La demande mondiale de pétrole va bondir cette année de plus de 3 %, et cette hausse ne devrait que légèrement ralentir l’an prochain malgré le niveau très élevé des cours du brut, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La demande mondiale de pétrole devrait progresser cette année de 3,2 %, un niveau qualifié de « stupéfiant » par cette agence chargée de veiller aux intérêts en matière d’énergie des pays développés de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Elle atteindra ainsi 81,4 millions de barils par jour (mbj), selon des chiffres publiés dans le rapport mensuel de l’agence paru hier. Cette forte croissance est due en grande partie au fait que l’activité industrielle a beaucoup augmenté dans des pays où l’utilisation de l’énergie est moins efficace que dans les pays de l’OCDE, souligne le rapport en allusion notamment à la Chine et à l’Inde, dont les taux de croissance s’emballent. Pour l’année prochaine, l’AIE fait appel à une prévision de croissance de l’économie mondiale soutenue de 4 %, bien que quelque peu ralentie par rapport aux 5 % attendus pour cette année. La croissance de la demande de pétrole devrait suivre une même courbe : elle devrait s’établir à 2,2 %, ce qui amènerait la consommation totale de brut à 83,2 mbj. En 2003, alors que le monde se hissait hors de la récession, la croissance de la demande de pétrole avait également atteint 2,2 %, souligne l’AIE. Les pays non OCDE représentent plus des trois quarts de la différence (+1,8 mbj) de consommation entre 2004 et 2005, dont 510 000 bj pour la seule Chine, malgré le ralentissement attendu de sa croissance économique, et 270 000 bj pour d’autres pays asiatiques émergents. Cette accélération de la demande n’est pas freinée par les prix très élevés du brut, relève l’agence : les cours évoluent toujours autour de 40 dollars le baril à New York. La hausse de la demande va se répartir entre les différents pays producteurs de brut : pour ceux de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), elle devrait se traduire par une demande accrue de 200 000 bj, à 27,4 mbj, indique le rapport. En juin 2004, le cartel pompait bien davantage, puisque sa production a atteint son plus haut niveau depuis novembre 2000, à 28,6 mbj, ce qui représente une hausse de 635 000 bj par rapport à mai. La prochaine réunion de l’Opep est prévue le 21 juillet à Vienne, et de récentes déclarations du ministre saoudien du Pétrole, considéré comme le chef de file de l’organisation, suggèrent que le cartel va bel et bien mettre en œuvre sa décision d’augmenter son quota de production de 500 000 bj au 1er août, souligne l’agence, qui milite régulièrement pour que le cartel accroisse sa production et fasse son possible pour ramener les cours à des niveaux plus raisonnables. Le quota passerait ainsi à 26 mbj.