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Actualités - OPINION

Inquiétudes sur le maintien du système de parachutage Des montages antidémocratiques, sous de fallacieux prétextes d’entente

Chaque jour, des aberrations. Qui confirment la justesse de cette remarque de Hoss : « Le Liban est un pays où il y a beaucoup de liberté et peu de démocratie. » Ainsi, sous prétexte de ménager l’entente, le consensus et la coexistence, on procède à de savants montages de listes pour les municipales. Ces manœuvres ont pour véritable objectif, que personne n’ira avouer, d’éviter de « briser les os », comme on dit en dialectal libanais, d’un quelconque politicien. Au bout du compte, les édiles se trouveront, comme naguère nombre de députés, désignés plutôt qu’élus. Nommés, comme les parlementaires, sur la vilaine base du copartage (du gâteau). Sans que l’opinion ait son mot à dire. Le même Hoss, se payant d’ironie, lance ce commentaire acerbe, au sujet du protocole conclu entre Hariri et le club des six partis : « C’est une éclatante victoire pour la démocratie. Beyrouth exprime ainsi sa vraie volonté. Par un marché entre un roi et des émirs. » Les électeurs ont si peu de choix, ajoute-t-il, qu’ils vont sans doute ne pas se donner la peine d’aller aux urnes. De son côté, un dignitaire religieux craint que « cette soudaine inspiration, qui tombe d’en haut en dernière minute pour former les listes aux municipales, ne récidive aux législatives, l’an prochain. Et, auparavant, à la présidentielle. La belle démocratie que voilà, quant tout est parachuté en emballage préfabriqué. Quel rôle gardent les Libanais, où est leur libre volonté dans le choix de leurs présidents, de leurs ministres, de leurs députés et de leurs édiles ? » Cette personnalité précise que, dans ces conditions, il est vain de donner un avis quelconque sur les présidentiables, du moment qu’ils sont jugés à l’aune d’autrui. En d’autres termes, seuls ceux d’entre eux qui sont appréciés des décideurs étrangers ont leurs chances. Et il est inutile que les Libanais évoquent les qualités, ou les défauts, des uns et des autres. Puisqu’en définitive, ce n’est pas l’intérêt du pays qui est pris en considération. De plus, observe cette source, le panel proposé offre quantité de gens ordinaires, qui ne sont manifestement pas à la hauteur. Alors, même si les Libanais étaient autorisés à choisir, ils ne pourraient pas prendre le meilleur, mais le moins mauvais. Dans le même esprit, le patriarche Sfeir refuse d’entrer dans le jeu des noms. Il attend, en réalité, de voir comment les choses vont se décanter. Pour examiner, éventuellement, la dernière liste des candidats plausibles. S’il en est de bons, Bkerké pourrait donner un avis. Mais s’il devait s’agir d’opter pour un pis-aller, le patriarcat préférerait, sans doute, ne pas se prononcer. Pour laisser toute la charge à ceux qui seraient responsables de cet état de fait. Quant à la reconduction, la position de Bkerké obéit à une constante qui s’applique à tous les présidents, passés, présent et futurs : il faut respecter la Constitution. Ce principe ne s’alourdit d’aucune considération personnelle ou ponctuelle. Il ne faut donc pas que chacun interprète à sa guise les propos du patriarche. Soit pour y voir un appui à la reconduction, soit pour y trouver une condamnation du régime actuel. Le prélat ne souhaite pas plonger dans des controverses embrouillées menant à des brouilles avec telle ou telle partie. Ses proches précisent qu’il tient à garder les meilleures relations possibles avec le président Lahoud, jusqu’au dernier jour de son mandat. Il refuse que quiconque tente d’empoisonner cette relation, conçue dans l’intérêt bien compris du pays, même s’il existe des divergences notoires. Revenant sur le fond du problème, le dignitaire religieux cité précédemment souligne une évidence : jusqu’à présent, c’est la Syrie qui choisit le président de la République libanaise. C’est elle qui règle la composition des gouvernements. C’est elle qui arbitre les conflits entre les dirigeants, au titre de la stabilité. C’est elle également qui contribue à la formation des listes pour les municipales, au nom de l’entente. C’est elle, enfin, qui a fait, comme on dit, les législatives de l’an 2000. Si cet état de choses devait se perpétuer, cela signifierait que les Libanais, qui vivent sous la tutelle syrienne, n’ont toujours pas atteint l’âge de la maturité. De la majorité légale. Et légitime. Émile KHOURY
Chaque jour, des aberrations. Qui confirment la justesse de cette remarque de Hoss : « Le Liban est un pays où il y a beaucoup de liberté et peu de démocratie. » Ainsi, sous prétexte de ménager l’entente, le consensus et la coexistence, on procède à de savants montages de listes pour les municipales. Ces manœuvres ont pour véritable objectif, que personne n’ira avouer,...