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Actualités - CHRONOLOGIE

Encore une mise en garde de Burns contre toute immixtion dans les affaires politiques libanaises Beyrouth et Damas minimisent l’importance du nouvel avertissement américain (photo)

Au terme d’un entretien samedi avec le président Bachar el-Assad à Damas, le secrétaire d’État adjoint américain, William Burns, a explicitement averti la Syrie de ne pas intervenir dans « le processus politique du Liban », lui enjoignant de retirer ses troupes du pays. « Le temps est venu pour des actions concrètes », a-t-il dit. Mais les responsables libanais et syriens se sont employés au cours du week-end à minimiser l’importance de ces propos, en insistant particulièrement sur le fait que MM. Assad et Burns se sont contentés de « survoler » le dossier libanais, leurs discussions étant « principalement axées sur l’Irak », et que l’émissaire américain avait donné lecture, au cours de sa conférence de presse, d’un texte « qui était préparé à l’avance » et qui « ne reflétait pas le côté positif de l’entretien bilatéral ». Mais que M. Burns ait ou non préparé à l’avance le texte de sa conférence de presse ne change rien à la teneur ou à la force du message adressé par Washington à Damas : « Nous avons souligné notre profonde préoccupation, a déclaré le secrétaire d’État adjoint américain, à propos de l’intervention de la Syrie dans le processus politique libanais et réitéré notre exigence, conforme à la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, que la Syrie mette fin à ses ingérences dans les affaires intérieures du Liban, retire ses troupes de ce pays et permette aux forces armées et au gouvernement libanais d’établir leur autorité sur tout le territoire. » « (...) Si la Syrie agit sur ces dossiers, notre relation prendra une tournure différente avec des résultats positifs pour tous. Mais je voudrais finir en réaffirmant notre message principal : le temps est venu pour des actions concrètes », a-t-il déclaré. Les autorités syriennes ont pris soin, après l’entretien Assad-Burns, de minimiser l’importance du dossier libanais et du ton employé par le responsable américain durant sa conférence de presse. « Les deux parties syrienne et américaine ont donné la priorité et une importance extrêmes à la question irakienne » lors de ces entretiens, soulignait samedi un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères, laissant ainsi entendre que les deux hommes ne se sont pas attardés sur le dossier libanais. Entretien Samaha-Chareh Le ministre syrien de l’Information, Ahmed al-Hassane, devait à son tour affirmer hier, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue libanais, Michel Samaha, que M. Burns a « discuté (avec les responsables syriens) de questions portant en premier lieu sur la situation en Irak et n’a pas formulé de demandes ». M. Samaha, qui doit rentrer aujourd’hui de Damas, avait été reçu par le chef de la diplomatie syrienne, Farouk el-Chareh, avant de tenir une réunion de concertations avec M. Hassane. Celle-ci a été suivie d’une conférence de presse conjointe au cours de laquelle M. Samaha a souligné, en réponse aux questions de la presse, que « les propos de M. Burns ne comportaient pas d’avertissement » à la Syrie. « Le communiqué qu’il a lu était préparé à l’avance. Il ne reflète pas les discussions » qu’il a eues avec M. Assad, a-t-il ajouté. Les entretiens syro-américains ont été « positifs et stimulants. Il y a des signaux de progression » dans les relations entre les deux pays, a poursuivi M. Samaha. À l’instar de son homologue syrien, il a insisté sur le fait que les rapports entre Beyrouth et Damas sont régis par le Traité de fraternité, de coopération et de coordination, et se fondent sur les intérêts stratégiques communs, « dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance des deux pays et à travers leurs institutions respectives ». Selon M. Samaha, « tous ceux qui abordent le thème des rapports libano-syriens doivent savoir qu’ils se mêlent d’affaires en rapport avec la souveraineté de chacun des deux États », en allusion aux pressions exercées sur la Syrie et le Liban. Soulignant la coopération libano-syrienne notamment dans le domaine de la sécurité, il a indiqué que Beyrouth « n’a pas l’intention de prendre des risques pour mettre en danger la stabilité dans le pays ». Le ministre a en outre jugé normal que Beyrouth et Damas renforcent leurs rapports et le degré de coopération entre eux, « à la suite de l’attaque visant leurs relations, sans que cela ne soit considéré comme un défi contre quiconque ». Il a insisté sur le fait que la résolution 1559 appelant au retrait de toutes les forces étrangères du Liban ne concerne que l’État libanais, « surtout que le texte ne fait pas mention de la Syrie ». Interrogé sur un éventuel redéploiement des troupes syriennes stationnées au Liban, il a répondu en affirmant « ignorer qui a fait circuler ces informations ». « Je crois que la question n’était pas posée (...) », a ajouté le ministre, soulignant qu’un tel redéploiement « était tributaire des besoins sécuritaires du Liban et de la Syrie, ainsi que d’un accord entre les deux pays ». De son côté, le ministre syrien a fait valoir que « les analyses, les déclarations et les conclusions auxquelles certains sont parvenus avant et après la prolongation du mandat du président Lahoud (...) ne reflètent pas la vérité en matière politique ». Il a critiqué la 1559, estimant que cette résolution ne peut, « juridiquement et politiquement, imposer une tutelle internationale sur le Liban, passer outre ses institutions législative et exécutive, et ignorer le Traité de fraternité, de coopération et de coordination qui confirme la communauté de destin libano-syrienne face aux dossiers régionaux et internationaux ». M. Hassane a cependant souligné qu’en dépit de cette résolution, présentée par Paris et Washington au Conseil de sécurité et visant implicitement la présence syrienne au Liban, « Damas reste attaché à son amitié avec la France ». La position de Paris « n’aura pas de conséquences sur les relations franco-syriennes qui sont solides », a assuré le ministre syrien en jugeant « nécessaire de dialoguer avec le gouvernement français pour dissiper les malentendus ».
Au terme d’un entretien samedi avec le président Bachar el-Assad à Damas, le secrétaire d’État adjoint américain, William Burns, a explicitement averti la Syrie de ne pas intervenir dans « le processus politique du Liban », lui enjoignant de retirer ses troupes du pays. « Le temps est venu pour des actions concrètes », a-t-il dit. Mais les responsables libanais et syriens...