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Actualités - CHRONOLOGIE

Mai électoral : un test de présence pour les forces politiques Les décideurs se déclarent neutres, mais conseillent le consensus

Les règles du jeu se cristallisent. Le mai électoral est considéré par toutes les forces politiques du pays sous l’angle d’un nécessaire acte de présence. De défense des positions acquises, ou de quête pour de nouveaux avantages. Non pas partout, bien évidemment. Mais dans les zones sensibles, parfois emblématiques, où le facteur politique domine. Comme le Mont-Liban, cœur battant du pays. Seule région qui n’est pas totalement sous contrôle du pouvoir. Le vrai, ou son miroir à multiples facettes. C’est d’ailleurs, on le sait, par le Mont-Liban que débute, dans cinq jours, le cycle dominical du mai électoral. On s’y apprête donc à y proclamer les listes. Et certaines parties se lancent dans une course fiévreuse à la constitution de listes revêtant un caractère essentiellement local. Sans être tout à fait dépolitisées, dans la mesure où tout le monde sait que les municipales restent un important jalon vers les législatives. Certaines formations et plusieurs pôles choisissent à cette occasion de faire pratiquement cavalier seul. C’est-à-dire de ne s’allier qu’à des individualités indépendantes, sinon apolitiques. Pour tester leur popularité, compter leurs voix, en vue d’aborder les législatives en base d’un capital déterminé. Tactique qui traduit certes une certaine confiance en soi. Mais qui n’est pas vraiment coûteuse ou risquée. Dans ce sens qu’un échec ou un demi-succès pourra être facilement occulté, ou minimisé, lors des tractations ultérieures pour les législatives. Qui prennent, bien sûr, en compte des éléments plus généraux, plus étendus. Il n’y a donc, dans le coup de dés de ces stratèges, qu’un éventuel manque à gagner, plutôt qu’une perte sèche. D’autant que dans certains cas, l’approche se trouve justifiée au nom des grands principes. Ainsi, à Beyrouth, les Forces libanaises se démarquent, sans peur et sans reproche, de la nébuleuse haririenne. Dont on cherche toujours à faire une liste de consensus, malgré les réticences ou les répugnances du milliardaire à l’encontre de certaines parties, ou de certains partis. Pour ce qui est des FL, il faut dire que, cette fois, elles ont opté pour une ligne générale de rejet des attelages. C’est-à-dire qu’elles évitent de se lier avec d’autres groupes, comme les aounistes l’ont fait avec le Bloc national. Les FL font savoir, dans cet esprit d’autonomie de mouvement, qu’elles n’ont mené nulle part de pourparlers secrets pour faire arriver leurs candidats. Elles se réclament d’une parfaite transparence. En précisant qu’elles n’entendent pas composer avec des tendances dont elles contestent la ligne politique ou les prestations. Plus exactement, il s’agirait de parties qui ne manifestent pas assez d’élan par rapport à l’une des revendications majeures des FL, la libération de Geagea. Détails Cela étant, les FL, qui gardent une assise populaire certaine dans des régions déterminées, y sont encore courtisées. Notamment dans des patelins du littoral. Où leur position peut faire pencher la balance. Des politiciens s’obstinent donc à relancer les cadres de la formation théoriquement dissoute. Tout en faisant savoir qu’ils ne comptent pas pour autant militer en faveur de la libération de Geagea. Ce qui, en principe, doit ruiner toutes leurs chances d’obtenir le soutien FL qu’ils réclament. D’autant que certains de leurs rivaux n’hésitent pas à soutenir que leur rêve serait de voir le docteur sortir enfin de sa prison de Yarzé. Plus globalement, le slogan de l’entente a le vent en poupe, à Beyrouth comme dans nombre de zones du Mont-Liban. Cela pour deux raisons concomitantes. D’abord l’opposition n’a pas réussi, et elle l’avoue volontiers, à faire des municipales un grand bras de fer avec le pouvoir. Ensuite parce que les décideurs, qui se déclarent totalement neutres, n’en insistent pas moins pour que des listes d’unanimité, de consensus, soient formées partout où cela n’est pas techniquement impossible. Or, ces vœux, assez étrangement, trouvent de profonds échos, même dans les rangs de l’opposition traditionnelle de l’Est ? Pourquoi ? Parce qu’au sein de cette constellation, des voix s’élèvent pour soutenir que sans Damas, la normalisation, à commencer par les rapports bilatéraux libano-syriens, n’est évidemment pas possible. Et que, par voie de conséquence, il ne peut y avoir de dialogue national, d’entente et de réconciliation générale sans le concours des tuteurs. Bien entendu, le chant des sirènes syriennes est largement répercuté par les tenants du pouvoir, toutes tendances confondues. On a pu ainsi entendre, lors du dernier Conseil des ministres, les présidents lancer un même appel à la concorde électorale ainsi qu’à l’esprit civique. Retour à Damas. Retour de Damas, des professionnels répètent que les Syriens ne veulent pas s’impliquer dans les municipales et refusent de se laisser piéger dans ce domaine. Ils recommandent toutefois fortement les arrangements à l’amiable, au nom de la stabilité comme de la cimentation des rangs internes. Ce qui leur permet, en passant du général au particulier, de souligner qu’à Beyrouth il faut prendre soin de préserver les équilibres et la coexistence. En insinuant au passage qu’ils voient d’un mauvais œil toute tentative d’hégémonie individuelle sur l’hôtel de ville. Ce coup de semonce à peine voilé permet aux contempteurs de Hariri d’affirmer qu’il n’aura pas cette fois la partie aussi belle que pour l’édition précédente de 1998. Et encore moins de mainmise, de rafle de la mise, que lors des législatives de l’an 2000. Philippe ABI-AKL
Les règles du jeu se cristallisent. Le mai électoral est considéré par toutes les forces politiques du pays sous l’angle d’un nécessaire acte de présence. De défense des positions acquises, ou de quête pour de nouveaux avantages. Non pas partout, bien évidemment. Mais dans les zones sensibles, parfois emblématiques, où le facteur politique domine. Comme le Mont-Liban,...