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Actualités - OPINION

ÉCLaIRAGE Une plate-forme serait en gestation pour rassembler toutes les forces qui se sont opposées à la prorogation Vers l’émergence d’un front commun d’opposition

Certains observateurs, et pas des moindres, se frottent les mains de satisfaction depuis l’amendement constitutionnel et la prorogation du mandat Lahoud. À juste titre, d’ailleurs. Ce que les municipales avaient complètement défait, déconstruit, défragmenté, la rallonge de trois ans accordée au président Émile Lahoud est en train de le ressouder progressivement. Pourtant, seuls quelques mois – quatre pour être précis – ont séparé les deux échéances. La candidature du président Lahoud à un second mandat, l’amendement constitutionnel en deux temps trois mouvements et le vote de la place de l’Étoile ont constitué trois actes d’un même opus qui a rendu à l’opposition – transcommunautaire, donc nationale, cette fois – un élan inéspéré qui semblait perdu pour très longtemps. Cette conjonction d’éléments, avec, en bonus, un hasard international favorable, ont conduit à un retour sur le terrain politique de la dynamique initiée en 2000-2001, qui avait débouché (en août 2001) sur la réconciliation de la Montagne entre le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, et le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. L’axe mythique de la Montagne (druzo-maronite, mais désormais ouvert sur toutes les autres composantes libanaises) avait ensuite été brisé par les événements du 11 septembre 2001. Aujourd’hui, trois ans après le choc du World Trade Center, toutes les forces se sont repositionnées sur le terrain et recherchent désormais une plate-forme commune qui pourra les unir dans l’étape actuelle. Aussi, les concertations vont-elles bon train entre les différents courants de l’opposition, avec une volonté de coordination rendue nécessaire par les circonstances que traverse le pays. Et l’opposition a surtout une « botte secrète » : elle a réussi à créer et à raffermir progressivement une véritable dynamique du centre en l’espace de quelques années sur la scène politique. Une dynamique qui se manifeste désormais à travers l’axe qui regroupe le Forum démocratique, la Gauche démocratique (avec, en tête, Élias Atallah), le Parti socialiste progressiste et la Rencontre démocratique (le bloc joumblattiste), le Renouveau démocratique, et le Rassemblement de Kornet Chehwane. Ainsi, le seigneur de Moukhtara a-t-il présidé hier une réunion de son bloc parlementaire à son domicile, rue Clemenceau, orientée sur la création d’un vaste front d’opposition. Pour le chef du PSP, la prochaine démarche sera d’essayer de rassembler le plus de forces vives possible, notamment les 29 députés qui ont dit « non » à un Lahoud bis, autour du document en dix points rendu public par la Rencontre démocratique, avant l’amendement constitutionnel. Par conséquent, la participation au gouvernement ne fait, pour l’instant, pas du tout partie des priorités de Joumblatt, s’il faut en croire les affirmations, hier, du député Alaeddine Terro à l’agence al-Markaziya. Et, souligne-t-on dans les milieux joumblattistes, la position de fond de Walid bey n’a pas changé: il est en faveur d’une entente syro-libanaise sur une ligne de défense stratégique commune, notamment sécuritaire et militaire, mais sans que cela ne signifie pour autant que Damas doive s’ingérer à tous les niveaux de la vie politique, pour nommer à tout bout de champ des fonctionnaires, des responsables, des gouvernements et « des présidents de la République ». Même son de cloche du côté du Rassemblement de Kornet Chehwane, du Forum démocratique, du Renouveau démocratique et de la Gauche démocratique, au sein desquels le mot d’ordre est toujours « la bataille continue », jusqu’à ce que « les décideurs reviennent sur l’erreur générée par l’amendement ». Selon des sources au sein de Kornet Chehwane – dont le secrétariat général doit se réunir jeudi au bureau de M. Gébrane Tuéni –, l’étape suivante est effectivement orientée vers la création d’un front commun d’opposition avec une très vaste panel de participants. Au programme immédiat : une relance de la pétition pour la préservation de la démocratie et la défense de la Constitution, et « un élargissement de la plate-forme commune à tous ceux qui sont opposés à l’état de fait actuel, notamment la société civile et les étudiants ». Et d’ajouter que cette plate-forme commune sera définie à partir d’une synthèse de l’ensemble des documents politiques qui ont vu le jour depuis l’an 2000 : le manifeste des évêques maronites de septembre 2000, les documents fondateurs de Kornet Chehwane, du Forum démocratique, du Renouveau démocratique et de la Gauche démocratique, l’Appel de Beyrouth, les dix points de la Rencontre démocratique et le dernier appel des évêques maronites. Mais cette nouvelle dynamique de l’opposition ne se limite pas à ce qu’il est convenu d’appeler le « nouveau centre politique », et la messe à la mémoire de l’ancien président Béchir Gemayel, aujourd’hui, doit être l’occasion de refaire « pratiquement » la jonction avec Mme Solange Gemayel et surtout avec le Courant patriotique libre (CPL-aouniste). Le meeting pour honorer – sans contrefaçons – la mémoire de Béchir Gemayel revêt cette fois une signification importante, toute particulière, pour le front d’opposition en gestation. Ce n’est pas un hasard si les organisateurs ont choisi cette année (outre l’allocution de Solange Gemayel) de donner la parole, durant le meeting, à l’ancien président Amine Gemayel, au député Farès Souhaid (pour Kornet Chehwane), à Élias el-Zoghby (pour le CPL) et à Joe Sarkis ou Farid Habib (pour les Forces libanaises). Une initiative d’ailleurs saluée hier dans un communiqué par l’ancien chef de la section estudiantine des FL, Salmane Samaha. Pour reprendre les termes mêmes employés par Nadim Béchir Gemayel à L’Orient-Le Jour : « C’est l’image d’un Béchir symbole d’ouverture, d’unité, de coordination et de dialogue que nous voulons mettre en évidence. » Une opposition certes novice, toujours en voie de formation, mais qui devra bientôt faire preuve de maturité et de pragmatisme pour affronter les prochaines échéances. Notamment les législatives de 2005. Au Liban, les élections sont souvent le fossoyeur de la solidarité et des nobles causes. Michel HAJJI GEORGIOU
Certains observateurs, et pas des moindres, se frottent les mains de satisfaction depuis l’amendement constitutionnel et la prorogation du mandat Lahoud. À juste titre, d’ailleurs. Ce que les municipales avaient complètement défait, déconstruit, défragmenté, la rallonge de trois ans accordée au président Émile Lahoud est en train de le ressouder progressivement. Pourtant,...