SMS - Élie Karamé aux jeunes : Conservez à tout prix votre idéalisme

Cette rubrique vise à donner la parole à une personnalité active sur les plans politique, social, culturel, économique ou sportif. Cette personnalité adressera spontanément un message court – une sorte de SMS – aux jeunes. Cette semaine, nous offrons cette tribune à Élie Karamé, médecin, chef de l’opposition kataëb, ancien chef du parti kataëb et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane. « Ce qui caractérise la jeunesse, c’est son idéalisme. Il faut le conserver à tout prix ; il s’estompe en général et malheureusement avec l’âge et les aléas de la vie. Mais restent jeunes, malgré leur âge, ceux qui conservent cet idéalisme. C’est lui qui fait bouger les montagnes et l’histoire ! Nous en avons grandement besoin. Et surtout gare à l’indifférence vis-à-vis de n’importe quel problème, qu’il soit d’ordre humain, social ou national. L’indifférence conduit à la désillusion, au cynisme et aux petits calculs. Elle tue l’âme, et rien ne survit sans âme, en particulier les patries, mais aussi les institutions ou les partis. C’est ce que certains essayent, depuis plusieurs années, de faire perdre au Liban. « Gardez en vous la mémoire du passé. Des milliers de jeunes Libanais, idéalistes engagés de tous bords, sont morts au combat. Je n’en connais personnellement qu’un seul, il valait la peine. Ne croyez pas tout ce qu’on raconte à leur propos. On a souvent essayé de les dénigrer pour donner bonne conscience à ceux qui sont restés indifférents. Ce n’étaient ni des brigands ni des profiteurs. C’étaient des jeunes qui ont cru à une cause, la cause libanaise, qui se sont engagés sans calcul politicien et sont morts pour le Liban. Ils ont sûrement changé le cours des événements et de l’histoire, tel que le prévoyaient les grands manipulateurs. Je salue ici leur mémoire. « Maintenant, c’est vous qui devez être l’âme du pays et son fer de lance, sans calcul politicien, avec votre idéalisme et votre engagement. Éloignez-vous de la politique politicienne, elle a beaucoup contribué à conduire le Liban à l’état désastreux dans lequel il se trouve actuellement. On a l’impression, en politique, qu’il n’y a plus que de petits intérêts et de petites ambitions, qu’il n’y a plus de grand dessein. C’est à vous, les jeunes, de dessiner à nouveau les contours de ce grand dessein qu’est un certain Liban que nous chérissons tous. Le Liban, avec ses spécificités, sa pluralité, qui est la source de sa richesse humaine, morale et nationale. Depuis la fin de la guerre, certains essayent par tous les moyens de dénaturer ce Liban, de lui ôter ce qui le caractérise, de s’attaquer aux libertés et à la liberté qui est sa raison d’être, d’empêcher le rapprochement entre les communautés qui le composent, dès qu’il y a convergence et dénominateur commun. Ils essayent aussi de s’attaquer démographiquement à l’équilibre qui le caractérise, d’essayer d’étouffer l’expression de toute sensibilité politique non conforme aux gouvernants (étrangers) de ce pays, qui est celle d’une composante importante de la population et qui tend à être de plus en plus partagée par d’autres. Ils ont également voulu vicier le comportement politique, introduire la corruption à grande échelle, bloquer le fonctionnement des institutions, utiliser la justice à des fins politiques... En bref, ils ont tenté de saper tous les fondements de l’État de droit. « À chaque fois, vous les jeunes, vous avez fait face, malgré la violence, la répression, les arrestations, les menaces... Je salue votre courage et la détermination de plusieurs d’entre vous d’affronter cet état de fait. Surtout ne désespérez pas : vous ne trouverez nulle part ailleurs une patrie comme celle-là. Grâce à vous, le Liban ne mourra jamais. Il restera le flambeau de la liberté en Orient. »