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VIENT DE PARAÎTRE - «Mansour Labaky, la paix par le pardon», d’Évelyne Massoud Une vie remplie à ras bord (photo)

Il y a, dans la vie de tout homme, des coïncidences troublantes. Pour certains, les coïncidences sont mystérieuses et les mènent vers des passes obscures, des lieux envoûtés, des contes dont on ne sait s’ils sont de fées. Pour d’autres, ces coïncidences sont lumineuses. Le père Mansour Labaky (64 ans) est de ceux-là. Sa vie semble une suite ininterrompue de rendez-vous, dramatiques, douloureux ou heureux, avec la providence. L’épisode le plus marquant de cette vie remplie à ras bord, le père Labaky l’a vécu à Damour, le 20 janvier 1976, deux jours après la chute de la Quarantaine, un camp de réfugiés palestiniens à l’entrée nord de Beyrouth. Ils furent cinq cents à trouver refuge à l’intérieur de l’église Saint-Élie, dans l’idée qu’ils pouvaient mourir d’une heure à l’autre, sous les bombardements des forces palestiniennes ou massacrés à l’arme blanche. «Nous avons su comment vivre en chrétiens, sachons comment mourir de même», exhorte le père Labaky (nommé cinq ans plus tôt curé de Damour), durant ces heures dramatiques. «S’il nous veut au Ciel, il nous donnera la force de mourir et pardonner, comme saint Étienne», ponctue le prêtre, qui a la confiance de tous, avant de conduire ses paroissiens dans un suprême Notre Père. Quelques angoissants moments plus tard, des coups violents et rapides sont frappés à la porte. Est-ce l’attaque finale des combattants palestiniens? La panique s’empare des fidèles. Le prêtre joue son va-tout. Il décide d’ouvrir la porte et de se proposer en otage. S’il est tué, peut-être sa mort assouvira-t-elle la folie meurtrière des hordes sauvages qui encerclent l’église. Sous le regard épouvanté des fidèles, il ouvre la porte. Ce sont deux habitants du village qui leur proposent de couvrir leur fuite. Après leur départ, l’église sera dynamitée. Cet épisode est le plus fort de l’ouvrage qu’Évelyne Massoud, journaliste à La Revue du Liban, ancienne secrétaire de la Jeunesse étudiante chrétienne, consacre à «l’itinéraire» du père Labaky. Son titre, La paix par le pardon, donne son sens à l’ouvrage, qui n’est pas une biographie à proprement dit. De sa jeunesse insouciante à Baabdate à sa situation présente de président de la Ligue sacerdotale, en passant par le Foyer de Douvres-la-Délivrande, près de Caen (France), qui accueillera, sur une dizaine d’années, quelque 200 enfants venus du Liban, et le mouvement «La Tedhal» (Ne crains pas), Évelyne Massoud retrace dans les détails l’itinéraire du père Labaky. Cet itinéraire passe notamment par la belle histoire de sa mère, engrangeant, sacrifice après sacrifice, mois après mois, des grains de blé qui servirent à la première hostie consacrée de son fils. «Ta vie sera marquée par la jalousie et la calomnie», l’avertira-t-elle avant sa mort.. De fait, la vie de ce prêtre écrivain, poète, musicien, conférencier, bâtisseur et éducateur est un peu trop médiatisée aux yeux de certains. Il faut dire que le monde du mécénat est un monde de riches, de princesses et de célébrités qui peut facilement prêter le flanc à la critique et susciter des jalousies. L’ouvrage est préfacé par Jean Lacouture. Dans un avant-propos, le père Labaky affirme «qu’il est inutile de chercher un autre but dans la vie que celui de tapisser d’espérance les chemins qui mènent le monde à Dieu». Des chemins qui ne sont pas faits que de roses. Fady NOUN (*) Mansour Labaky, la paix par le pardon, d’Évelyne Massoud, préface de Jean Lacouture. Éditions du Jubilé, «Le sarment».
Il y a, dans la vie de tout homme, des coïncidences troublantes. Pour certains, les coïncidences sont mystérieuses et les mènent vers des passes obscures, des lieux envoûtés, des contes dont on ne sait s’ils sont de fées.
Pour d’autres, ces coïncidences sont lumineuses. Le père Mansour Labaky (64 ans) est de ceux-là. Sa vie semble une suite ininterrompue de rendez-vous,...