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Actualités - ANALYSE

ANALYSE - Pour Salah Honein, l’ensemble des parties locales devrait proposer un nom sur lequel elles se seraient déjà entendues Prendre l’initiative pour réellement libaniser l’élection présidentielle

L’interview désormais fameuse accordée il y a quelques semaines par le président syrien à un journal koweïtien avait suscité une kyrielle de réactions spontanées, de prises de position plus ou moins réfléchies, tant dans les salons que dans les coulisses du pouvoir. Parce que les politiques libanais n’ont pas attendu longtemps pour passer du off au on, s’exprimer haut et fort, parfois même se lâcher et gigoter comme ils l’avaient rarement fait. À ce niveau-là (l’exception qui confirme la règle), les yeux et les oreilles des Libanais en ont, depuis, pour leur argent. Qu’est-ce qu’a bien pu dire Bachar el-Assad ? Quel oracle, quel mot d’ordre a-t-il bien pu délivrer ? Quels sous-entendus a-t-il insinués ? Rien de tout cela, à proprement parler. Le maître de la Syrie avait tout simplement fait comprendre que c’était aux Libanais de choisir leur président. Qu’il serait bon de libaniser – sans toutefois évoquer l’ampleur de cette mutation – l’échéance automnale, et ce quel que soit le cas de figure que Damas privilégiera au début du sprint final, élection constitutionnelle ou reconduction/renouvellement. Réaction immédiate : un tsunami dans un verre d’eau, et des effets positifs, la logorrhée des hommes politiques ayant heureusement et salutairement brisé le tabou, l’omerta. Jamais personne au Liban n’aurait pu espérer le dixième de cela (éventualité tangible ou opium pour le peuple) de la part du prédécesseur et père de l’actuel locataire du palais des Mouhajerine. Ainsi, une très grande majorité des forces et autres pôles politiques ne s’est pas privée de souligner son refus de principe de tout amendement constitutionnel à des fins personnelles. Ou de demander au principal intéressé, le chef de l’État, de se prononcer sur ses intentions et de dévoiler, le cas échéant, son programme – à l’instar de Walid Joumblatt. Tous ou presque, sauf les haririens, qui continuent d’estimer que le débat sur la présidentielle est encore « bien prématuré ». Il n’empêche : le problème reste entier. Personne n’a clairement et précisément évoqué la nécessaire et incontournable libanisation de l’échéance de novembre. Ni les moyens pour y parvenir. Et cette élection ne pourra se libaniser que si les Libanais eux-mêmes cherchent à la faire leur. C’est l’axiome de base d’un opposant pur, Salah Honein, député du bloc Joumblatt et membre de Kornet Chehwane. Interrogé par L’Orient-Le Jour, il insiste sur le fait qu’il n’y a qu’une seule façon de « briser l’étau syrien, transformer la désignation en élection, affirmer la volonté libanaise et mettre un terme à l’attentisme ». Cela s’appelle prendre l’initiative. L’initiative, pour le député de Baabda, serait ainsi la suivante : que l’ensemble des parties se mettent d’accord, fût-ce sur un modéré, qui n’effaroucherait pas Damas et qui ne pourrait aucunement être accusé de suivisme. « Que ces parties fassent campagne auprès de l’opinion publique, et proposent ce nom qui résumera au plus près les dénominateurs communs des profils et autres critères souhaités ou exigés par chaque pôle politique. S’il aura un rival face à lui, il y aura bataille électorale, et si le consensus se fait, c’est tant mieux », dit Salah Honein. Qui tient à rappeler, tout membre convaincu de KC qu’il est, qu’il préfère largement qu’une intiative libanaise commune se fasse en faveur d’un modéré, d’un homme qui soit à mi-chemin entre les opposants à la tutelle syrienne et les syrianophiles, plutôt qu’elle ne se fasse pas du tout. Parce que, répète-t-il, « c’est le seul moyen de mettre un terme à la tutelle syrienne et de libaniser, ainsi, l’échéance, sachant que l’on peut très bien, à défaut d’une personne, nous imposer la reconduction d’une situation ». Et quel serait ce candidat qui pourrait satisfaire à la fois les piliers du landernau politique local (dont les avis divergent souvent à 180°) et les impératifs – les vicissitudes, diraient certains – de la realpolitik ? « Michel Eddé ou Robert Ghanem, dit Salah Honein, entre autres. » Ziyad MAKHOUL
L’interview désormais fameuse accordée il y a quelques semaines par le président syrien à un journal koweïtien avait suscité une kyrielle de réactions spontanées, de prises de position plus ou moins réfléchies, tant dans les salons que dans les coulisses du pouvoir. Parce que les politiques libanais n’ont pas attendu longtemps pour passer du off au on, s’exprimer haut...