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Actualités - CHRONOLOGIE

Développement - Un rapport du Pnud et du ministère des Affaires sociales sur la situation socio-économique La santé publique va mal et l’éducation est en régression (photo)

Plus de 50 % des Libanais ne bénéficient pas d’une couverture médicale et aucune vision d’ensemble de la politique de santé n’est mise en place au Liban, indique un rapport conjoint du ministère des Affaires sociales et du Pnud, réalisé en collaboration avec le centre norvégien des études pratiques Fafo. Rendu public hier, le document – de plus de 300 pages – dispense des chiffres (datant de 1996 à 2002) et des analyses sur la situation économique et sociale... et comme d’habitude il présente des recommandations qui devraient un jour être prises en considération par les décideurs politiques. Publié sous le titre « La situation socio-économique au Liban: réalités et perspectives », le rapport présenté à la presse par Yves de San, représentant permanent du Pnud au Liban, et le ministre des Affaires sociales, Assad Diab, traite, outre de la santé, de l’éducation, de l’emploi, de l’habitat, de l’économie des ménages et de la protection sociale. Dans le domaine de la santé, le rapport relève que « le coût élevé des soins médicaux est sans commune mesure avec le niveau de vie ». Ainsi une simple consultation médicale varie de 30 à 60 dollars alors que le salaire minimum mensuel est bloqué à 200 dollars depuis des années. En outre, « l’absence d’une politique globale de développement social ainsi que le manque de statistiques fiables empêchent le développement d’un système de protection sociale efficace », relève le texte. Quant au niveau de l’éducation, il est en régression, alors que dans les années qui ont précédé l’éclatement de la guerre, il était considéré comme satisfaisant et « un des moyens les plus abordables de progression sociale », indique le rapport. Concernant le marché de l’emploi, l’étude souligne que la population active virtuelle est en progression, la tranche d’âge située entre 15 et 64 ans étant passée de 64 % de la population en 1997 à 76 % en 2001. « Cela constitue un précieux réservoir de main-d’œuvre, mais ces aspects positifs sont affectés par l’augmentation du chômage », ajoute le rapport qui ne précise pas cependant le taux de chômage. Le lancement du document a eu lieu à l’hôtel Marriott en présence de plusieurs personnalités, notamment des députés, des diplomates, des experts économiques et des délégués d’associations civiles. Prenant la parole, le ministre Diab a relevé que « la publication du rapport entre dans le cadre d’une stratégie mise en place par le ministère visant à la réduction de la pauvreté ». Il a assuré que « les recommandations émises par le document seront adoptées progressivement ». Le ministre des Affaires sociales a aussi salué l’adoption par le Conseil des ministres du projet de loi sur l’assurance vieillesse, soulignant que les personnes du troisième âge constituent l’une des tranches les plus fragiles économiquement. Quant au représentant permanent du Pnud, il a souligné l’importance des données chiffrées pour parvenir à adopter une véritable stratégie de développement. Se penchant sur le rapport, il a indiqué qu’il « constituera une référence pour les chercheurs et les académiciens, et contribuera au développement des politiques sociales au Liban ». La directrice générale du ministère des Affaires sociales, qui est également la coordinatrice nationale du projet du développement des capacités pour lutter contre la pauvreté, Neemat Kanaan, a présenté le rapport, soulignant que c’est l’un des premiers documents nationaux qui expose des analyses et des données globales traitant les divers thèmes du développement. « Le document propose des idées nouvelles et originales visant à améliorer la performance des politiques de lutte contre la pauvreté », a-t-elle dit. Elle a aussi relevé que le rapport comble une importante lacune dans les données chiffrées en attendant la publication de l’enquête nationale sur les conditions de vie des ménages, un projet conjoint de la Direction générale des statistiques, le Pnud, le ministère des Affaires sociales et la Banque mondiale. Changer la qualité de l’enseignement C’était ensuite le directeur du projet de développement des capacités pour lutter contre la pauvreté au sein du ministère des Affaires sociales, Adib Nehmé, qui a pris la parole pour présenter le rapport qui comprend huit chapitres traitant notamment de l’habitat, de l’emploi et du chômage, de l’économie des ménages, de l’éducation, de la santé ainsi que de la protection sociale. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Nehmé a souligné l’importance « de l’aspect global du document qui traite tout autant des divers secteurs sociaux que des politiques économiques ». Il a relevé que « toutes les données chiffrées, qui datent de 1996 à 2002, ont été utilisées dans des analyses qui montrent les lacunes dans certaines politiques et les changements qui devraient être effectués pour un meilleur rendement ». Dans ce cadre, M. Nehmé a donné l’exemple de l’éducation. « Au Liban, un budget important de l’État est consacré à l’éducation. Pour ce même budget, des améliorations peuvent être effectuées, notamment dans le cadre de la qualité de l’enseignement. » « De plus, 20 % des revenus des ménages sont consacrés à l’éducation, à la santé et aux transports. Si on améliore la qualité de l’enseignement public, les dépenses des ménages qui optent pour une école privée pour la scolarisation de leurs enfants diminueront car ils se tourneront vers le secteur public », a-t-il dit. L’expert a donné un autre exemple relatif à la santé. « Au Liban, beaucoup d’argent est dépensé dans ce secteur. Pourtant, ses dépenses sont effectuées dans le cadre de l’hospitalisation. On peut, pour un moindre coût, promouvoir la prévention et épargner à la plupart des ménages les frais de l’hospitalisation », a-t-il dit. Le document appelle donc à un changement dans les politiques adoptées, une coordination entre les divers ministères et secteurs de l’économie, et une amélioration de la qualité des services. C’est une autre échelle des priorités qui devrait être adoptée. M. Nehmé relève également que les disparités entre les régions demeurent. Ainsi Beyrouth et le Mont-Liban sont les zones les plus privilégiées. Certaines régions du Liban-Nord et du Liban-Sud, le Hermel et le Akkar restent des oubliées du développement. « Une nuance pourtant est à relever au Liban-Sud », note l’expert, expliquant que « la zone anciennement occupée a profité avec le retrait israélien de plusieurs projets de développement et de divers dons. Mais ceci ne comble pas les lacunes dues à la disparition de l’économie de guerre, par exemple les salaires qui étaient versés à la population par la Finul, dont le nombre a été réduit de plus de la moitié à l’issue du départ des soldats de l’État hébreu ». Pat. K.
Plus de 50 % des Libanais ne bénéficient pas d’une couverture médicale et aucune vision d’ensemble de la politique de santé n’est mise en place au Liban, indique un rapport conjoint du ministère des Affaires sociales et du Pnud, réalisé en collaboration avec le centre norvégien des études pratiques Fafo. Rendu public hier, le document – de plus de 300 pages –...