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Actualités - OPINION

perspectiveS Les circonstances de la prorogation ont accentué une double crise de confiance endémique Les trois défis majeurs du second mandat Lahoud

«Nous sommes au seuil d’une nouvelle étape dont le leitmotiv sera de tourner la page du passé et de regarder vers l’avenir. Nous devons œuvrer pour la réconciliation et déployer des efforts pour rapprocher le citoyen de l’État. » Au lendemain du très controversé vote du Parlement visant à amender l’article 49 de la Constitution, le président Émile Lahoud a tenu à donner le ton en affirmant qu’il plaçait la rallonge de son mandat sous le signe de « l’ouverture ». Effectivement, le régime a fort à faire à cet égard s’il désire – réellement – contrebalancer quelque peu les effets du véritable gâchis qui a marqué cette échéance présidentielle. Au plan libano-syrien, d’abord. Nul ne peut nier en effet que le comportement de Damas, qui a imposé au pas de charge la prorogation, a constitué une grave atteinte à la dignité nationale des Libanais, et plus particulièrement des responsables politiques. Ce diktat – il faut appeler les choses par leur nom – n’a fait qu’accroître un ressentiment vis-à-vis du pouvoir syrien qui était déjà largement répandu, comme l’a reflété à ce propos le « cinquième appel » des évêques maronites, publié le 1er septembre. De l’aveu même du ministre Sleiman Frangié, le communiqué des prélats a bel et bien mis en relief ce que pensent les chrétiens d’une manière générale (et sans nul doute une grande partie des autres Libanais), concernant les rapports avec Damas. Or les circonstances qui ont entouré la prorogation du mandat présidentiel ont démontré l’énorme capital de confiance dont jouit le général Lahoud auprès des dirigeants syriens. Le chef de l’État est donc le mieux placé pour amener ces derniers à prendre des initiatives concrètes visant à résorber ce climat de suspicion qui caractérise la perception qu’une très large fraction de l’opinion publique a des relations avec la Syrie. Puisque l’amendement de l’article 49 a été motivé par les impératifs des « relations stratégiques » avec Damas, Baabda devrait à plus forte raison œuvrer maintenant à assainir et équilibrer ces relations afin, précisément, de les consolider. Car si le pouvoir syrien souhaite entretenir des rapports « privilégiés » avec le Liban, il se doit de gagner, d’abord, la confiance de la population, avant celle des dirigeants. Deuxième défi que le général Lahoud est appelé à relever : « rapprocher le citoyen de l’État », pour reprendre ses propres termes. Là aussi, la réalisation d’un tel objectif nécessite de gros efforts et l’adoption de mesures concrètes et rapides. Car il serait superflu d’expliciter à quel point la confiance est perdue entre les Libanais et l’État. Comme l’a si bien souligné le député Nassib Lahoud, la Constitution a été, en quelques années, modifiée à trois reprises... « pour une seule fois et à titre exceptionnel »... Comment le pouvoir (quel qu’il soit) peut-il encore demander à ses citoyens de lui faire confiance et de respecter les lois ordinaires lorsqu’il fait montre, lui-même, d’aussi peu de considération pour la Loi fondamentale. Sans compter l’instrumentalisation et la politisation de la justice, dénoncée non plus seulement par l’opposition, mais aussi par des ténors de l’establishment politique en place. Autre objectif que s’est fixé le général Lahoud : la « réconciliation ». Les jours et les semaines à venir permettront de préciser davantage cette déclaration d’intention. Si le but recherché est de rétablir les ponts uniquement avec Rafic Hariri et Walid Joumblatt, cela ne ferait que perpétuer le statu quo ante, alors qu’il serait plus essentiel de s’attaquer aux véritables causes de la crise interne et du déséquilibre national qui entretiennent une atmosphère d’instabilité chronique depuis près de quinze ans. Dans leur cinquième appel, les prélats maronites ont, une fois de plus, mis le doigt sur la plaie à ce sujet en déplorant qu’une partie des Libanais (entendre les chrétiens) continue de se sentir marginalisée par le pouvoir central du fait de la partialité et de l’approche militaro-sécuritaire qui caractérisent le comportement des dirigeants et des « décideurs ». C’est sur ce dossier précis que le régime devrait plancher s’il désire placer la prolongation du mandat sous le signe de la réconciliation et des réformes. Cela nécessite, entre autres, un effort particulier de sa part : l’adoption d’une nouvelle loi électorale qui ait pour but non pas de se livrer à des règlements de comptes politiques, mais de permettre plutôt une juste et équitable représentation des composantes communautaires dont est constitué le tissu social libanais. L’enjeu sur ce plan n’est pas politicien mais national. Car comme le souligne explicitement le préambule de la Constitution, la sauvegarde de la formule de coexistence doit prévaloir sur toute autre considération, quelle qu’elle soit. À moins que la violation de la Loi fondamentale ne soit devenue l’un des fondements des pratiques du pouvoir de l’après-Taëf... Michel TOUMA
«Nous sommes au seuil d’une nouvelle étape dont le leitmotiv sera de tourner la page du passé et de regarder vers l’avenir. Nous devons œuvrer pour la réconciliation et déployer des efforts pour rapprocher le citoyen de l’État. » Au lendemain du très controversé vote du Parlement visant à amender l’article 49 de la Constitution, le président Émile Lahoud a tenu à...