PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE - Des pertes de 22 millions de dollars en 2003 Un rapport classe le Liban en 19e position mondiale pour le piratage

Avec un taux de copie illégale des logiciels de 74 %, le Liban se classe en 19e position mondiale et en 3e position au Moyen-Orient, en 2003, en matière de piratage, selon un rapport de la Business Software Alliance, basée aux États-Unis, cité par le Saradar Weekly Monitor. La BSA est un groupe industriel qui rassemble les leaders mondiaux en matière de production de logiciels. En 2002, le Liban était classé respectivement 12e mondial et 2e dans la région, avec un même taux de piratage des logiciels. Ce marché parallèle a entraîné des pertes de 22 millions de dollars en 2003 pour les détenteurs des droits de propriété intellectuelle liés à ces logiciels, estime le rapport. Ce niveau de pertes classe le Liban au 8e rang dans le monde arabe et au 10e rang dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). L’enquête couvre les applications logicielles, les systèmes d’exploitation, les logiciels orientés consommateurs et les logiciels en version localisée. Les pertes enregistrées au Liban représentent 4,2 % du total des pertes déplorées par l’industrie des logiciels dans le monde arabe et 0,08 % des pertes mondiales, selon Saradar Research. Bien que faibles en valeur absolue, ces pertes sont significatives à l’échelle du Liban où le taux de piratage est bien supérieur à la moyenne régionale qui se situe à 56 % et représente plus du double de la moyenne mondiale qui est de 36 %. La BSA mène une campagne antipiratage au Liban depuis l’adoption de la loi sur la propriété intellectuelle en 1999 pour que celle-ci soit effectivement appliquée. BSA a averti Beyrouth que si les autorités continuaient de donner l’impression de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir lutter contre le piratage, les conséquences économiques pourraient être négatives pour le pays. C’est justement pour changer cette perception que les autorités libanaises ont décidé de renforcer les raids dans les échoppes où sont vendus les logiciels piratés, mais aussi les CD de musique et les DVD. Le respect des droits de la propriété intellectuelle est l’une des principales requêtes adressées au Liban dans le cadre des négociations en vue de son accession à l’Organisation mondiale du commerce. À l’occasion du troisième cycle de négociations qui a eu lieu la semaine dernière à Genève, le ministre de l’Économie et du Commerce, Marwan Hamadé, a assuré l’ensemble des États membres que les autorités libanaises redoublaient d’efforts en la matière. Les contrôleurs libanais sont trop peu nombreux, et la plupart d’entre eux ne sont pas formés à l’informatique, souligne toutefois la BSA, qui y voit un obstacle majeur à l’efficacité de la lutte contre le piratage. Les diplômes de droit délivrés par les universités libanaises comportent rarement des formations en matière de propriété intellectuelle, ajoute la BSA. Selon le rapport, ce sont les Émirats arabes unis qui réalisent la meilleure performance parmi les pays du Moyen-Orient et d’Afrique en matière de piratage, avec un taux de 34 %, inférieur à la moyenne mondiale. Les Émirats sont parmi les 15 meilleurs scores du monde. En revanche, trois pays arabes sont parmi les trois plus mauvais scores : l’Algérie (84 %), la Tunisie (82 %) et le Liban. La performance des Émirats s’explique par le fait qu’une politique résolue de lutte contre le piratage a été adoptée dans les années 1990, explique BSA. Les pertes cumulées dans le monde arabe dues au piratage totalisent 520 millions de dollars, soit 1,8 % des pertes mondiales qui sont estimées à 28,8 milliards de dollars. Selon BSA, le record mondial de piratage se trouve en Chine, qui affiche un taux de 92 %, tandis que les États-Unis enregistrent la meilleure performance, avec un taux de 22 %. La bataille que mènent les pays occidentaux, Washington en tête, pour faire respecter les droits de propriété intellectuelle s’annonce longue et difficile: un pays sur trois affiche un taux de piratage supérieur à 70 %, et plus de la moitié des pays recensés par le rapport ont un taux supérieur à 60 %. S. R.