’elle n’a jamais voulu accomplir les formalités de cession requises par l’Onu. Qui, en 2000, suite au retrait israélien du Liban-Sud occupé, a officiellement proclamé l’application complète de la 425. Avec l’aval, l’aveu et la signature du gouvernement libanais de l’époque. La 425 n’est donc plus qu’un fantôme. Un de plus, dans ce pays qui, aux dires de Joumblatt, en est surpeuplé. – Par voie de conséquence, le refus de déployer l’armée au Sud, et de s’accrocher au Hezbollah, est également illégal. Et de plus illicite, puisque la Résistance libanaise prétend libérer également le Golan, voire la Palestine. C’est là l’un des fondements, faut-il le rappeler, de la 1559. Qui sur ce point précis (alors qu’on peut en discuter pour la présidentielle) n’est pas du tout un abus d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays. Car, comme on le souligne à Beyrouth même, la mission du Conseil de sécurité est de veiller à la sécurité, à la paix internationales. Donc à ne pas permettre à un pays, et encore moins à une organisation, de s’activer militairement pour peser sur un dossier extérieur. – Chacun chez soi, et pour soi uniquement, en somme. La 1559 le rappelle également pour ce qui est de la présence militaire syrienne ici. Nos officiels répondent que cela ne regarde personne d’autre qu’eux et les Syriens. Pratiquement, physiquement dirions-nous, cela se tient. Mais pas du tout légalement. Car Taëf, matrice de cette présence, garde aux yeux de l’Onu valeur de traité international multilatéral et non bilatéral. Le document a été en effet paraphé, ou cautionné, par plusieurs parties. Dont l’Onu, les USA et les pays arabes. Qui étaient convenus d’un retrait global, à l’exception de quelques points d’appui militaires de stricte caserne dans la Békaa, à la date limite de septembre 1992. Mais, objectera-t-on, cela fait 12 ans que le monde ferme les yeux sur la transgression. N’y a-t-il pas là à la fois prescription et droit acquis ? Non, répond l’Onu. Car s’il y a eu tolérance, elle peut être en droit interrompue à tout moment. – Enfin, mais il est inutile de s’étendre là-dessus, les évêques et Joumblatt, entre autres, s’en chargeant fort bien, il est évident que le coup de force du 3 septembre est doublement illégal. Sur le plan intérieur, ou plutôt interné. Et sur le plan extérieur, si peu libanais. J. I.
Il n’est pas plus sûr allié du loup que le réalisme mal compris de l’agneau. Un sens trop aigu des rapports de force accroît la faiblesse des dominés. Et les conduit, petit à petit, à se construire une politique contraire à leurs droits. Comme au droit tout court.
Un martien qui débarquerait sur nos rives serait abasourdi par l’illogisme surréaliste, irréaliste, du...