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Les pro-reconduction promettent une centaine de voix favorables à un amendement de la Constitution Berry : J’ai avancé la date de la séance parlementaire pour contrer les pressions internationales

Le président de la Chambre, Nabih Berry, a reconnu hier que c’est en raison de l’opposition internationale au projet d’amendement constitutionnel devant permettre le maintien du président Lahoud à la tête de l’État pour trois années supplémentaires qu’il s’est dépêché de convoquer une réunion parlementaire consacrée à l’examen et au vote de ce texte. Ce qu’il n’a pas dit, en revanche, c’est que dans le même temps, des efforts, très peu orthodoxes, étaient déployés par des forces occultes pour garantir le maximum de voix favorables à un prolongement du mandat présidentiel. Il ne fait pas de doute que le projet de loi sera voté et qu’une centaine de députés diront « oui » à l’amendement de l’article 49 de la Constitution, grâce à la politique du bâton et de la carotte suivie depuis quelques jours auprès d’un certain nombre de députés récalcitrants ou tièdes, après que le spectre d’une minorité de blocage eut été brandi par l’opposition. Si les députés Boutros Harb, Misbah Ahdab et Farès Boueiz ont eu le courage d’annoncer publiquement qu’ils ont reçu des menaces, beaucoup d’autres parlementaires ont préféré taire les pressions qui ont été exercées sur eux. Et dans le hall du Parlement, hier, on baissait les voix pour pouvoir en parler ou pour relever les considérations purement politiciennes qui ont poussé certains parlementaires qui craignent pour leur avenir à accepter le fait accompli, en dépit de leur opposition à toute modification non justifiée de la Constitution. Quoi qu’il en soit, dans les milieux parlementaires favorables à un amendement de la loi fondamentale, on s’attend à ce que le projet de loi contesté recueille entre 98 et 107 voix favorables, en comptant, bien entendu, les voix des membres du bloc Hariri, qui doit tenir vendredi matin une réunion sous la présidence du Premier ministre. Les irréductibles ne feront certainement pas le poids face à la majorité assurée, mais ils ont au moins le mérite d’aller jusqu’au bout de leur bataille contre une décision imposée au pays, qui divise les Libanais, et qui reste surtout injustifiable. Pas de justifications plausibles Aucun des députés favorables à une prorogation du mandat présidentiel n’était en mesure d’expliquer les raisons de la détermination syrienne à maintenir le président Lahoud au pouvoir, et encore moins de définir « les considérations stratégiques » avancées pour justifier une rallonge du mandat présidentiel. Les réponses obtenues s’articulaient autour du style d’action du chef de l’État, et notamment son attachement à la Résistance. « Le président Jacques Chirac souhaite lui-même rester au pouvoir pour un troisième mandat, ce que la Constitution française ne prévoit pas. Et pour ce faire, il a présenté au Conseil constitutionnel un texte de loi proposant un amendement de la loi fondamentale et l’autorisant à briguer un troisième mandat. Où est le mal à ce que le président Lahoud brigue un deuxième mandat ? » s’est interrogé un député chrétien de Baalbeck à qui cette nuance, fondamentale, a cependant échappé : le président français a, lui, songé à prendre l’avis du Conseil constitutionnel. Aux dernières nouvelles, hier, une dizaine de députés pro-reconduction prendront la parole à l’ouverture de la réunion parlementaire pour plaider en faveur du maintien du président Lahoud au pouvoir et pour fustiger les efforts franco-libanais pour soustraire le Liban à l’influence syrienne. Dans les rangs de l’opposition, ce sont Mme Nayla Moawad et MM. Nassib Lahoud, Mikhaël Daher et Boutros Harb, qui ont déjà demandé à s’exprimer. On sait cependant que lors de l’examen d’un projet de loi, tous les députés ont le droit de donner leur point de vue. Les députés Ghattas Khoury et Georges Frem n’assisteront pas à la séance. Les deux sont en voyage. Hier, M. Frem, qui se trouve aux États-Unis, a exprimé son soutien à la présence du général Lahoud à la tête de l’État. Dans un communiqué, le député a rendu un vibrant hommage au président, en relevant qu’il ne pourra pas assister à la réunion de vendredi parce qu’il vient de subir une opération – réussie – à l’hôpital John Hopkins. La séance ne sera pas retransmise par les médias, ce qui est somme toute normal, puisque les parlementaires sont réunis pour légiférer et non pas pour un débat de politique générale ou une séance d’interpellation. M. Berry l’a confirmé au cours de la réunion que le bureau de la Chambre a tenue dans la matinée et au cours de laquelle MM. Nabih Berry, Élie Ferzli, Ayman Schoucair, Abdel Rahman Abdel Rahman, Serge Ter Sarkissian et Antoine Haddad ont examiné la proposition de M. Harb d’autoriser une retransmission en direct de la séance, et une autre, de députés de l’opposition, de transmettre le texte de loi à la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, que préside M. Mikhaël Daher. Ce dernier point a été aussi rejeté et M. Berry a donné l’explication suivante : « Il y a déjà eu un précédent. Lorsqu’un projet d’amendement constitutionnel avait été présenté à la Chambre pour ramener à 18 ans la majorité électorale, le texte n’avait pas été soumis à la commission », a-t-il fait valoir, indiquant que M. Daher était un des plus farouches opposants à cette procédure et qu’il avait, à l’époque, argué de l’importance du texte pour que la présidence ne le transmette pas aux commissions. Au terme de la réunion, le chef du Parlement a expliqué aux députés qu’il a reçus, comme chaque mercredi en son bureau, que c’est à cause de l’opposition internationale au projet d’amendement de l’article 49 qu’il s’est dépêché de convoquer une réunion parlementaire consacrée à l’examen et au vote de ce texte. M. Berry a aussi fait état à ses visiteurs, en évoquant des rapports qu’il a reçus, d’« énormes pressions exercées par les États-Unis sur le Conseil de sécurité », afin qu’il vote le projet de résolution antisyrienne. « Si ce texte est voté, ce sera le premier précédent de l’histoire en rapport avec la violation de la souveraineté d’un État membre de l’Onu, au nom de la légalité internationale », a-t-il dit. Tilda ABOU RIZK

Le président de la Chambre, Nabih Berry, a reconnu hier que c’est en raison de l’opposition internationale au projet d’amendement constitutionnel devant permettre le maintien du président Lahoud à la tête de l’État pour trois années supplémentaires qu’il s’est dépêché de convoquer une réunion parlementaire consacrée à l’examen et au vote de ce texte. Ce...