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Actualités - OPINION

Les motivations syriennes restent une énigme pour beaucoup

L’effet d’étonnement, sinon de surprise, n’est toujours pas dissipé. Pour quelle raison les Syriens se sont-ils accrochés à la prorogation, alors que, de toute évidence, le prix en serait élevé, localement et internationalement ? Même parmi leurs proches alliés libanais, on se dit perplexe. En relevant qu’il aurait été tellement plus simple de choisir un nouveau président de la République. Qui serait forcément persona grata à Damas. Et dont la désignation n’aurait pas entraîné de crise aiguë. Certains croient savoir que la décision syrienne aurait été prise il y a plus de deux mois. À les en croire, le président Bachar el-Assad aurait alors confié à quelques politiciens libanais qu’il fallait garder le régime Lahoud à cause de la gravité de la situation régionale. Ajoutant qu’avec le président Lahoud à la tête de l’État libanais, il se sentait plus tranquille. Plus tard, selon les mêmes sources, le président Assad a voulu, à travers ses concertations, savoir jusqu’où iraient les réactions en cas de reconduction. Or, soutiennent ces sources, il y a eu en quelque sorte erreur d’aiguillage à ce niveau. Car la plupart des réponses étaient que les réactions ne seraient pas excessives, ni localement ni internationalement. Personne n’avait prévu ou annoncé la tempête qui s’est produite. Marquée ici, d’abord, par les déclarations du patriarche Sfeir, le manifeste des évêques maronites, le communiqué de Kornet Chehwane, les positions de Joumblatt, la Rencontre démocratique au siège de l’Ordre de la presse. Le camp adverse a également mobilisé. La majorité de décision est connue, et on sait comment elle se fabrique. Mais, comme souvent, le droit et la raison semblent être du côté de la minorité. En tout cas, les Libanais se retrouvent profondément divisés. C’est là un des effets tangibles de l’option adoptée par les décideurs. Personne ne s’était, non plus, attendu à l’internationalisation d’une question comme l’amendement de l’article 49. Cet élément se rajoute d’ailleurs aux clivages nouveaux séparant les Libanais. La plupart des parties opposées à l’amendement font savoir qu’elles sont en même temps contre l’offensive américaine. Mais si certains contestataires ont viré de bord, c’est surtout à cause des pressions qu’ils ont subies. Pour se justifier, ils trouvent commode d’affirmer qu’ils ne veulent pas, en s’obstinant dans leur opposition, se rendre complices des Américains. Et qu’ils se rendent compte que ce qui importe plus que tout, c’est de préserver l’unité des rangs internes. Pour eux, la bataille livrée en commun avec la Syrie contre les attaques occidentales prend le pas sur le combat pour la démocratie. Les évêques maronites ont tenu à préciser que personne au Liban, eux en premier, ne voue d’hostilité intrinsèque à la Syrie. Ils répètent que l’intérêt commun doit être cultivé. Et que pour ce faire, il doit y avoir des liens fraternels certains. En précisant que ce qui nuit au Liban affecte fatalement la Syrie. Et c’est dans cet esprit qu’ils réclament l’assainissement des rapports bilatéraux. À partir de là, certains estiment possible qu’il y ait, après que les remous de la prorogation se furent apaisés, réunification interne. Dans un cadre de lutte en commun, avec la Syrie, contre les campagnes extérieures. Mais, justement, la question commence à se poser : les Libanais vont-ils s’unir contre la nouvelle résolution de l’Onu, contre la légalité internationale en somme, ou se diviser à son sujet ? Jusqu’où peut aller le danger de la discorde ? Qui s’alimente de faits et d’arguments nouveaux. Ainsi, certains soutiennent que les Syriens, entrés sur décision américaine, doivent sortir maintenant qu’elle se trouve inversée. Ils ajoutent qu’on ne peut s’opposer à la légalité internationale en la considérant comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays. Car cela signifierait que l’on renoncerait à la protection de cette même légalité, et de l’Europe, face aux agressions potentielles d’Israël. Quoi qu’il en soit, pour que le Conseil de sécurité lève la main du dossier libanais, dont il s’est maintenant saisi, la Syrie devra sans doute payer un prix. Où et quand ? N’importe où, sauf au Liban, estiment des observateurs. Qui relèvent que pour le moment, la Syrie attend de voir ce que l’élection US va donner. Si Bush est réélu et que l’offensive semble se rapprocher, la Syrie pourra redéployer ses forces dans la Békaa. En prélude à un retrait total qui interviendrait lorsque le Golan lui serait rendu. Quant au désarmement du Hezbollah et des camps palestiniens, il aurait lieu quand la question des réfugiés aura été réglée et Chebaa restitué au Liban. Enfin, si Kerry devait être élu, il y aurait un répit d’un an ou plus. Le temps qu’il forge sa propre politique à l’égard de la Syrie. Émile KHOURY
L’effet d’étonnement, sinon de surprise, n’est toujours pas dissipé. Pour quelle raison les Syriens se sont-ils accrochés à la prorogation, alors que, de toute évidence, le prix en serait élevé, localement et internationalement ? Même parmi leurs proches alliés libanais, on se dit perplexe. En relevant qu’il aurait été tellement plus simple de choisir un nouveau...